Les professionnels de la pêche marocains et espagnols veulent baliser le chemin du renouvellement des accords. Outre la création d'une commission permanente, l'exploitation rationnelle des ressources est aussi en ligne de mire du futur scénario de la collaboration C'est depuis Tanger, ce week-end, que les professionnels espagnols de la pêche ont lancé un signal fort encourageant pour le climat des négociations relatives au renouvellement de l'accord de pêche Maroc / UE. Lors d'une rencontre inédite, la première du genre entre les professionnels des deux pays, la Fédération de la pêche maritime et l'aquaculture (FMPA) et la confédération espagnole de la pêche (CEPESCA) sont entrées très vite dans le vif du sujet. Une commission permanente conjointe a été mise en place, comme nouveau cadre permanent des concertations qui sont attendues entre les deux parties lors de la phase post négociations, prévue en mars 2011. À la suite de la création de cet organe, le président de la fédération marocaine, Omar Akkouri, a expliqué que le rôle de cette commission sera de «permettre de mener une action conjointe permanente, notamment auprès de l'UE, dans l'intérêt du secteur de la pêche dans les deux pays voisins». C'est donc plus un rôle d'interface que cette nouvelle structure sera appelée à jouer, afin de mieux canaliser les demandes des professionnels, avant l'entame des négociations entre le Maroc et l'UE. Les deux parties veulent donc donner plus de visibilité au contenu des échanges entre les deux principaux acteurs concernés par la reconduction de l'accord de pêche. La rencontre a permis aussi pour les professionnels marocains regroupés au sein de la FMPA de projeter la poursuite de l'extension des démarches de valorisation et de commercialisation des produits de la mer, destinés principalement au marché espagnol et aux autres marchés européens. Avenir commun La direction de la pêche au sein du département de tutelle a clairement affiché son désir de voir «le Maroc encore profiter de l'appui, de l'expérience et du savoir-faire des opérateurs espagnols, pour réussir ce nouveau challenge, notamment en matière de développement de l'aquaculture et de valorisation des produits de la mer», comme l'a souligné Sabah Lazrak, directrice des industries de la pêche au ministère. Les professionnels espagnols ont pour leur part tenu à insister sur les considérations relatives à la préservation des ressources. Javier Garat Perez, président de la CEPESCA et de l'association des patronats de la pêche en Europe (Euro-pêche), a mis l'accent sur «la nécessité de prendre en considération la pérennité des ressources halieutiques et la durabilité de l'activité, de manière à bénéficier à l'ensemble des parties». Cet engagement relatif à l'exploitation rationnelle des ressources halieutiques reste la principale demande et des professionnels et des autorités de tutelle marocaine. Il faut noter également que les deux parties ont encore en mémoire la dérogation accordée par le Maroc, qui avait permis aux pêcheurs espagnols, affectés par la marée noire en 2002, d'opérer dans la Zone économique exclusive (ZEE). C'est dans cette optique d' «avenir commun» que la rencontre de Tanger a lancé un appel solennel pour une issue positive des pourparlers prévus en Mars 2011. La rencontre de Tanger a voulu clairement mentionner qu'il n'y a plus «d'événement» dans les négociations autour des accords de pêche avec l'UE et que la reconduction est d'abord une demande commune des professionnels des deux pays avant d'être un accord négocié au niveau étatique. Le projet d'autonomie présenté par le Maroc va encourager d'autres pays à s'intéresser à la portée de la future reconduction.