Si la décision de raccourcir les cursus dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire a fait grincer des dents, les experts assurent que cela n'affectera pas la qualité de la formation. Détails. La réduction de 7 à 6 ans de la durée des formations en médecine, pharmacie et médecine dentaire a suscité un vif débat quant à l'impact de cette décision sur la qualité des diplômes délivrés. Pour Tayeb Hamdi, médecin et chercheur spécialisé dans les politiques et systèmes de santé, il est avant tout essentiel de considérer que la formation en médecine doit être adaptée aux besoins spécifiques de chaque pays. Il souligne ainsi qu'une comparaison directe avec d'autres nations est peu pertinente, car les exigences et les réalités varient considérablement. En ce qui concerne la réduction de la formation de 7 ans à 6 ans, Hamdi est catégorique : «Cela n'aura aucun impact négatif sur la qualité de la formation». Il explique que la septième année est souvent consacrée à des stages en milieu hospitalier, sans véritable encadrement pédagogique, ce qui représente essentiellement une perte de temps. Réduire la durée à six ans, selon lui, est donc une mesure logique et pragmatique. Cependant, il relève que la décision finale ne devrait pas reposer uniquement sur les étudiants en médecine. «Bien que l'avis des étudiants compte en tant que futurs praticiens, la responsabilité de décider revient à la société dans son ensemble, puisque ce sont les citoyens qui bénéficieront des soins prodigués par ces professionnels de la santé», déclare l'expert. Tayeb Hamdi souligne un aspect crucial qu'il est important de prendre en compte : «Si les étudiants s'opposent à la réduction de la formation, c'est principalement par crainte que leurs diplômes ne soient pas reconnus à l'étranger s'ils décident d'exercer dans un autre pays». De son côté, le gouvernement a clarifié sa position sur le sujet. Abdellatif Miraoui et Khalid Aït Taleb, ministres respectifs de l'Enseignement supérieur et de la Santé, ont précisé que la diminution de la durée des cursus en médecine, pharmacie, et médecine dentaire n'entamera ni la qualité ni la valeur scientifique de la formation. Ils ont expliqué que cette initiative s'inscrit dans le cadre d'une série de réformes lancées par le gouvernement, notamment dans les domaines de la protection sociale, de la santé et de l'enseignement supérieur. Ils ont affirmé que les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire se sont engagées à former des professionnels compétents, hautement qualifiés et respectueux des principes éthiques de la profession médicale. Concernant la mise en œuvre des programmes de formation, Abdelatif Miraoui a précisé que les ministères ont organisé 14 sessions de dialogue avec les représentants des étudiants entre janvier 2023 et février 2024, en réponse au boycott des cours dans les facultés concernées. Les doyens, leurs adjoints et plusieurs professeurs ont participé à ces discussions pour évaluer la situation et trouver des solutions. Ces réunions ont également traité des mesures d'accompagnement de la réforme du système de santé et de l'enseignement supérieur, ainsi que de l'avancement de la réforme pédagogique. Elles ont permis de clarifier les raisons de la réduction de la durée de la formation, dans le but d'améliorer le système de santé et de mettre en place cette réforme de manière adéquate. La majorité des revendications satisfaites Par ailleurs, la plupart des revendications des étudiants en médecine, pharmacie et médecine dentaire ont été satisfaites. En effet, le gouvernement a répondu favorablement à 45 des 50 demandes présentées par la coordination des étudiants. Les pourparlers se poursuivent concernant les cinq points restants. Le ministre de l'Enseignement supérieur a également promis que des mesures seront prises pour rattraper le temps perdu durant les grèves, notamment en respectant le calendrier des examens. De son côté, Khalid Aït Taleb a souligné les défis auxquels le système de santé est confronté, expliquant que la réforme élaborée par les deux ministères vise à améliorer le système de santé et à renforcer les compétences professionnelles. En ce qui concerne les ressources humaines, il a souligné que le Royaume a besoin de 34.000 professionnels de santé supplémentaires, ce qui nécessite un renforcement de la formation dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. Il a appelé les étudiants à reprendre les cours, surtout après le lancement des réformes dans le domaine de la protection sociale. Kenza Aziouzi / Les Inspirations ECO