Artistes et réalisateurs marocains se sont réunis dimanche au Caire pour traiter du cinéma national, en marge de la semaine du film marocain. Il y était plus question d'étaler les difficultés que connaît son exportation vers d'autres cieux. Pour commencer, nos cinéastes ont appelé le secteur privé à davantage de complicité pour garantir la présence du film marocain aux quatre coins du monde arabe. Sans quoi, assurer une large distribution de nos productions s'avérerait difficile face aux complications actuelles, notamment en Egypte. Par qui commencer ? Et en matière de distribution, il y a de quoi inquiéter nos artistes. «Avec le volume de films que le pays produit, le marché marocain est incapable de rentabiliser l'œuvre sur le seul territoire national, nous explique le critique Noureddine Kachti, alors que le film US, par exemple, l'est». Ceci suppose une efficacité pointue à l'international, pour qu'on puisse parler de rentabilité du cinéma national. La question est de savoir si le secteur privé est assez consistant, à l'heure actuelle, pour accompagner nos productions outre-frontières, d'une manière régulière et par un financement pérenne. Dans les faits, il n'existerait que de très rares initiatives d'accompagnement enregistrées par un opérateur privé. «La distribution à l'échelle arabe ou mondiale dépend du travail collectif sérieux, un travail de longue haleine, pareil à celui que l'on a fait pour améliorer la production cinématographique», prévient Kachti. Ce problème d'accompagnement serait-il le mal qui freine notre cinéma, la partie cachée de l'iceberg ? En tout cas, l'iceberg en question doit sûrement être énorme. «Je doute beaucoup que des initiatives privées pour l'accompagnement voient le jour, du moins dans un futur proche», ajoute Kachti. Encore heureux qu'on s'en sorte assez bien avec le fonds d'aide cinématographique. Car, dans cet autre registre et pour brosser un tableau clair, «ni le contexte économique ni aucun opérateur économique à l'échelle privée ou institutionnelle ne peut supporter le budget qu'engendre la production cinématographique». C'est pourquoi Kachti recommande de défendre bec et ongles le fonds d'aide au cinéma, puisque c'est grâce à lui que le film marocain existe. Pour le cas spécifique du marché égyptien, l'actrice Sanaa Mouziane quant à elle, a déploré les difficultés de distribution rencontrées, soulevant cette fois l'aspect culturel. Le public égyptien peine en effet à se familiariser avec la darija. L'actrice a donc préconisé une diffusion de nos productions par les chaînes locales, afin de faire connaître la culture et le dialecte marocains au citoyen égyptien. Le réalisateur Chakir Lakhlifi a souligné que le cinéma est un art qui puise sa richesse essentiellement dans l'image, en allusion aux reproches faits aux dialectes en général. Pour surmonter cette question du langage, Lakhlifi appelle à l'organisation de davantage de semaines culturelles et cinématographiques marocaines en Egypte, ainsi qu'au recours au doublage et au sous-titrage.