À l'aune de la préparation du projet de loi de Finances, l'ensemble des acteurs économiques formulent leurs doléances et leurs priorités. Celles de la Confédération marocaine des TPE-PME s'articulent autour des mécanismes susceptibles de stimuler la croissance de cette catégorie d'entreprises. L'augmentation du salaire minimum, dont la deuxième tranche devrait être accordée incessamment, ne fait pas que des heureux ! Si les grandes entreprises et celles de taille moyenne, arrivent à tirer leur épingle du jeu, pour les TPE-PME, cela représente une charge supplémentaire difficile à supporter. Pour Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME, cette mesure est certes positive pour les travailleurs, mais pour les petites entreprises, la hausse des coûts de main-d'œuvre alourdit considérablement la trésorerie. «Malheureusement, cette augmentation a été discutée uniquement avec le patronat et les syndicats, sans pour autant faire participer les TPE-PME, qui représentent plus de 97% des entreprises au Maroc. Cela peut entraîner des difficultés pour maintenir l'emploi et la compétitivité», martèle-t-il. Et face à une conjoncture particulièrement difficile, ce tissu entrepreneurial se trouve confronté à des défis qui ont un impact significatif sur l'activité et la croissance de ces entreprises. Une situation qui suscite l'inquiétude, d'où le cri d'alarme de la confédération, justement, en plein contexte d'élaboration du projet de loi de Finances 2024. D'ailleurs, les mesures prises dans les lois de Finances précédentes ne favorisent pas cette catégorie d'entreprises. Il s'agit, notamment, de l'augmentation des impôts qui exerce une pression additionnelle, surtout que les conditions économiques demeurent difficiles. Selon la confédération, ces hausses réduisent les marges bénéficiaires et limitent les capacités d'investissement et de développement des entreprises. Toujours en termes d'investissement, le resserrement de la politique monétaire a restreint l'expansion des TPE-PME. En dehors de l'aspect fiscal, d'autres facteurs, tels que le mouvement inflationniste qui sévit à l'échelle nationale, influent sur leur rentabilité. Les priorités Pour atténuer l'impact sur les TPE-PME et les auto-entrepreneurs, la confédération a dressé ses priorités qu'elle a soumises au gouvernement. Dans sa liste, elle revendique la révision à la baisse des augmentations fiscales lors du PLF 2024 afin que cette catégorie d'entreprises puisse se développer. En termes d'inflation, les professionnels requièrent l'instauration de mesures de compensation pour les TPE-PME et les auto-entrepreneurs qui sont directement touchés par les hausses des prix des carburants, soit en réduisant les impôts, soit en versant des subventions sous forme de chèques du programme «Ana Moukawil», lancé récemment. Concernant le dialogue social, la confédération appelle le gouvernement à l'intégrer dans les discussions et à prendre en considération les préoccupations et les besoins des entreprises qu'elle représente. «Il est important de souligner que le patronat ne représente pas l'ensemble du secteur privé et ne peut donc pas prendre de décisions en notre nom. Nous insistons sur l'importance d'une approche concertée et équilibrée qui tienne compte des différentes réalités et perspectives des acteurs économiques concernés», argue Abdellah El Fergui. Toutefois, l'accès au financement a toujours été pointé du doigt, notamment pour cette catégorie. À cet égard, les petits entrepreneurs réclament aux autorités de renforcer le programme de garantie des prêts, en encourageant les banques à offrir des conditions de prêts favorables et en promouvant les alternatives de financement telles que le capital-risque et le crowdfunding. Dans le même sens, la confédération lance un appel aux banques pour faire preuve de plus d'agilité quant aux échéances de remboursement de crédits. Des requête allant dans le même sens sont également adressées à la direction des Impôts et à la CNSS. Quant à l'accès au marché public, la confédération incite à l'application de la loi 156 octroyant un quota de 20% en faveur des TPE-PME. À noter que cette loi a été promulguée en 2013, mais son application n'est toujours pas effective. Dans sa lettre de doléances, elle a incité les grandes entreprises à envisager des contrats de sous-traitance avec les petites entreprises. «Notre confédération est ouverte à toutes propositions de partenariat de la part des grandes entreprises, qu'elles soient étatiques ou privées, qui souhaitent apporter leur aide aux TPE-PME et aux auto-entrepreneurs en difficulté. Nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement et les parties prenantes pour trouver des solutions durables aux défis économiques auxquels sont confrontées les petites entreprises», conclut le président de la Confédération marocaine des TPE-PME». Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO