Fin 2008, Attijariwafa bank annonçait en grande pompe un méga deal par lequel elle reprenait cinq filiales africaines de Crédit agricole France. Deal d'ailleurs consommé en 2009 et 2010. Aujourd'hui, cette transaction, et précisément deux banques parmi celles reprises auprès de Crédit agricole France, semblent donner du fil à retordre à AWB. En Côte d'Ivoire, le bémol Gbagbo D'une part, Attijariwafa bank se trouve dans l'impasse en Côte d'Ivoire, un pays où le potentiel de croissance de la banque était pourtant important il y a à peine quelques mois. Aujourd'hui, le gouvernement Gbagbo vient de décider la nationalisation de la filiale Société Ivoirienne de Banque (SIB). Comme rapporté dans notre édition de lundi, cette décision est principalement motivée par la suspension d'activité décidée par la banque sans le respect du délai de préavis obligatoire de trois mois prévus dans le cadre de la loi. À l'heure où nous mettions sous presse, le management du groupe n'avait pas encore répondu à nos questions à propos de la démarche à suivre dans cette situation. En attendant la version officielle, il est bien clair que le groupe se retrouve dans un sacré dilemme. En effet, la situation en Côte d'ivoire est telle que le gouvernement à l'origine de cette décision n'est pas celui reconnu par les instances internationales. Or, le système bancaire du pays est régi par la banque centrale de l'UEMOA, laquelle soutient la suspension de l'activité bancaire dans le pays. De plus, si Attijariwafa bank décidait de se plier à la volonté de la nationalisation de la SIB qui, finalement, pourrait représenter une porte de sortie d'un pays plongé dans l'incertitude quand à une reprise de l'activité économique, le groupe risquerait de voir l'éventuel accord avec le gouvernement Gbagbo annulé si ce dernier finit par céder le pouvoir. En tout cas, la nationalisation devrait donner droit à Attijariwafa bank à une compensation financière. Or, dans la situation qui prévaut actuellement en Côte d'Ivoire, le système bancaire n'est pas en mesure de fournir au gouvernement le cash nécessaire au financement de l'opération. C'est dire si SIB plonge aujourd'hui le groupe AWB dans une situation atypique. Au Cameroun, une histoire de prix L'autre «problème», est la filiale camerounaise. Deux ans après la conclusion de l'accord entre les deux parties, la Société camerounaise de banque (SCB) n'appartient toujours pas officiellement à AWB, en raison d'un blocus imposé par les autorités locales. Pourtant, AWB et CA ont répondu favorablement à la demande de l'Etat camerounais, actionnaire à hauteur de 35 % dans la SCB, qui souhaitait renforcer sa participation. Ainsi, il a été décidé de lui céder 14 % du capital de façon à ce qu'AWB reste majoritaire à 51 % comme c'est le cas pour l'ensemble de ses filiales africaines. Or, aujourd'hui, l'Etat camerounais sort une nouvelle carte pour freiner le dossier, en jugeant le prix qu'il devra verser pour les 14 % trop cher, sachant que ces 14% représentent le prix de la transaction entre Crédit Agricole et Attijariwafa bank qui a été retenu pour ce deal. AWB cédera-t-elle à la pression de l'Etat camerounais, sachant que la rumeur enfle de plus en plus quant au souhait de l'Etat camerounais de prendre le contrôle de la SCB. Si cela se concrétisait, l'Etat camerounais serait en train de porter un revers à la stratégie adoptée jusqu'ici par AWB par laquelle la banque est généralement aux commandes. Y.A.T