Au cours de son discours prononcé à l'occasion de la Fête du Trône, le Roi Mohammed VI a mis, une nouvelle fois, l'accent sur la question de l'eau en soulignant que le plus grand défi reste la réalisation des stations programmées et des projets d'énergies renouvelables y afférents, dans les délais fixés et sans aucun retard. Erigée en priorité nationale, la sécurisation des ressources hydriques a été l'un des principaux points évoqués par le discours royal prononcé, lundi dernier, par le Roi Mohammed VI à l'occasion du 25e anniversaire de la Fête du Trône. Un discours de mobilisation qui s'inscrit dans la continuité des différentes orientations royales, notamment celles données à l'occasion de la séance de travail du 16 janvier 2024 qui a été consacrée au suivi du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027. Cette séance faisait suite au discours royal à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire, le 14 octobre 2022, où le Roi Mohammed VI avait évoqué la problématique de l'eau, mais, aussi, les différentes séances de travail consacrées à l'examen de cette question. De ce fait, le discours du 25e anniversaire de son accession au Trône rappelle avec insistance l'enjeu de la sécurisation de l'approvisionnement en eau potable et d'irrigation dans un contexte où le Maroc a connu, au cours des dernières décennies, ses pires sécheresses et la situation devrait empirer jusqu'en 2050, sous l'effet de l'accélération des changements climatiques. «Les défis auxquels est confronté notre pays nous commandent de redoubler d'efforts et de vigilance, de concevoir des solutions innovantes, de subordonner les modèles de gestion aux règles de bonne gouvernance. L'un de ces défis majeurs est la problématique de l'eau, qui ne cesse de se complexifier du fait de la sécheresse, de l'impact du changement climatique et de la croissance naturelle de la demande. Cette situation est également imputable au retard accusé dans la réalisation de certains projets programmés dans le cadre de la politique de l'eau», souligne le Roi Mohammed VI. Politique nationale de l'eau : l'impératif d'une mise à jour continue De ce fait, après six années consécutives de sécheresse, les réserves hydriques et les eaux souterraines ont été profondément affectées, rendant la situation hydrique plus précaire et plus complexe, selon le Souverain. Pour faire face à ces conditions qui affectent de nombreuses régions marocaines, surtout en milieu rural, le Roi a donné ses instructions aux autorités compétentes pour qu'elles prennent les mesures urgentes et novatrices nécessaires afin de prévenir la pénurie d'eau. «Nous n'avons eu de cesse de souligner la nécessité d'une mise en œuvre optimale des différentes composantes du Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027, lequel a contribué, par la grâce de Dieu, à atténuer la gravité de la situation hydrique». À l'instar du discours à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire, le 14 octobre 2022, le Roi a rappelé à la mise à jour constante du programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027 pour faire face à l'urgence de la sécurité hydrique dans le cadre du plan d'investissement dans l'eau pour la période 2020-2050. «Vu l'accroissement des besoins et des contraintes, Nous insistons sur l'impératif d'une mise à jour continue des leviers de la politique nationale de l'eau et sur la définition d'un objectif stratégique, quelles que soient les circonstances : garantir l'eau potable à tous les citoyens et couvrir 80% au moins des besoins d'irrigation sur tout le territoire national», ordonne le Roi Mohammed VI. Aucun retard toléré Il est indispensable, selon le Souverain, de «parachever le programme de construction des barrages, en donnant la priorité aux projets programmés dans les régions connaissant d'importantes précipitations». Il a été question aussi de mobiliser les acteurs autour de l'accélération de la réalisation des grands projets de transfert d'eau entre les bassins hydrauliques, en assurant la connexion entre le bassin de Oued Laou-Larache et Loukkos et celui de Oued Oum Er-Rbia, en passant par les bassins Oued Sebou et Bouregreg. «Ces projets permettront l'exploitation d'un milliard de mètres cubes d'eau qui se perdaient dans la mer et garantiront une répartition spatiale équilibrée des ressources hydriques nationales», ajoute le Souverain. Par ailleurs, la réalisation des stations de dessalement de l'eau de mer doit être accélérée, selon le programme arrêté à cet effet pour assurer la mobilisation annuelle de 1,7 milliard de mètres cubes. À l'horizon 2030, le Maroc pourra ainsi couvrir, selon le Roi, plus de la moitié de ses besoins en eau potable à partir de ces stations, irriguer d'importantes superficies agricoles et renforcer de cette manière sa sécurité alimentaire. C'est le cas de la station de dessalement de Casablanca, le plus grand projet du genre en Afrique et la deuxième installation au monde, qui sera alimentée à 100% en énergie propre. «Le plus grand défi reste la réalisation des stations programmées et des projets d'énergies renouvelables y afférents, dans les délais fixés et sans aucun retard», insiste le Roi. Pour produire de l'eau, les stations de dessalement doivent être alimentées, selon le Souverain, avec de l'énergie propre. C'est pourquoi il faut accélérer la réalisation du projet d'interconnexion électrique qui vise à acheminer l'énergie renouvelable, à partir des provinces du sud, vers le Centre et le Nord. «Nous appelons au développement d'une industrie nationale de dessalement de l'eau, à la création de filières de formation d'ingénieurs et de techniciens spécialisés, à l'encouragement de la constitution d'entreprises nationales spécialisées dans la réalisation et l'entretien des stations de dessalement. À ce propos, Nous tenons à souligner de nouveau qu'aucune négligence, aucun retard, aucune mauvaise gestion ne sont tolérés dans une question aussi cruciale que l'eau», avertit le Souverain. Un programme plus ambitieux de réutilisation des eaux usées Par ailleurs, le discours royal a insisté sur la question de rationalisation de l'utilisation de l'eau face aux formes de gaspillage et de mésusage de l'eau qui persistent. De fait, la préservation de l'eau est une responsabilité nationale, selon le Roi, qui engage toutes les institutions et tous les acteurs. Ce devoir incombe également à tous les citoyens. Sur ce registre, «Nous appelons les autorités compétentes à plus de fermeté dans la protection du domaine public hydraulique, à l'opérationnalisation de la police de l'eau, à la lutte contre le phénomène d'exploitation abusive et de pompage anarchique des eaux», a souligné le Souverain. De même, outre la généralisation de l'irrigation goutte à goutte, le Roi Mohammed VI a appelé à «davantage de coordination et de cohérence entre la politique hydrique et la politique agricole, surtout pendant les périodes de pénurie». Il est question d'adopter un programme plus ambitieux de traitement et de réutilisation des eaux pour couvrir les besoins des secteurs de l'irrigation, de l'industrie et d'autres activités, en plus d'encourager l'innovation dans le domaine de gestion de l'eau, et de mettre à profit les nouvelles technologies y afférentes. S'agissant des provinces du sud du Royaume, «force est de constater que les stations de dessalement réalisées ont contribué à insuffler une forte impulsion au développement socio-économique de la région», souligne le Roi en donnant ses orientations vers l'extension de la station de Dakhla et le relèvement futur de la capacité de production des autres stations. Pour cela, il convient d'exploiter le potentiel en énergies propres que recèlent les provinces du Sud afin de satisfaire les besoins des populations et répondre aux exigences des secteurs productifs comme l'agriculture, le tourisme, l'industrie et bien d'autres filières. Yassine Saber / Les Inspirations ECO