Le message est passé. Le FMB Africa 2011 qui a démarré jeudi à Marrakech, et qui clôt aujourd'hui ses travaux, a rempli efficacement ses objectifs. La manifestation autour du thème de développement de l'agriculture africaine chapeautée par OCP Group a, en effet, pu démontrer efficacement le rôle vital que sont appelés à jouer les engrais dans ce développement. D'abord quelques constats alarmants concernant l'agriculture du continent africain. «Durant les 30 dernières années, les récoltes ont puisé plus de nutriments que les fermiers n'ont été en mesure de reconstituer, à l'aide du matériel organique et des engrais», observent les experts du FMB. En outre, « la plupart des fermiers africains utilisent moins d'un cinquième de la quantité des nutriments nécessaires annuellement pour garder leurs terres saines», est-il précisé. En 2006, il a été estimé que les agriculteurs de l'Afrique subsaharienne (en excluant l'Afrique du Sud) utilisent, en moyenne, 8 kg d'engrais par hectare, surtout pour les cultures marchandes. Les gouvernements africains veulent que les agriculteurs subsahariens utilisent 50 kg d'engrais par hectare, d'ici à 2015, selon les données fournies lors de l'événement. Cela correspond aux quantités minimales exigées afin de maintenir la santé des sols. Des produits sains Or, selon un consensus des ingénieurs agronomes réunis lors de la manifestation, les rendements les plus durables sont réalisés avec l'aide des engrais fabriqués et le matériel organique. L'augmentation de la matière organique, dans le sol, améliore sa capacité à retenir l'humidité, ce qui aide les récoltes à mieux tolérer les périodes sèches. De tout cela, il résulte que la spirale descendante de la productivité et de la qualité des sols, vécue actuellement par l'agriculture africaine, peut être inversée grâce à l'utilisation des engrais fabriqués. Les experts du FMB y sont même allés en justifications techniques pour démontrer l'attrait de ces matières. Pour faire simple, les engrais assurent l'approvisionnement en éléments nutritifs des plantes (l'azote, le phosphore, le potassium, le soufre et 15 autres éléments) dans des formes qui peuvent être absorbées par les cultures. Le processus est d'autant plus sain que les produits de base pour la production d'engrais sont trouvés dans la nature et les plantes absorbent exactement les mêmes formes nutritives, sans tenir compte du fait qu'ils viennent du matériel organique ou des engrais. L'effet vertueux des engrais ne peut néanmoins jouer que si les fermiers les utilisent selon des pratiques de gestion aptes à augmenter la productivité, tout en retenant les résidus organiques dans les sols. Si ces conditions venaient à être remplies efficacement, l'agriculture africaine serait enfin à même de répondre aux nouveaux impératifs du marché et saurait tirer parti d'une demande durable pour la production des exploitations agricoles africaines. Dans la même lignée, en augmentant l'efficacité de l'exploitation des sols et de leur rendement, les fermiers africains pourraient aider à nourrir la population africaine, réduire la pauvreté sur le continent et satisfaire la demande globale, grandissante pour la production agricole. Le développement agricole en priorité On y arrive progressivement et les prémices de cet état optimal sont apparues, dès 2003, année qui a marqué un tournant pour l'agriculture africaine. À cette date, les gouvernements du continent ont créé une initiative propre à l'Afrique pour trouver des solutions aux questions liées à la nourriture, la sécurité nutritionnelle, la réduction de la pauvreté et à la croissance économique de manière générale. En lien, engagement a été pris d'augmenter une partie de leurs budgets dédiés au développement agricole. Reste à maintenir une assiduité pour respecter les engagements pris. Quoi qu'il en soit, l'évolution favorable des choses est évidente comparée à la situation d'il y a quelques années. En effet, les politiques d'ajustement structurel au cours des années 1980 ont entraîné un désinvestissement dans le secteur agricole du continent. Jusqu'à date récente, le seul moyen de continuer à augmenter la production agricole africaine a consisté à élargir la région cultivée. Or, cette stratégie a échoué : au cours des dernières décennies, la production agricole a chuté d'environ 3% par an à la suite de la dégradation du sol et de l'épuisement nutritif. Pour un continent où l'agriculture représente environ 60% de la population active totale, 20% des exportations de marchandises totales, 17% de PIB et environ 40% des apports en devises, une poursuite accélérée de l'aggravation de la situation aurait pu causer des dégâts irrémédiables. R.H