Le «lundi noir» du 5 août 2024 a été une journée de perturbations majeures sur les marchés financiers mondiaux, avec des répercussions ressenties jusqu'à la Bourse de Casablanca. À court terme, la prudence prévaut parmi les investisseurs marocains. À moyen terme, la volatilité accrue et les révisions de stratégies d'investissement pourraient influencer la dynamique du marché. Le 5 août 2024, surnommé «lundi noir», a été marqué par des turbulences majeures sur les marchés financiers mondiaux. Ce jour-là, les indices boursiers ont connu des chutes spectaculaires, entraînant des pertes considérables pour les investisseurs du monde entier. Ce qui était au départ perçu comme une correction temporaire a rapidement révélé des faiblesses structurelles sous-jacentes dans plusieurs économies mondiales, amplifiant ainsi les répercussions sur les marchés financiers. La place casablancaise n'a pas été épargnée par l'onde de choc qu'a engendrée ce krach boursier. Quelles ont été les circonstances de cet incident, ses effets immédiats et quelles pourraient être les répercussions potentielles à moyen terme sur la place casablancaise. Impact immédiat sur le marché boursier... La Bourse de Casablanca a donc ressenti l'onde de choc du «lundi noir». Bien que l'impact ait été moins sévère que dans d'autres régions, le principal indice, le MASI, a enregistré une baisse de 0,29 %, clôturant à 12 147,19 points. L'indice MASI.20, regroupant les 20 actions les plus liquides, a diminué de 0,3 %. Selon les analystes du marché, cette baisse a été principalement due à l'incertitude générale et à la prudence accrue des investisseurs face aux perturbations globales. «Les investisseurs marocains, bien que moins exposés aux marchés internationaux, ont ressenti l'impact psychologique des baisses significatives observées ailleurs», explique un analyste financier, qui ajoute que «la prudence a prévalu, et nous avons observé une légère correction sur le marché local». ... Et après ? Bien qu'immédiats, les effets du «lundi noir» semble s'être dissipés, mais plusieurs facteurs pourraient influer sur la Bourse de Casablanca à moyen terme. Tout d'abord, la volatilité accrue observée sur les marchés internationaux pourrait se propager au marché marocain, entraînant des fluctuations des indices et incitant les investisseurs à adopter une approche plus prudente, limitant ainsi les hausses significatives à court terme. Ensuite, les gestionnaires de fonds et les investisseurs individuels pourraient réviser leurs stratégies d'investissement pour mieux gérer les risques, «ce qui pourrait conduire à une diversification accrue des portefeuilles, notamment vers des actifs non corrélés comme l'immobilier et les obligations à rendement fixe», estime un expert financier. Le marché marocain, bien qu'affecté par les turbulences mondiales, a montré une certaine résilience. Un autre acteur du marché affirme qu'«à moyen terme, nous prévoyons que les investisseurs continueront à diversifier leurs portefeuilles, cherchant des opportunités dans des secteurs moins exposés à la volatilité globale». Une question de confiance Par ailleurs, sur le long terme, sachant que l'économie marocaine est étroitement liée à celles de l'Europe et des Etats-Unis, une récession prolongée dans ces régions pourrait affecter négativement les exportations marocaines, le tourisme et les envois de fonds, exerçant ainsi une pression à la baisse sur le marché boursier national. En outre, selon l'avis des experts et analystes financiers, les régulateurs de la place financière pourraient réagir à ces turbulences en introduisant de nouvelles mesures pour stabiliser le marché, telles que l'accentuation des réformes déjà engagées et celles déjà mises en place, visant à renforcer la résilience du système financier et à attirer de nouveaux investissements. «L'impact à long terme dépendra largement de l'évolution de l'économie mondiale. Si les grandes économies entrent en récession, cela pourrait avoir des répercussions significatives sur le Maroc. Cependant, des réformes économiques locales et une gestion prudente peuvent atténuer certains de ces effets», confirme un analyste. Et d'ajouter que «la clé sera la gestion des risques. Les investisseurs doivent rester vigilants et utiliser des outils analytiques avancés pour naviguer dans ce paysage incertain. Une communication transparente avec les clients sera également cruciale pour maintenir la confiance». Les circonstances du «lundi noir» Le lundi noir a été déclenché par une convergence de facteurs économiques et géopolitiques complexes, qui ont amplifié les tensions sur les marchés financiers mondiaux. Le premier élément déclencheur a été un rapport inquiétant sur le marché du travail américain pour juillet, montrant une hausse du chômage à 4,3 %, du jamais-vu depuis octobre 2021. Cette nouvelle a ravivé les craintes d'une récession imminente aux Etats-Unis, ce qui a provoqué une vague de ventes massives sur les marchés boursiers, exacerbée par des prévisions économiques moroses et une chute de la confiance des investisseurs. Parallèlement, la Banque du Japon a pris le marché par surprise en augmentant ses taux directeurs. Cette décision, perçue comme inattendue dans un contexte où l'économie japonaise montrait déjà des signes de ralentissement, a renforcé le yen, rendant les actions japonaises moins attractives et déclenchant une liquidation massive sur le Nikkei. Ce dernier a plongé de 12,4 %, marquant sa pire journée depuis 1987. Cette chute a été alimentée par une combinaison de pessimisme croissant autour de l'économie américaine et par la force du yen, qui a rendu les exportations japonaises moins compétitives. En outre, les tensions géopolitiques croissantes, en particulier les craintes d'une escalade militaire au Moyen-Orient, ont ajouté une couche supplémentaire d'incertitude sur les marchés. Les préoccupations concernant les approvisionnements énergétiques et la stabilité régionale ont exacerbé l'aversion au risque des investisseurs, accentuant ainsi la volatilité sur les marchés mondiaux. Ces événements ont créé un effet domino, avec des marchés en Asie, en Europe et en Amérique souffrant de pertes importantes, ce qui a finalement déclenché ce que l'on appelle désormais le «lundi noir» d'août 2024. Répercutions notables sur les marchés mondiaux Les répercussions du «lundi noir» ont été ressenties sur toutes les principales places boursières mondiales. En Asie, les indices ont chuté de manière significative : la Bourse de Séoul a perdu 8,77 % tandis que les marchés de Hong Kong, Shanghai et Shenzhen ont enregistré des baisses respectives de 1,46 %, 1,54 % et 1,85 %. En Europe, les principales bourses ont atteint des plus bas de six mois, et aux Etats-Unis, le Dow Jones a chuté de 2,6 %, le S&P 500 de 3 %, et le Nasdaq de 3,43 %. Les marchés des cryptomonnaies n'ont pas été épargnés non plus, avec le Bitcoin en baisse de 13% et l'Ether de près de 17%. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO