Les caprices! Un mot tellement fantaisiste, un soupir d'inégalité dans l'humeur, dans le désir. Pour une fois, c'est à travers ce petit mot que des sujets majeurs et sensibles ont été anticipés, provoqués, dénudés avant d'être incorporés en estampes. Pour dire la rage morale contre tant de malaises sociétaux, identitaires... tous intemporels. Si ces caprices portent le nom de Goya, c'est sans vouloir faire référence aux «aberrations» de l'artiste aragonais. C'est même tout le contraire. Francisco de Goya, peintre espagnol, grave une centaine d'estampes qui font, à ses yeux, le XVIIIe siècle. De la tromperie dans les relations hommes et femmes, de la satire et de la mauvaise éducation, de la condamnation des vices enracinés dans la société et de la protestation contre les abus de pouvoir... tout ce qui fâche la société espagnole, en cette époque précise, y passe. Des regards marocains ont été invités à être posés sur tout cela. Si ce n'est pour retraduire cette passerelle historique et artistique entre les deux pays, c'est une relecture par l'art des mondes symboliques du peintre espagnol. En novembre 2008, Malika Agueznay et Abdelkader Laraj ont déjà fait l'expérience pour donner naissance à des caprices du Maroc. Et l'on récidive à l'Institut Cervantès, lequel invite un panel d'artistes marocains, de chaque ville, pour élaborer des gravures inspirées de celles qui symbolisent la personnalité et la philosophie de l'artiste. C'est une douzaine d'artistes, dont Ahmed Amrani et Hassan Echair, qui ont réalisé une cinquantaine d'œuvres. De leurs différences de styles, de leurs approches divergentes et grâce à cette liaison plurielle, est née l'exposition qui aura lieu le 12 janvier 2010 à l'Institut Cervantès de Rabat. Elle se prolonge jusqu'au 5 février. Avis aux amateurs des Caprices des grands ! Mahacine Mokdad