Le Maroc se trouve à un tournant décisif de sa stratégie énergétique. La transition énergétique nationale, bien qu'ambitieuse, nécessite une volonté politique forte, des investissements massifs et une collaboration internationale accrue pour devenir une réalité, estime l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) dans son dernier rapport. L'hydrogène vert occupe une place centrale dans la stratégie énergétique du Maroc, à l'instar de pays comme la Namibie, qui aspirent également à devenir des leaders mondiaux des énergies renouvelables. Ces nations perçoivent l'hydrogène vert non seulement comme un levier pour renforcer leur autosuffisance énergétique, mais aussi comme une opportunité pour exporter leurs ressources renouvelables à l'échelle internationale. Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), cette transition vers l'hydrogène vert est pleine de promesses et pourrait apporter des avantages structurels significatifs aux pays en développement. Cependant, l'IRENA avertit également qu'une telle transition nécessite une réflexion approfondie. Il est essentiel de veiller à ce que les plans de développement de l'hydrogène vert ne détournent pas les capitaux financiers et politiques des efforts de décarbonation locale ou des opportunités d'amélioration de l'accès à l'énergie, estime l'agence, soulignant que le Maroc, en tant que futur acteur majeur dans ce domaine, doit donc équilibrer ses ambitions internationales avec les besoins énergétiques domestiques pour assurer un développement durable à long terme. Un profil énergétique encore dominé par les énergies fossiles Malgré des efforts louables pour augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique, le Royaume reste fortement dépendant des énergies fossiles. En 2021, la consommation totale d'énergie au Maroc atteignait 960.302 térajoules (TJ), en hausse de 15,6% par rapport à 2016. Cependant, cette croissance a été principalement alimentée par les énergies non renouvelables, qui représentaient 864.010 TJ, soit 90% de l'offre énergétique totale, indique le rapport. La part des énergies renouvelables, bien qu'importante, ne constituait que 10% de cette offre, avec une légère diminution par rapport à 2016. Cette dépendance aux énergies fossiles, en particulier au pétrole, au gaz et au charbon, souligne l'urgence pour le Maroc d'accélérer sa transition vers des sources d'énergie plus durables. Bien que les énergies fossiles dominent encore largement le paysage énergétique, le Maroc a lancé plusieurs initiatives pour renforcer la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Entre 2018 et 2023, la capacité installée dans le domaine des énergies renouvelables a ainsi connu une croissance significative de 25%. Les technologies solaires et éoliennes ont particulièrement bénéficié de cette dynamique, enregistrant des augmentations respectives de 27% et 52% au cours de cette période. Le défi de l'autosuffisance énergétique L'une des principales difficultés auxquelles le Maroc est confronté réside dans sa faible autosuffisance énergétique. En 2021, le pays a dû importer 91% de l'énergie consommée, principalement sous forme de combustibles fossiles, poursuit la même source. Cette forte dépendance vis-à-vis des importations expose le Maroc aux fluctuations des prix de l'énergie sur le marché international et aux tensions géopolitiques. Pour remédier à cette situation, le Royaume a lancé divers projets, notamment dans le domaine de l'hydrogène vert, en partenariat avec des pays comme le Portugal. Ces initiatives visent à le positionner comme un acteur majeur des énergies propres au niveau régional et mondial. Le Maroc a d'ailleurs mis en œuvre «l'Offre Maroc», afin de développer la filière de l'hydrogène vert, en allouant un foncier public significatif et en offrant aux investisseurs des infrastructures structurantes mutualisées. De plus, le pays a mis en place plusieurs projets majeurs, le dernier en date cité par l'IRENA étant le Programme d'investissement vert du Groupe OCP, couvrant la période 2023-2027, et qui porte sur un montant de 130 milliards de dirhams. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO