Commandé par l'ONEE, un plan directeur national sur la mobilité durable verra le jour en 2022. Il permettra à l'office de dimensionner le système productif de l'énergie électrique, le réseau électrique, les infrastructures de recharge nécessaires pour promouvoir et développer la mobilité électrique ainsi que de faire le point sur le cadre réglementaire (tarification, commercialisation, etc.). Les détails. Le Maroc tisse sa toile dans le domaine de l'efficacité énergétique où il s'est engagé à baisser sa facture énergétique de 20% à l'horizon 2030. Pour parvenir à cet objectif, le pays a décidé, en plus des divers chantiers déjà en cours (mosquées vertes, éclairage public par des lampes à basse consommation, pompage solaire dans l'agriculture, chauffe-eaux solaires dans le résidentiel, installation de panneaux photovoltaïques dans l'industrie, tarification bi-horaire, audit énergétique obligatoire, tests de compteurs intelligents, lancement de bornes de recharge électrique 100% marocaine, etc...), de «verdir» son secteur du transport, responsable de 23% de ses émissions de gaz à effet de serre. C'est dans ce dessein que l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) vient de confier une étude au groupement BIP/EMC, qu'il a sélectionné suite à un appel d'offres, pour l'élaboration d'un plan directeur national sur la mobilité électrique. L'étude, qui sera livrée au courant du 3e trimestre 2022, sera principalement axée sur le dimensionnement idoine à opérer sur «le système productif de l'énergie électrique, le réseau électrique, le cadre réglementaire (tarification, commercialisation, etc.) et les infrastructures de recharge nécessaires pour promouvoir et développer la mobilité électrique, en vue d'assurer un maximum d'accessibilité et d'interopérabilité». Contre toute attente, elle ira aussi au-delà du domaine de prédilection de l'ONEE, à savoir la production et la distribution d'électricité. Un état des lieux détaillé du secteur de la mobilité électrique attendu En effet, le groupement BIP/EMC devra également livrer un état des lieux détaillé du secteur de la mobilité électrique dans le royaume, à travers plusieurs diagnostics. Un premier diagnostic du parc des véhicules thermiques en circulation par catégories et usages ainsi que leurs parts respectives dans la consommation de produits pétroliers, d'émission de GES et de pollution de l'air. Un second diagnostic du parc des véhicules électriques en circulation ainsi que des infrastructures de recharge en service, qui sera complété par une enquête de perception auprès des usagers existants et potentiels. Un troisième diagnostic du parc des véhicules hybrides ainsi que des technologies disponibles et potentiellement accessibles. L'ONEE espère que l'étude révèlera que des véhicules à hydrogène existent au Maroc. En tout cas, l'étude livrera aussi un quatrième diagnostic sur l'offre du marché de la mobilité électrique, à travers une analyse des attentes des acteurs de l'écosystème notamment les constructeurs, les concessionnaires, les fabricants de bornes de recharge, les exploitants de stations-service, etc...Sans oublier le détail des diverses initiatives prises par les pouvoirs publics pour développer la mobilité électrique au Maroc, notamment les politiques et stratégies en préparation, les mesures incitatives, les programmes d'aides et de subventions, les fonds et financements dédiés, etc... et un benchmark pour s'enquérir des best practices en vigueur dans d'autres pays. Objectif : baisser de 35% les émissions de GES du secteur du transport en 2030 Bref, la mise en œuvre du plan directeur, qui sera issue de l'étude, devra permettre de faire baisser les émissions de GES du secteur du transport routier de 35% à l'horizon 2030, soit 50 millions de tonnes de CO2 en moins dans ce domaine à cette échéance. En attendant, signalons que cette étude sera, en quelque sorte, une actualisation des résultats de l'étude de la Fédération de l'énergie sur la mobilité durable en 2018. En effet, cette dernière, qui avait ratissé très large, peut fournir de précieuses informations qui pourront enrichir les diagnostics demandés. Par exemple, elle avait révélé que seules 93 voitures électriques (VEB et VHR) étaient répertoriées sur le marché en 2018, soit 0,02% du parc de voitures au Maroc. En incluant le full hybride (à motorisation thermique), il y avait environ 1.300 véhicules vendus durant les années 2016, 2017 et 2018, avec une prédominance du marché du full hybride qui a fait la plus forte progression (x6 en 3 ans). En matière de bornes de recharge, seules 50 prises de recharge étaient installées en 2018, dont 37 au niveau de stations-service sur l'axe autoroutier Tanger-Agadir. Le benchemark international avait aussi souligné qu'il faut réunir cinq facteurs clés pour réussir à développer un marché de véhicules électriques. Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO