Inscrit dans une démarche et un impératif de reconnaissance de la «culture» comme catalyseur de la compréhension mutuelle entre les peuples de la région méditerranéenne, le programme Euromed Héritage 4 est destiné notamment à aider les populations à s'approprier leur héritage culturel, national et régional. De plus, il facilite l'accès à l'éducation et à la connaissance du patrimoine culturel. La conférence régionale de Palerme, une rencontre thématique entre différentes ONG, représentants des secteurs publics, organismes opérant dans le secteur du patrimoine, représentants de la société civile, pour ne citer que ceux-là, aura lieu le 24 et 25 février. Motivée notamment pour créer des opportunités de développement via le patrimoine, la conférence se veut «plus qu'un meeting scientifique qui se limiterait à clarifier la notion du patrimoine. Elle sera plutôt une occasion physique où pas moins d'une centaine d'acteurs associés à la société civile veilleront à proposer des opportunités de développement associées à la mise en valeur du patrimoine de la région», explique Chrystelle Lucas, programme manager auprès de la commission européenne chargée de la culture. Les ONG, fer de lance du programme C'est donc la société civile méditerranéenne qui est vaillamment mobilisée pour concrétiser le développement du patrimoine. Ainsi, des projets entrepris sous Euromed Héritage 4 et d'autres réalisés par différentes initiatives régionales, préalablement conçus ou en cours d'exécution, y seront présentés : la réappropriation des abattoirs de Casablanca, les musées comme centres pédagogiques impliquant les jeunes et les groupes locaux en Jordanie et au Liban, le développement des routes touristiques basé sur les nécessités des communautés locales, et enfin, les femmes, comme protagonistes majeures dans le développement d'activités lucratives à travers le patrimoine. Le thème de la conférence de Palerme en Italie est le suivant : «La mobilisation de la société civile en tant que force majeure pour la sauvegarde du patrimoine méditerranéen». De ces aspects concoctés pour la conférence se dégagent différentes lignes directrices : la société civile et sa partie prenante dans le développement et la protection du patrimoine culturel, le secteur touristique, comme étant un des premiers à accompagner sinon à renflouer le patrimoine méditerranéen, et l'esprit d'initiative féminin dans le pourtour méditerranéen comme exemples très notables dans cette prise de conscience collective pour la sauvegarde du patrimoine. La question n'est pas si simple dans une problématique aussi large :comment se servir des outils de la géographie, de l'économie, de l'ethnologie, de l'analyse culturelle et de l'ensemble des disciplines pouvant s'intéresser à cette notion de patrimoine pour que la scène méditerranéenne soit amplement mobilisée ?«Parmi les intervenants de cette conférence thématique, nombreux sont ceux qui proviennent des domaines des sciences humaines», rétorque Chrystelle Lucas. Et d'ajouter : «Leurs présentations, celles des intervenants, si elles intègrent naturellement les composantes théoriques associées, c'est qu'elles sont d'abord des approches et des réponses à la question posée de la mobilisation de la société civile, dans le champ du patrimoine». Le patrimoine en priorité Les douze projets, associés à la délégation de l'Union européenne et au programme Euromed, traitent en effet tous du patrimoine méditerranéen sous toutes ses formes, tangibles comme intangibles. Ils sont pensés sous l'angle d'une meilleure appropriation par les populations. Pour ce qui est des participations par pays, une dizaine de territoires du Sud de la Méditerranée y sont attendus. Deux journées uniquement, mais un programme riche et varié attend les participants. Les interventions des conférenciers et les conclusions des débats seront ensuite publiées sur le site web d'Euromed Heritage, sous différents supports accessibles à tous. Le projet «Montada» Dans le cadre du programme Euromed Héritage 4 de l'Union Européenne, l'Association Sala Almoustaqbal (l'ASM), partenaire marocain du projet Montada a organisé samedi dernier son «1er forum». «Montada a pour but d'aider à la mise en valeur de l'architecture traditionnelle des centres historiques marocains de Salé et de Marrakech, algériens de Dellys et Ghardaïa, et tunisiens de Sousse et de Kairouan», explique Nabil Rahmouni, chef de projet Montada. Le but du projet est «l'appropriation du patrimoine matériel et immatériel de ces villes par les autorités locales et la population, et l'impulsion d'un changement de mentalités, de perception et d'organisation à même de faire de ce patrimoine un moteur de développement durable», poursuit-il. C'est donc une réunion ouverte à laquelle ont pris part la population, des personnes ressources et plusieurs départements administratifs concernés, ainsi que les associations locales. Le secteur privé n'étant pas en reste, était représenté par les artisans et les commerçants de la médina de Salé. La réunion a connu un débat, puis une sélection des thèmes du patrimoine matériel et immatériel, qui seront portés par le projet jusqu'à fin 2011.