A travers cet entretien, Mohamed Jifer, directeur général du CRI de Laâyoune-Sakia El Hamra, revient sur les secteurs porteurs dans la région et les principaux gisements et projets d'investissement. Le Maroc a fait le choix de capitaliser sur le développement économique de ses Provinces du sud. Au niveau de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, quels sont les secteurs qui attirent le plus les intentions d'investissement ? Il s'agit essentiellement des secteurs d'avenir à forte valeur ajoutée relevant de l'économie bleue, en tant que nouveau positionnement stratégique des Provinces du sud, annoncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, dans ses discours à l'occasion du 45e et 47e anniversaire de la Marche verte. Dans ce cadre, les secteurs qui attisent de plus en plus la convoitise des investisseurs tant nationaux qu'étrangers, sont axés sur l'aquaculture, l'industrie en amont et en aval de l'écosystème de la pêche maritime et des énergies renouvelables, l'hydrogène vert et ses dérivés, et bien d'autres. Par ailleurs, d'autres filières à forte intensité énergétique commencent à émerger grâce au potentiel régional des énergies renouvelables, telles que les cimenteries et le secteur des industries mécaniques et métallurgiques (IMM). Comment évaluez-vous le niveau de compétitivité territoriale de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra en corrélation avec les autres facteurs concurrentiels tel que la mise en place des infrastructures, la mobilisation du foncier et le climat des affaires, surtout avec la nouvelle charte d'investissement ? Les avantages compétitifs sont multiples. La région jouit d'une position géographique favorable, à la porte de l'Afrique, renforcée par une connectivité exceptionnelle grâce à la voie express Tiznit – Dakhla. A cela, s'ajoutent les infrastructures portuaires et aéroportuaires de la région, ainsi que le futur port Dakhla Atlantique, conférant ainsi à la région un positionnement stratégique de trait d'union Nord-Sud et de «hub» africain par excellence, conformément aux ambitions du NMDPS. La région dispose également d'une offre foncière diversifiée et compétitive, dont la quasi-totalité de l'assiette relève du domaine privé de l'Etat. Il s'agit aussi de la réalisation d'une zone industrielle de 73 ha, en phase d'achèvement, et de deux zones d'accélération industrielle prévisionnelles à El Marsa, entre autres. Par ailleurs, plusieurs projets d'infrastructures de formation s'inscrivant dans le cadre du contrat-programme 2015-2021 sont actuellement achevés et ouverts aux étudiants, tels que le pôle universitaire, les instituts de formation professionnelle, la Cité des métiers et des compétences et la Faculté de médecine. Tous ces établissements dont la capacité d'accueil couvre largement la demande régionale, répondent aux besoins spécifiques de la région en matière de compétences, adaptées aux nouveaux relais de croissance. Qu'en est-il des secteurs de l'énergie ? Effectivement, la région est réputée pour son énorme potentiel d'énergie verte (éolien et solaire) dont la capacité installée a atteint environ 1,2 GW à date, et celle en développement s'élève à 1,1 GW, ce qui a permis, au-delà de la contribution significative dans la stratégie nationale de la transition énergétique, de renforcer l'attractivité du secteur industriel, en offrant un coût d'énergie compétitif et une capacité de décarbonisation des industries. Ce potentiel a également hissé la région au rang des pôles attractifs pour le développement de l'hydrogène vert et de ses dérivés, conformément à la feuille de route nationale en la matière. A cela, s'ajoute le grand potentiel des ressources naturelles onshore et offshore, telles que les ressources minières, halieutiques et les ressources hydriques non conventionnelles. Quant au climat des affaires, et à l'instar de toutes les régions du Royaume, Laâyoune-Sakia El Hamra offre un cadre incitatif à l'investissement axé, entre autres, sur la simplification des procédures administratives, un écosystème institutionnel régional favorable et performant sous le leadership de la Wilaya, une nouvelle charte de l'investissement qui est en phase avec les ambitions de la région. Dans le cadre de votre plan d'action, quels sont vos priorités pour impulser davantage cette dynamique d'investissement conformément à l'alignement stratégique de la réforme des CRI ? Etant au cœur du Nouveau modèle de développement 2021-2035 et des chantiers des réformes institutionnelles, initiés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, axés sur l'amélioration du climat des affaires et la promotion des investissements, nous œuvrons au quotidien pour mettre en œuvre les prérogatives élargies dévolues aux CRI. Nous continuerons à le faire dans le cadre des nouveaux chantiers, telle que la nouvelle Charte de l'investissement, en vue de traduire les potentialités évoquées de la région en projets d'investissement créateurs de richesses inclusives et générateurs d'emplois durables et de qualité. Concrètement, nous œuvrons à contribuer significativement, aux côtés des autres régions, à l'atteinte de l'objectif national fixé à 550 MMDH de Capex et 500.000 emplois à l'horizon 2026, conformément aux orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. À l'instar d'autres Centres régionaux d'investissement, celui de Laâyoune-Sakia El Hamra a lancé une étude pour la réalisation d'une banque de projets régionale. Quels sont les écosystèmes d'investissement identifiés ? En effet, sous l'impulsion de la Wilaya, nous avons développé une banque de projets multisectoriels axés sur les nouveaux relais de croissance de la région et visant à consolider le point d'inflexion enregistré dans la trajectoire d'investissement privé régional, tant sur le plan du volume que de la montée en gamme, en valorisant davantage les ressources de la région évoquées auparavant. Concrètement, nous avons identifié 80 idées de projets, réparties en quatre gisements de potentialités, à savoir l'économie bleue, l'industrie manufacturière, les services à forte valeur ajoutée et l'économie verte. Yassine Saber / Les Inspirations ECO