Le dernier rapport du Conseil mondial de l'énergie éolienne prédit une forte concurrence sur l'attrait des investissements en Afrique du Nord. Près de 6 milliards d'euros seraient investis dans la région, rien qu'en 2030. Le Maroc affute ses armes et présente garantie de rachat et compétitivité comme grands atouts On le sait déjà, le Maroc est parti, depuis une dizaine d'année déjà, sur une diversification de ses sources d'énergie, notamment sur le segment de l'éolien. Une vision de développement que le royaume partage avec d'autres pays de la région -notamment l'Egypte, la Tunisie et l'Algérie- créant ainsi une forte concurrence dans les capacités d'attrait des investissements, dont dispose chacun de ces pays. Cela est l'un des enseignements mis en avant par le «rapport mondial sur l'énergie éolienne», un pavé de plusieurs pages que vient de publier le Conseil mondial de l'énergie éolienne (Gwec, acronyme en anglais). L'organisme non-gouvernemental s'est ainsi livré à des propositions de scénarii sur les prochaines évolutions des ressources éoliennes, sur la base des différentes stratégies nationales. Menant une analyse globale sur la région nord-africaine, le rapport du Gwec avance ainsi des perspectives chiffrées sur les retombées à attendre de l'aboutissement de ces stratégies nationales. La première est d'ordre financier et porte sur des investissements annuels attendus dans la région de l'ordre de 4,6 milliards d'euros en 2020 et de 5,6 milliards d'euros en 2030. En second lieu, les experts du Gwec s'attendent ainsi à ce que l'industrie éolienne soit l'une des plus importantes du continent et de la région nord-africaine. Le développement de filières locales spécialisées sur le segment de l'éolien devrait ainsi permettre la création de 60.000 à 80.000 nouveaux emplois. Garanties et compétitivité des prix Où se situe le Maroc dans toutes ces projections ? Quels sont les atouts du royaume pour s'assurer de l'attrait d'une bonne part de ce vent financier qui soufflera dans la région ? Mohamed Aït Hassou est le directeur du développement énergétique à la Société d'investissements énergétiques (SIE), le «bras financier» de la stratégie nationale des énergies renouvelables estime que «le système de garantie que nous proposons aux opérateurs voulant investir le segment est notre principal atout». Et de préciser : «autrement dit, l'ONE leur concède l'espace géographique qu'il faut et l'engagement à racheter aux investisseurs une partie ou la totalité de l'électricité produite». «Cette garantie permet aux investisseurs d'avoir une visibilité sur leurs marchés», ajoute Aït Hassou. D'autres arguments sont avancés pour ne citer que la compétitivité des prix de production et de vente par mégawatt produit. Par ailleurs, d'un point de vue général, «nous bénéficions déjà d'une stabilité politique et économique qui crée l'environnement qu'il faut», explique le responsable. L'Egypte, à suivre de près Pour le Maroc, les objectifs chiffrés veulent que ce soit 1.500 MW en capacité installée d'éoliennes en 2012, contre 253 MW fin 2009. Les auteurs de l'étude sont revenus sur le projet de Tarfaya, qui devrait porter sur une capacité installée de 300 MW, ainsi que sur d'autres initiatives lancées par de grands groupes locaux pour assurer leur propre approvisionnement en énergie électrique propre. En Egypte, qui constitue l'un des voisins du royaume les plus menaçants en termes de potentiels, c'est 7500 MW de fermes éoliennes qui devraient sortir de terre, d'ici 2020. À cela s'ajoutent l'Algérie et la Tunisie. Ces deux pays, qui étaient en retrait dans le domaine éolien, cherchent depuis l'année dernière à rattraper leur retard.