Le Maroc a montré une fois de plus sa détermination à aller au plus vite vers une ratification de ce projet de partenariat. En effet, le Conseil de gouvernement présidé par Abbas El Fassi, jeudi dernier, a adopté un projet de loi portant approbation quant au principe de la ratification d'un accord entre l'UE et le royaume, en matière de produits agricoles, de produits agricoles transformés et de produits de la pêche. Même si le staff d'Aziz Akhannouch n'avait encore apporté aucun commentaire à ce propos, jusqu'au moment où nous mettions sous presse, il est tout de même certain que l'adoption de ce projet de loi constitue un signal fort à l'adresse de l'espace européen. Ce projet de loi reconnaît ainsi le principe de l'accord, et devrait peut-être contribuer à en accélérer la mise en œuvre. Une accélération à laquelle Eneko Landaburu, l'ambassadeur de l'UE au Maroc, avait fait allusion dernièrement en annonçant «la probabilité» d'un proche aboutissement des négociations avec le Maroc, que le diplomate avait fixé pour le mois de mai prochain. Mais tout cela reste peu évident. En effet, si du côté du royaume cette volonté est tout affichée, il est encore loin d'être le cas de l'autre côté du détroit de Gibraltar. Incertitudes Les débats piétinent entre eurodéputés et Commission européenne sur la validité ou non de ce projet d'accord de commerce de produits agricoles et de pêche. Le dernier fait en date est tout récent. L'association valencienne des agriculteurs, Ava-Asaja, est montée au créneau pour dénoncer ce qu'elle voit comme une «menace certaine» à la survie des filières agricoles européennes, en l'occurrence espagnoles. L'Espagne, c'est connu, est l'un des premiers détracteurs de cet accord, à côté de la France. Leurs arguments portent sur la «perte de compétitivité pour le marché espagnol», «concurrence déloyale de prix» et «mauvaises conditions phytosanitaires des tomates du royaume». Des arguments qui n'en finissent pas d'être rabâchés chaque fois que l'occasion se présente. Ainsi, encore quelques jours auparavant, c'était au tour du Parlement européen, qui examine actuellement le projet juridique de l'accord selon le processus de la codécision, d'émettre une résolution au discours loin de tout enthousiasme. Le texte parle en effet de «déséquilibre», de cessation de «concessions», de «forte préoccupation», de «renforcement de la protection des consommateurs». Les Eurodéputés déplorent que «dans les négociations du chapitre agricole de l'accord d'association avec le Maroc, aucune garantie n'ait été donnée concernant le respect à la fois des contingents préférentiels et des prix d'entrée appliqués aux exportations marocaines». Une revendication qui vise particulièrement les tomates du royaume, et qui vient plomber les chances de voir le dossier avancer plus vite qu'il ne le fait actuellement. S.F