Si on commence à relever un certain engouement auprès de la clientèle, l'intérêt pour les New energy vehicules est loin d'être à son apogée au Maroc. Alors que l'Europe compte plus de sept millions de véhicules hybrides ou électriques, moins de 5.000 ont été écoulés sur le marché national. C'est dire tout le chemin qui reste à parcourir sur la voie de la mobilité durable. S'exprimant à l'occasion du nouveau rendez-vous des Inspirations ECO, l'Invité des ECO, Adil Bennani, président de l'Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam) et DG d'Auto Nejma a fait le tour de la question. Le marché des New energy vehicules (NEV) – qui comporte l'hybride, le plug in hybride et le battery electric vehicul (100% électrique) – se développe à grands pas au Maroc. Les chiffres en témoignent. «Si en 2017, une seule marque proposait des voitures électriques et une autre des hybrides, aujourd'hui, elles sont pas moins de 17 à en commercialiser», se réjouit Adil Bennani, président de l'Aivam, qui a été précurseur en la matière en promouvant cette technologie, à une époque où personne n'y croyait. Cette année, six d'entre elles ont entamé la commercialisation de voitures 100% électrique. C'est dire l'abondance de l'offre disponible désormais sur le marché. Une offre qui a fini par rencontrer une demande, certes encore modeste, mais en progression constante. «Le marché est passé de 280 véhicules en 2017 à 4.900 en 2022 (ndlr : entre janvier et octobre). La part de marché des NEV a donc progressé de 0,2% à 3,6%», affirme Bennani. Par rapport à 2021, elle augmente de 1 point de pourcentage. La tendance haussière devrait, sans nul doute, se poursuivre, en particulier sous l'effet de l'offre. «Plus on avance, plus les constructeurs n'auront que ce type de véhicules à proposer», constate le président qui boucle cette année son ultime mandat à la tête de l'Aivam. Actuellement, les ventes de véhicules thermiques ne représentent plus que 40% des ventes globales en Europe. «Plus d'un véhicule sur deux dans la zone Europe est soit hybride, soit électrique», observe-t-il. C'est donc une marche forcée vers les modes alternatifs de mobilité durable puisque le Vieux continent a clairement affiché sa volonté d'aller vers le respect de l'environnement. Les constructeurs sont donc tenus de s'adapter. Autre argument en faveur du développement des NEV, le coût de la technologie, qui est en train de se démocratiser, connaît une tendance baissière. «Nous estimons pouvoir arriver, en 2025-2026, à une parité entre le prix d'un véhicule thermique et celui d'un véhicule électrique», se projette Bennani. Le prix ne constituera plus une barrière, c'est plutôt au niveau de l'usage que le bât blesse. «En achetant un véhicule électrique, il faut avoir l'infrastructure de charge qui va avec. Il y a aussi l'aspect de la vente privée de l'électricité, qui n'est pas encore réglementée au Maroc. Ces deux contraintes peuvent représenter un frein au développement de ce marché dans le Royaume», indique Bennani qui propose d'élaborer un modèle économique viable. «Le Maroc doit s'y mettre. Les constructeurs se sont fixés un «ultimatum 2030» au terme duquel ils ne vont plus produire de véhicules thermiques», prévient-il. Le développement des NEV est étroitement lié au réseau de bornes de recharges. «Tant que les véhicules ne disposent pas d'une autonomie qui dépasse les 1.000 km et des temps de recharge de 10 à 15 minutes, on aura besoin de bornes de recharge publiques. Pour cela, il faut des dispositifs bien ficelés», avance notre interlocuteur qui assure qu'un travail se fait au niveau de l'association, dans l'objectif de créer cet écosystème. Il faut pourvoir disposer d'au moins 2.500 bornes d'ici trois à quatre ans. Il est préférable que cela se fasse de concert avec les autorités et les différentes parties prenantes pour organiser ce nouvel écosystème. «Nous sommes en train de sensibiliser les pouvoirs publics pour nous accompagner dans cette dynamique», soutient le patron de l'Aivam. En parallèle, il prendra son bâton de pèlerin pour convaincre les opérateurs économiques et partenaires dans les offices et organismes publics, pour apporter une aide à la création de cet écosystème. «Plusieurs opérateurs montrent déjà leur intérêt», annonce-t-il. Il y va même de son petit pronostic estimant que d'ici 2030, on devrait atteindre 20 à 25% des ventes en véhicules électriques. Un objectif qui parait réalisable avec les 6.000 qui seront écoulés d'ici fin 2022. Pour lui, «c'est le cours de l'histoire du secteur automobile qui change, et on doit s'y inscrire. Sinon, le marché marocain sera dépassé». Plusieurs marques, notamment Mercedes et Peugeot, ont d'ores et déjà annoncé qu'elles ne produiraient plus du thermique à horizon 2030. L'Europe a annoncé la date de 2035. Il faut donc s'y mettre rapidement ! Sanae Raqui & Moulay Ahmed Belghiti / (avec Les Inspirations ÉCO)