Ce n'est pas à la population de payer les pots cassés. Depuis la réduction drastique du nombre d'octrois de visas pour la France, la situation ne fait que se compliquer donnant ainsi naissance à un nouveau phénomène, celui des intermédiaires. Une démarche qui, non seulement exacerbe les demandeurs de visas, mais revient également plus chère. Une anarchie qui devrait prendre fin avec la mise en place de la nouvelle plateforme destinée à regrouper l'ensemble des services consulaires. Visiblement, une nouvelle plateforme, au niveau international, devrait voir le jour dans les mois qui viennent. Elle sera dédiée aux services consulaires en faveur des Français résidant à l'étranger et également aux prises de rendez-vous pour les visas. Les bruits de couloir laissent entendre, par ailleurs, que le ministre français de l'Economie va probablement s'exprimer sur le sujet en octobre prochain. Une source proche du dossier déclare, sous le sceau de l'anonymat, qu'un appel d'offre a été lancé dernièrement pour la mise en place de cette plateforme. Ras-le-bol Dans un sens, il s'agit d'une bonne nouvelle pour les Marocains car les intermédiaires, qui ont proliférés ces derniers temps, font des ravages et échappent à tout contrôle. Avec la mise en place de cette plateforme, ils seront chassés d'un revers de main. À noter que la situation devient intenable, et la population ne cesse de se plaindre de la complexité de ces procédures. En effet, c'est le parcours du combattant pour décrocher le sésame depuis que la France a durci le ton en décidant de restreindre de 50% l'octroi de visas aux ressortissants marocains. Une situation qui a laissé le champ libre à des individus qui, en contrepartie d'une somme d'argent correspondant aux frais du visa, «se débrouillent» pour obtenir le précieux laissez-passer! Un business d'autant plus juteux que la procédure a gagné, depuis,en complexité. Ainsi, c'est la croix et la bannière pour accéder aux services de TLS Contact, l'agence de relais, quel que soit le profil du demandeur, rendant incontournable le recours à ces fameux intermédiaires pour prétendre décrocher un rendez-vous. Si la première étape se déroule dans la douleur, il en va de même pour la seconde qui s'avère même plus ardue. Outre les délais de réponse, de plus en plus longs, bon nombre de demandes se soldent par un refus sans pour autant que la moindre justification soit avancée. Hommes d'affaires, touristes et même artistes se sont vu refuser le visa pour la France. D'ailleurs, le dernier en date est celui d'un rappeur marocain qui avait prévu de tenir un concert. Quelques semaines auparavant, ce sont des cadres de l'OCP, qui devaient participer au salon Vivatech, qui ont vécu la même mésaventure. Aucun critère plausible ne semble être pris en compte dans la sélection, donnant le sentiment que c'est au petit bonheur la chance. Ainsi, des personnes, qui avaient l'habitude de se rendre dans l'Hexagone pour différentes raisons, n'ont pas réussi à obtenir le précieux sésame. Pour s'enquérir de cette situation qui suscite l'ire de la population marocaine, nous avons contacté Karim Ben Cheikh, élu à la tête de la 9e circonscription des Français de l'étranger, couvrant le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest. Mais ce dernier n'a pas répondu à notre sollicitation. Il faut une intervention De son côté, Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français de l'Etranger, estime que l'on peut se débarrasser de ces intermédiaires qui gênent en changeant de système, comme c'était le cas dans d'autres pays en Afrique, notamment. Toutefois, concernant le refus, la sénatrice trouve la situation inadmissible (Voir dixit). En effet, dans cette histoire, c'est la population qui paie les pots cassés sauf pour les plus nantis, qui arrivent à faire intervenir des personnes haut placées pour se faire délivrer le visa, comme en témoigne la sénatrice. «J'ai été sollicitée par plusieurs personnes pour intervenir auprès du consulat en vue de délivrer un accord pour un visa. Ce qui est décevant, c'est que même les cas les plus critiques ne sont pas pris en compte. En fait, j'ai été appelée pour qu'on accorde le visa à un Marocain qui dispose d'un dossier médical en France. À son retour au Maroc, il a fait des complications postopératoires, il fallait ainsi repartir en urgence en France.Le délai d'attente pour recevoir un retour a été tellement long que la personne s'est retrouvée aux urgences dans un état critique. Suite à mon intervention, elle a pu obtenir son visa dans la journée.Ce n'est pas normal, de plus cela ne relève pas de mes prérogatives», s'indigne-t-elle. Par ailleurs, pour contourner ces démarches humiliantes, beaucoup de Marocains s'orientent vers d'autres pays Schengen. Mais c'est loin d'être une solution au problème. Qu'en pense la diplomatie marocaine ? Seuls les visas Schengen sont concernés Il est important de signaler que les restrictions concernent exclusivement les visas Schengen. En effet, les demandes de visas à territoire limité n'ont subi aucun changement. Selon une source proche du dossier, le nombre de visas pour étudiants délivrés serait ainsi passé de 10.000 à 12.000 durant cette période. Selon lui, les règles que le Maroc a appliquées pour l'entrée sur son territoire, même pour les «Haraguas», ont compliqué la situation, d'où l'entêtement de la France. À cet effet, il constate que les Marocains se montrent désormais plus coopératifs, ce qui laisse présager un retour prochain à la normale, comme c'est le cas pour la Tunisie. Pour rappel, en 2019, le taux de refus d'octrois de visas n'était que de 18% au Maroc. Maryam Ouazani / Les Inspirations ECO