On ne sait plus à quel saint se vouer ! Entre les chiffres publiés par le Haut-commissariat au Plan en début de mois et ceux énoncés par Younes Sekkouri, ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, auxquels doit-on se fier ? Si le pourvoyeur national des statistiques avait fait était de la destruction de 297.000 postes au terme du troisième trimestre, le ministre, quant à lui, face aux conseillers au Parlement, fait état d'une création de près de 621.000 emplois, quasiment trois fois la moyenne annuelle des troisièmes trimestres des années 2021 et 2022. Ses chiffres sont étayés, affirme-t-il, par les déclarations de salariés effectuées auprès de la CNSS. Des chiffres qui affichent, selon lui, une variation nette «record», en 2022, frôlant les 313.000 salariés sur le plan sectoriel. Tout en attribuant un succès certain aux politiques gouvernementales visant à généraliser la protection sociale et à stimuler l'emploi, force est de constater que l'écart est, tout de même, considérable. Cela n'empêche pas Sekkouri de considérer que «la majorité des emplois perdus concerne l'emploi non rémunéré, en particulier en milieu rural et dans le secteur agricole», en proie aux changements climatiques et aux difficultés économiques. C'est même, à ses yeux, la principale cause de l'envolée du taux de chômage avec l'hécatombe subie dans l'auto-emploi, qui a vu pas moins de 686.000 postes partis en fumée, pour la plupart non rémunérés. D'où le déploiement du programme «Ana Moukawil». L'idée est de fournir un appui technique, des prestations de conseil d'une valeur allant jusqu'à 100.000 DH, ainsi que des formations et des conseils spécifiques pour 100.000 auto-entrepreneurs à l'horizon 2026. Espérons que, d'ici là, la tendance aura été inversée. Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ECO