DG de Centrale Automobile Chérifienne (CAC) Le financement automobile est un élément clé pour les consommateurs et les constructeurs. Captives, marques blanches et crédits classiques présentent des avantages et défis distincts en termes de contrôle, flexibilité, diversité et expérience client. Décryptage. Pour commencer, pouvez-vous nous parler de la crise des subprimes et de ses impacts sur le secteur automobile? La crise des subprimes aux Etats-Unis en 2008-2009 a eu des répercussions majeures sur l'industrie automobile mondiale. Les grandes entreprises américaines comme Ford ont dû vendre leurs filiales de crédit, qu'on appelle des captives, pour se renflouer et négocier avec les syndicats. Cette décision était nécessaire en raison de la chute drastique du marché automobile pendant cette période. Mais dès 2010-2011, ces mêmes entreprises ont dû racheter ces captives à un prix beaucoup plus élevé, démontrant ainsi l'importance stratégique de ces entités.
Quels enseignements tirez-vous de cette période par rapport à l'utilisation du crédit dans le secteur automobile ? Cette période nous a montré à quel point le crédit est crucial pour l'industrie automobile. Chez CAC, nous voyons le crédit comme un moyen de rendre nos produits plus accessibles. Il permet aussi de soutenir des produits en difficulté, ce que nous appelons des produits «chewing-gum» dans notre jargon, car ils ont tendance à coller. Heureusement, nous n'en avons pas beaucoup, mais le crédit peut les rendre plus attractifs.
Vous avez mentionné les partenariats de marque blanche et les captives. Pouvez-vous expliquer comment ces éléments influencent vos offres de crédit ? Les partenariats de marque blanche et les captives ouvrent un vaste champ de possibilités en matière de financement. On peut aller de la titrisation aux simples conventions avec des partenaires. Ces structures nous permettent de proposer des taux de crédit en adéquation avec les tarifs des voitures. Ainsi, nous évitons les remises multiples qui diluent la valeur perçue de l'offre. En contrôlant à la fois le tarif crédit et celui de la voiture, nous pouvons créer des offres compétitives et prolonger notre relation avec les clients.
Comment le crédit influence-t-il la relation avec le client après l'achat? Le crédit nous permet de maintenir une relation prolongée avec le client, en moyenne plus de quatre ans. Cela nous donne l'opportunité de fidéliser le client, de le satisfaire et de l'inciter à revenir pour un nouvel achat. C'est aussi une manière de s'assurer qu'il bénéficie d'un bon service après-vente, ce qui est crucial pour sa fidélité.
Vous avez mentionné que le crédit à mensualités n'est pas encore populaire au Maroc. Pouvez-vous nous en dire plus ? En effet, au Maroc, la culture du crédit à mensualités n'est pas encore aussi développée qu'en Europe ou aux Etats-Unis. Les offres à mensualités ne sont pas très vendeuses ici, car il y a une préférence pour la possession plutôt que l'usage. Cependant, le marché évolue et nous voyons déjà que six voitures sur dix sont vendues à crédit. En ajoutant les achats au comptant, qui sont souvent des crédits déguisés, on estime que 75 à 80% des voitures sont financées de cette manière. Nous pensons que cette tendance va continuer à croître. Vous avez parlé du crédit ballon pour la nouvelle génération. Qu'est-ce que c'est exactement et quels avantages offre-t-il ? Le crédit ballon est une formule de financement qui permet d'accéder à une voiture sans un apport initial important. Il est particulièrement attractif pour les jeunes acheteurs qui souhaitent changer de véhicule tous les cinq à sept ans. Ce type de crédit facilite l'accès à l'automobile en réduisant les contraintes financières initiales. Mehdi Idrissi / Les Inspirations ECO