Les détenus salafistes dans les prisons marocaines entament une grève de la faim de 24h, mercredi 30 décembre, en signe de solidarité avec les islamistes en grève de la faim depuis le 24 novembre dernier à la prison de Oukacha à Casablanca. Le même jour, l'Association Ennassir, qui regroupe les familles des détenus salafistes, organise un sit-in devant cette même prison pour «attirer l'attention de l'opinion publique sur le sort des grévistes de la faim». Au cours de ce mois de décembre, Ennassir avait tenté d'organiser deux sit-in à Rabat devant le ministère de la Justice et devant le CCDH (Conseil consultatif des droits de l'homme). Ces deux sit-in avaient été interdits par les autorités de la capitale. Lundi dernier, le comité de coordination sur les prisons, qui regroupe neuf organisations des droits de l'homme, dont l'AMDH, le FMFJ et l'Observatoire marocain des prisons, avait envoyé une lettre au Premier ministre (dont la Délégation générale de l'administration pénitentiaire est sous la tutelle) pour «attirer son attention sur les conditions désastreuses des prisons au Maroc et sur l'état critique des grévistes de la faim parmi les salafistes à Oukacha». Selon les ONG, parmi les cas les plus critiques dans cette prison, figure celui de Abdelatif Amrine qui souffre d'hémophilie. Ce dernier a été condamné après les attentats du 16 mai, libéré en 2005, puis condamné une deuxième fois après les attentats de hay El Farah en 2007. Il y a aussi le cheikh Hassan Kettani en cellule d'isolement et Abdelali Mjahdi à la prison de Salé. Selon Abderahim Mouhtab, SG d'Ennassir : «Depuis le mois de décembre 2008, on attend l'activation de l'initiative dite de dialogue avec les détenus salafistes pour trouver une issue à ce problème». 1.000 salafistes purgent des peines d'emprisonnement Si le dialogue avec les salafistes est une demande émanant des ONG et parfois de l'Etat lui-même, les familles des salafistes demandent l'allégement des conditions de détention et le transfert des détenus vers des prisons à proximité de leur famille. Selon une source proche de la famille Kettani, cette dernière demande son transfert à la prison de Salé «pour des raisons de proximité avec ses proches». Entre 800 et 1.000 détenus islamiques purgent des peines d'emprisonnement dans les établissements pénitenciers du pays, selon une source proche du dossier. Parmi eux, 700 ont été détenus depuis les événements du 16 mai 2003 à Casablanca. Depuis les attentats de hay El Farah à Casablanca en 2007, une dizaine de cellules intégristes en gestation ont été démantelées un peu partout dans le pays. Pour se prémunir du futur Selon Me. Abderrahim Jamaï, membre de l'Observatoire marocain des prisons (OMP), «La situation des prisons marocaines est dramatique. D'une part, il y a un surpeuplement qui nuit à la dignité physique et humaine des détenus. De l'autre, les centres de détention pour mineurs sont tout, sauf des endroits qui pourraient permettre à de jeunes délinquants de s'intégrer dans la société»... Pour cet avocat au barreau de Rabat, bon nombre de citoyens se trouvent en prison alors qu'ils pouvaient écoper de peines non privatives de liberté, comme le service pour intérêt général: «La réforme de la loi sur les prisons est d'une grande urgence, étant donné que l'actuelle loi donne beaucoup de latitude aux directeurs des prisons, ce qui laisse la porte ouverte à tous les abus. Finalement, il est temps de créer une commission nationale qui regroupera ONG et parlementaires, afin de trouver une solution à ce problème des prisons, qui risque de devenir encore plus dramatique dans les années à venir».