La cession de 51% du capital de SCB Cameroun à Attijariwafa bank a été officiellement ratifiée. Cette cession rentre dans le cadre du protocole d'accord signé le 25 novembre 2008 entre le groupe bancaire marocain et le Groupe Crédit Agricole SA. Attijariwafa bank pose donc un pied au Cameroun où Jamal Ahizoune, fraîchement nommé au poste de Directeur général, présidera aux destinées de SCB. Voilà pour l'information. Dans cette transaction, deux choses interpellent cependant : la première a trait au timing. En effet, la concrétisation de cette affaire semble avoir pris plus de temps que prévu. Beaucoup trop de temps même. Car, les deux parties avaient laissé entendre en novembre 2008 que «la finalisation de cette opération est soumise à l'obtention des autorisations nécessaires de la part des autorités compétentes et devrait intervenir au second trimestre 2009». Il aura fallu plus de deux ans pour avoir toute la paperasserie nécessaire !!! Le second élément concerne les termes du protocole d'accord. Ainsi, il était, entre autres, prévu qu'Attijariwafa bank reprenne les participations détenues par le Groupe Crédit Agricole dans cinq banques africaines pour un montant global de 250 millions d'euros, soit 2,8 milliards de DH. Le groupe présidé par Mohamed El Kettani devait donc acquérir le Crédit du Congo (81% du capital), la Société Ivoirienne de Banque (51% du capital), la Société Camerounaise de Banque (65% du capital), l'Union Gabonaise de Banque (59% du capital) et le Crédit du Sénégal (95% du capital). Aujourd'hui, au lieu des 65% convenus, Attijariwafa bank ne détient que 51% du capital de SCB, le reste des participations revenant à l'Etat camerounais. Lequel, visiblement, semble s'être immiscé dans ce deal pour pouvoir porter sa participation de 35 à 49%. Cela explique-t-il alors pourquoi le dénouement de l'opération aura pris tellement de temps ? Certainement. Mais pas seulement. Il semble que les discussions ont longtemps traîné sur la question concernant le prix de cession des 14% à l'Etat camerounais. Lequel n'aura finalement déboursé que 4,2 milliards de francs CFA, soit l'équivalent d'à peu près 72,5 MDH. Est-ce la valorisation retenue dans le cadre de l'accord initial entre Crédit Agricole et Attijariwafa bank ? Sûrement pas. SCB aurait été ainsi sous-évaluée pour permettre à l'Etat camerounais de renforcer sa position dans le tour de table. Faute de quoi, le deal Crédit Agricole - Attijariwafa bank n'aurait certainement pas reçu l'aval des autorités. Des autorités qui auraient même envisagé, à une certaine époque, d'avoir une participation majoritaire dans SCB. Argutie avancée : la cession des participations de l'Etat s'était faite dans un contexte de crise et l'Etat avait besoin de liquidités. Mais au regard de la politique d'implantation du groupe bancaire marocain en Afrique, laquelle privilégie le contrôle, une telle hypothèse a été écartée d'office. Toutefois, eu égard à l'argument avancé par les autorités camerounaises, il est logique de se demander quel sera l'avenir d'Attijariwafa bank au Cameroun à moyen ou long terme. Si tant est que la conjoncture économique et financière affiche meilleur profil, l'Etat ne sera-t-il pas tenté de nationaliser SCB ? A suivre.