«L'art est mon auto-thérapie. Celle par laquelle je cherche interminablement l'inconnu dans ma nature», philosophe Omar Mahfoudi. Une sorte d'automédication qui prend toutes les formes, pourvu qu'elle panse les blessures. Des personnages gluants, capricieux, instables et déformés. Des (dé)figures, des animaux, des corps matérialisés par tous les moyens. Tout prête à l'accomplissement par le truchement du questionnement existentiel. À 28 ans, l'artiste peintre aurait déjà arpenté une part de la vérité, via l'art. La «Rage» d'exister ! De la peinture à la recherche, de la vidéo à la photographie, le vécu de l'artiste malgré qu'il soit fait de toutes les couleurs, donne la «rage». Dernière réalisation du jeune artiste, «Rage» est une exposition de peinture qui vient compléter «Souffle d'art et de colère», exhibition précédente à la villa des arts à Casablanca. Deuxième exposition individuelle de l'artiste, «Rage» est le dessein du désarroi de cet enfant de la perle du nord. Face à une société marocaine composée et multiple, Mahfoudi la reflète. À travers des portraits et autoportraits tordus, irréguliers et troublés, il présente un travail contemporain à grandes sensations. Accrochées au mur de la galerie Dardart de Tanger, les toiles saisissantes de Mahfoudi invitent jusqu'au 18 janvier 2010 au mécontentement, à la satire, au plaisir. À la vie ! Françis Bacon ou Amedeo Modigliani ? Natif de Tanger, Omar Mahfoudi cumule depuis l'an 2000 les participations aux expositions collectives. Très souvent à Tanger, que ça soit au musée de la Kasbah, à la cinémathèque ou à l'institut Cervantés, il déambule peu dans les autres villes, côtoie ses confrères et exprime librement un monde à lui seul. Comme celui qu'il a bâti dans son atelier de Tanger, une caverne d'art, bourrée de croquis, de toiles et d'accroches, ayant pour seule ouverture un judas qui ajoure le lieu et redonne vie à un bric-à-brac de créativité et d'émotions. Celui qui a déjà exposé en Allemagne, en Espagne, aux Etats-Unis, en France ou encore au Danemark fait revivre, à travers son art, l'histoire de la peinture du siècle dernier. Plus précisément à l'univers qu'Amedeo Modigliani a conçu, lui et ses amis à Paris. Des dessins sur le «fashion-terrorisme», des réalisations intimistes sur support banal, des peintures «vie en rose» viennent ornementer le parcours d'un artiste pluridisciplinaire, nostalgique et départagé.