Le ministre de l'Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Youness Sekkouri, a livré son analyse à la lumière des derniers chiffres publiés par le Haut Commissariat au Plan (HCP), selon lesquels le taux de chômage est passé de 11,4% en 2022 à 13,5% en 2023. De passage à la Chambre des Conseillers, mardi 14 novembre, Sekkouri a rappelé que le Maroc comptait près d'un million et 400.000 personnes actives en chômage avant l'installation de l'actuel gouvernement, reconnaissant explicitement l'augmentation de ce nombre : 1.625.000 de personnes en chômage et 297.000 postes perdus en un an. Ces chiffres sont attribuables à trois grands facteurs, a affirmé le responsable.
Primo, « l'emploi non rémunéré » qui a perdu près de 231.000 postes, a-t-il regretté. « Il s'agit essentiellement de personnes qui travaillent gratuitement pour le compte de leurs familles, dans le monde rural ». Outre l'agriculture, ces emplois non rémunérés se rapportent également aux secteurs du commerce et du BTP, c'est ce qui ressort généralement de l'évolution des chiffres dans le temps, a fait remarquer le ministre de l'Emploi.
Secundo, le nombre d'emplois perdus au T3-2023 pour l'auto-emploi a atteint environ 686.000 postes, a poursuivi Sekkouri, « ce chiffre nous a vraiment interpellés, mais il s'est avéré finalement qu'un bon nombre de personnes se sont déclarées sans revenus juste pour bénéficier des programmes sociaux lancés par le gouvernement », a-t-il précisé.
Tertio, s'est réjoui le responsable, l'emploi salarié a gagné 621.000 postes durant le 3ème trimestre 2023, un brin optimiste pour le secteur, comparativement aux 226.000 postes enregistrés pour les T3-2022 et T3-2021. « C'est un chiffre historique, une première dans l'Histoire du Maroc », s'est félicité Youness Sekkouri, attribuant ce succès aux efforts déployés dans le cadre du dialogue social.
Handicap et travail au Maroc
Dans un autre registre, le ministre a été interrogé sur la hausse du taux de chômage des personnes en situation de handicap. En réponse, Sekkouri a reconnu que le programme Awrach n'est malheureusement pas parvenu, dans sa première édition, à profiter à un nombre important de ces personnes, « c'est la raison pour laquelle nous avons décidé de consacrer près de 20.000 postes, parmi 100.000 opportunités d'emploi visés par Awrach 2, à plusieurs catégories, en tête desquelles figure cette catégorie ». « Les efforts sont insuffisants, mais nous avons pu intégrer près de 1000 personnes l'année dernière, notamment à travers l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC) », a regretté le ministre.
Où en est le programme "Ana Moukawil" ?
Dans la même perspective, le ministre a été interpellé sur l'état d'avancement du programme "Ana Moukawil" lancé en juin dernier au profit des très petites entreprises (TPE). Le responsable a annoncé dans ce sillage que le dispositif sera déployé avant la fin de 2023, rappelant ainsi que le nombre d'entreprises actives a atteint 317.695 unités à fin 2022, soit une hausse estimée à 8% en moyenne annuelle. 70% de ces entreprises relèvent du secteur des services, tandis que les TPE représentent 85% et emploient environ 18% du total des salariés déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le programme, qui vise à accompagner 100.000 entrepreneurs, porteurs de projets, auto-entrepreneurs, unités économiques informelles et petites entreprises à l'horizon 2026, nécessitera un budget de plus de 600 millions de dirhams (MDH), a-t-il précisé, notant que le gouvernement est en train d'élaborer un projet de décret sur l'octroi de subventions aux entreprises souhaitant investir, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Charte de l'investissement.