La mesure d'inflation préférée de la Banque centrale américaine, la Fed, est restée stable en juillet, au moment où l'institution se prépare à abaisser ses taux pour la première fois depuis 2020, et alors que le sujet est crucial à deux mois de l'élection présidentielle. L'inflation est restée stable sur un an en juillet aux Etats-Unis, à 2,5%, selon l'indice PCE, publié vendredi par le département du Commerce. Sur un mois cependant, elle a accéléré pour le deuxième mois d'affilée, à 0,2% contre 0,1%. Cette évolution est conforme aux attentes des analystes. «Nous faisons de réels progrès (…). Mais il reste du travail», a commenté le président Joe Biden dans un communiqué. La question du pouvoir d'achat est centrale dans la course à la Maison Blanche, entre la vice-présidente Kamala Harris, candidate démocrate, et l'ancien président Donald Trump côté républicain. Sur un an, «les prix des biens ont diminué de moins de 0,1% et les prix des services ont augmenté de 3,7%», a détaillé le département du Commerce. L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, est restée stable tant sur un mois que sur un an, respectivement à 0,2% et 2,6%. Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI sur lequel sont indexées les retraites, avait été publiée plus tôt dans le mois, et avait montré une poursuite du ralentissement en juillet, à 2,9% sur un an, au plus bas depuis mars 2021, contre 3% le mois précédent. Les taux abaissés dès la mi-septembre Par ailleurs, en juillet, les dépenses des consommateurs ont augmenté plus vite qu'en juin, en hausse de 0,3% contre 0,2%, de même que leurs revenus, avec +0,3% contre +0,1%, a encore indiqué le département du Commerce. La baisse de l'inflation depuis plusieurs mois devrait convaincre la Fed de commencer à abaisser ses taux lors de sa prochaine réunion, les 17 et 18 septembre. Cela permettra notamment aux ménages et entreprises d'emprunter de l'argent à un taux moins élevé auprès des banques. «Le temps est venu pour un ajustement de politique» monétaire, autrement dit pour une baisse des taux, avait indiqué vendredi dernier le président de la Fed, Jerome Powell, depuis Jackson Hole, dans les montagnes du Wyoming. «Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où nous maintenons une politique très restrictive dans une économie en ralentissement», avait renchéri, lundi, la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly. Le spectre de la récession Depuis que les prix ont commencé à flamber en 2021, c'est en effet la Fed qui était en première ligne pour les ralentir. Son objectif : ramener l'inflation à 2%, niveau considéré comme sain pour l'économie. Elle a ainsi relevé ses taux afin de ralentir l'activité économique, ce qui doit permettre de desserrer la pression sur les prix et, in fine, de faire baisser l'inflation. Les taux se trouvent ainsi depuis un an à leur plus haut niveau en 20 ans, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%. «Le ralentissement supplémentaire de l'inflation pourrait donner à la Fed une marge de manoeuvre pour être plus agressive dans la baisse des taux lors des prochaines réunions, surtout si le marché du travail montre une forte détérioration», selon Ben Ayers, économiste principal de Nationwide. La crainte, avec des taux élevés, est de ralentir trop fortement l'économie américaine, voire de provoquer une récession. Le taux de chômage a ainsi grimpé à 4,3% en juillet, et les créations d'emplois de 2023 et début 2024 ont été révisées en forte baisse. Les chiffres d'août seront publiés le 6 septembre. Cette publication sera «la clef (…) qui déterminera le rythme des taux à court terme, à commencer par l'ampleur de la baisse de septembre», soulignent Marco Casiraghi et Gang Lyu, économistes pour Evercore, société de conseil en investissements. Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ECO