Deuxième bonne nouvelle de la journée pour les agriculteurs. Pendant que le ministre de tutelle avançait les mesures d'encouragement à la mécanisation de l'agriculture (voir en page 5), le «sponsor» du secteur annonçait un rééchelonnement de dettes. «Deux bonnes campagnes agricoles et une troisième qui s'annonce prometteuse, c'est plus qu'encourageant. Toutefois, ces campagnes ne règlent pas pour autant les problèmes financiers des agriculteurs», a déclaré Mohammed El Ayyadi, directeur général adjoint du Crédit Agricole, lors d'une conférence de presse tenue hier. Une belle manière de préparer le terrain aux assises de l'agriculture et au rendez-vous annuel du secteur, le SIAM, prévu fin avril. En effet, la banque a décidé de soulager ses débiteur et d'annuler les pénalités de retard, en plus d'offrir de nouveaux financements sous forme d'un pack complet par filière. L'objectif est d'augmenter la capacité d'investissement des agriculteurs et de leur permettre ainsi de profiter de la dynamique générale insufflée par le Plan Maroc vert. «Cette opération concerne un encours de 10 milliards de DH à réhabiliter, correspondant à 90.000 clients, dont 58.000 clients sont en difficulté de remboursement et risquent de passer en contentieux à compter de l'année prochaine», a souligné Mohammed El Ayyadi. L'opération, qui concerne l'année en cours, consistera donc en un rallongement de la période de remboursement de 3 jusqu'à 7 ans, en plus d'une révision des taux pratiqués pour les ramener au même niveau que ceux pratiqués actuellement sur le marché. Sachant que plusieurs agriculteurs traînent des dettes depuis une dizaine d'années, cette mesure permettra d'alléger le coût des crédits pour les agriculteurs et d'améliorer de ce fait leur solvabilité. Bilan d'étape Dans ce processus d'accompagnement entamé en 2009, la banque verte s'est engagée dans la mise en œuvre du Plan Maroc vert, en mobilisant 20 milliards de DH sur cinq ans. À ce titre, Jamal Eddine El Jamali, secrétaire général du Crédit Agricole, a précisé que «la banque a octroyé 5,5 milliards de DH de crédits bancaires classiques au cours de l'année 2010, dépassant de ce fait les objectifs assignés par le Plan Maroc vert, qui s'élèvaient à 5 milliards de DH». En somme, la banque a débloqué environ 14 milliards de DH depuis la signature de la convention Plan Maroc vert avec le ministère de l'Agriculture en octobre 2008. Ces fonds sont répartis à hauteur de 13,1 milliards de DH en financement classique, via le Crédit agricole, couvrant à 36% des projets d'exploitation de fruits et légumes et une part identique des exploitations de céréales et légumineuses. Le Crédit agricole a débloqué également 220 millions de DH pour des prises en participation, ainsi que 3,5 millions de DH en opérations spéciales de sauvetage. Ces dernières ont concerné principalement les agriculteurs victimes de la grêle, ainsi que ceux touchés par la sécheresse survenue au cours de l'année précédente. Les premiers ont bénéficié d'un report d'échéance avec abandon des intérêts, de financement des prochaines campagnes et de l'acquisition de filets anti-grêle. Les seconds quant à eux ont vu leurs échéances de remboursement reportées et leurs impayés au titre des intérêts annulés. La banque des agriculteurs a également engagé 5 millions de DH via sa nouvelle filiale Tamwil El fellah (opérationnelle depuis février 2010) et 585 millions de DH via sa fondation de micro-crédit ARDI. S.B