Entre ambition et réalité, le Maroc se prépare à accueillir l'un des événements sportifs les plus prestigieux. Infrastructures, logistique et innovation sont au cœur d'une course contre la montre. Le Royaume peut-il relever le défi d'ici 2030 ? Le Maroc s'apprête à entrer dans l'histoire en coorganisant la Coupe du monde 2030 de football avec l'Espagne et le Portugal, mais le rapport d'évaluation de la FIFA est sans détour, l'ambition du Royaume est immense, et le défi l'est tout autant. Cette Coupe du monde ne se limitera pas aux performances sur le gazon, elle se jouera aussi sur le terrain des infrastructures, de la technologie et de la diffusion mondiale. Trois batailles où le Maroc joue gros face à ses partenaires européens. La décision finale, quant à la validation de la candidature tripartite, sera officiellement annoncée mercredi 11 décembre. Un match serré pour accueillir la finale La bataille pour accueillir la finale et le match d'ouverture de la Coupe du monde 2030 se joue sur plusieurs tableaux, et trois stades se démarquent, à savoir le futur Grand Stade Hassan II à Casablanca, le Camp Nou à Barcelone et le Santiago Bernabéu à Madrid. Ces trois enceintes doivent répondre à des exigences strictes en termes de capacité, de technologie et de durabilité. Le rapport de la FIFA souligne que seule une infrastructure dépassant les 80.000 places peut prétendre accueillir ces matchs emblématiques, et chaque site offre des caractéristiques uniques dans cette course effrénée. Le Grand Stade Hassan II, encore en construction à Casablanca, se positionne comme un projet ambitieux et novateur. Avec une capacité de 115.000 places, il sera le plus grand stade de football du monde une fois terminé. Conçue par le cabinet Populous, également responsable de la rénovation d'Old Trafford (Manchester), son architecture s'inspire des tentes traditionnelles marocaines et intègre des jardins botaniques qui offriront une atmosphère unique et respectueuse de l'environnement. Ce stade monumental représente une menace réelle pour les prétentions de Madrid, suscitant l'inquiétude de la presse espagnole qui évoque un «mégastade conçu pour ravir la finale au Bernabéu». De son côté, l'antre du Real Madrid, récemment rénovée pour un coût de 550 millions de dollars, affiche des caractéristiques technologiques de dernière génération. Avec son toit rétractable, son écran à 360° et sa pelouse modulable, il incarne l'avant-garde des infrastructures sportives modernes. Cependant, sa capacité reste inférieure, avec 85.000 places, ce qui pourrait peser dans la balance. La FIFA a déjà exprimé ses doutes sur la capacité de ce stade à répondre pleinement aux critères nécessaires pour accueillir une finale de Coupe du monde, malgré son prestige historique. Quant au Camp Nou, il subit actuellement une rénovation majeure qui devrait porter sa capacité à 101.000 places. Ce stade emblématique, berceau du FC Barcelone, se distingue par son ouverture sur l'extérieur et la création d'un nouvel espace VIP. Cependant, le rapport de la FIFA note qu'il pourrait être le moins bien placé des trois en raison de sa configuration encore inachevée et de la concurrence féroce entre le Maroc et Madrid pour la finale. En somme, la course est loin d'être terminée. La bataille pour le Centre international de diffusion Un autre enjeu majeur pour chaque Coupe du monde est celui de la retransmission mondiale des matches. Le Centre international de diffusion (IBC), véritable cœur numérique de l'événement, fait l'objet d'une compétition intense entre Casablanca et Madrid, deux villes aux atouts distincts mais complémentaires. La Foire internationale de Casablanca représente l'espoir du Maroc de devenir un hub médiatique africain. Située stratégiquement près du port de Casablanca et de la mosquée Hassan II, cette infrastructure bénéficie d'une rénovation massive entièrement financée par des fonds publics. Le site comprendra trois halls modernes et interconnectés, dont deux seront nouvellement construits. Selon le rapport, ces travaux devraient être terminés bien avant la période d'usage exclusif, offrant ainsi une marge de manœuvre pour tester les installations sur une période de 12 mois. Face à Casablanca, Casa de Campo, à Madrid, affiche des atouts logistiques considérables. Situé en plein centre de la capitale espagnole, ce site bénéficie d'un accès facile aux transports en commun, incluant métro, bus et trains. L'aéroport de Madrid offre également une connectivité exceptionnelle avec les autres villes hôtes, renforçant la position stratégique de la Casa de Campo comme site idéal pour l'IBC. La majorité des infrastructures de Casa de Campo ont déjà été rénovées, tandis que les lieux restants sont en attente d'un dernier rafraîchissement soutenu par un solide appui politique. Le site se distingue par sa configuration en campus, offrant de multiples espaces modulables, parfaitement adaptés aux besoins spécifiques d'un centre de diffusion de cette envergure. Selon l'évaluation de la FIFA, les deux sites répondent aux critères nécessaires pour accueillir l'IBC, notamment en termes de disponibilité, d'espace et de connectivité. La décision finale dépendra donc de la capacité de chaque ville à livrer un site parfaitement opérationnel dans les délais impartis. La course à la 5G La Coupe du monde 2030 ne se jouera pas seulement sur les terrains, mais aussi sur le front numérique, où la connectivité 5G jouera un rôle déterminant. Garantir une couverture fluide et rapide sera essentiel pour offrir une expérience optimale aux millions de spectateurs présents et connectés à distance. Les trois pays coorganisateurs avancent à des rythmes différents, chacun déployant ses atouts pour s'imposer dans cette course technologique. L'Espagne bénéficie d'un avantage net avec une couverture 5G déjà bien développée dans ses grandes métropoles. Des opérateurs majeurs comme Telefónica jouent un rôle clé dans la modernisation des infrastructures, notamment les stades comme le Santiago Bernabéu. Cette avance technologique confère à l'Espagne une position de leader dans cette compétition numérique, renforçant ainsi sa capacité à garantir une connectivité sans faille lors de l'événement Pour sa part, le Portugal suit de près l'Espagne, avec un déploiement rapide de la 5G dans ses principales villes. Bien que la couverture nationale soit encore moins étendue que celle de son voisin ibérique, Lisbonne et Porto bénéficieront d'une connectivité renforcée d'ici 2030. Le Portugal mise sur cette montée en puissance pour offrir un réseau performant et compétitif, répondant aux exigences de la FIFA en matière de connectivité. Le Maroc a fait quant à lui des progrès notables dans le déploiement de la 5G grâce à des projets pilotes déjà lancés. Les principales villes hôtes, comme Casablanca, Rabat et Marrakech, sont prioritaires pour l'installation de ces infrastructures modernes. Cependant, la couverture nationale reste en retrait par rapport à ses partenaires européens. Le Royaume mise sur des investissements soutenus pour accélérer le déploiement et se positionner comme un futur hub numérique en Afrique d'ici 2030. Cependant, sa volonté de se positionner comme un hub numérique régional pourrait combler l'écart d'ici 2030. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO