Mes chères amies, mes chers amis et mes chers les autres, je vous rassure, je ne suis pas tombé sur la tête, et ce titre qui ressemble bizarrement à celui d'une recette, n'est pas une énième tentative de ma part de vous infliger une prise de tête. «Alza la teste» est tout simplement le titre du film qui a remporté le Grand Prix du long-métrage à la 16e édition du merveilleux Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. C'est une œuvre d'Alessandro Angelini, un jeune réalisateur italien débordant de gentillesse -ce que j'ai pu confirmer de visu- et au talent exubérant -et ça, ça m'a a été rapporté par tous mes amis cinéphiles ici présents qui ont vu ce film. Quant à moi, je n'avais pas eu, hélas, la chance de le voir pour des raisons évidentes, ne pouvant pas être à la fois au four et au moulin, et dans le cas d'espèce, à Paris et à Tétouan. Mais dès que j'ai atterri, j'ai pris presque aussitôt la route pour rejoindre cette ville avec laquelle j'ai toujours noué des relations quasi passionnelles, étant convaincu que même si je perds souvent le Nord, c'est bien ici, ou bien dans les alentours, que se trouvent mes racines, et peut-être aussi, l'origine et le secret de mon cinéma et de mes si géniaux calembours. Tétouan, j'y suis venu déjà dans le ventre de ma mère, et dès que j'ai mis la tête dehors, et le temps de me remettre de mes émotions intra-utérines, je me suis retrouvé jouant sur les platebandes de la super Plaza Primo et celles du «Riad Al Ouchak», Le Parc des Amoureux, et un peu plus tard, seul ou galamment accompagné, sur les sièges, beaux et confortables des sublimes salles de Cinéma Avenida, Monumental, ou encore, le Teatro Español. Justement, c'est dans cette salle sublimissime qu'a eu lieu samedi soir la cérémonie de clôture du Festival et la remise du palmarès. Ce fut un moment très convivial et très chaleureux et -c'est ça qui est un peu nouveau- très chic. Mais contrairement au chic bling bling pompeux qu'on peut trouver ailleurs -suivez mon regard- le chic d'ici est plutôt une coquetterie que les amis de ce Festival hors normes et hors frontières offrent par reconnaissance à ses organisateurs. Parlons-en, un peu, de ces organisateurs. Ah, je me souviens bien des premières années du Festival de Tétouan que d'ailleurs on se contentait d'appeler, par pudeur ou par réalisme, «Rencontres cinématographiques». Les «mordus de cinéma», comme les a appelés si bien quelqu'un récemment, arrivaient, malgré des moyens très limités pour ne pas dire inexistants, à mettre en place, et à chaque édition, un programme artistique riche et varié. C'était tellement dur à monter, et les charges tellement dures à surmonter qu'ils ont failli perdre leurs illusions et jeter l'éponge. C'est là, comme au cinéma, que Zorro est arrivé. Qu'il m'excuse cette comparaison si cavalière, d'autant plus qu'il n'est venu ici ni capé ni masqué, mais visible et visionnaire. Et c'est ainsi que le Festival fut ressuscité. De 3 sous -ce qui était plus ou moins le budget des «Rencontres» de l'époque- on est aujourd'hui à 6 millions de dirhams, et bientôt, si j'en crois une récente interview, on passerait à 12 millions. Waw ! Les populistes et autres démagos diront ce qu'ils veulent, mais moi, je préfère qu'on exploite «l'argent du contribuable» à des fins culturelles et artistiques, que culinaires et folkloriques. Je voulais le dire et je l'ai dit. Ah ! J'allais oublier. «Alza la teste» signifie : «Redresse la tête». Quelle belle coïncidence ! Bravo les amis, et merci de nous permettre de garder la tête haute tout en continuant de rêver en faisant notre cinéma.