Directeur Afrique du Nord de Suez Suez Maroc se positionne comme l'acteur de référence des industriels marocains dans leur démarche de décarbonation. Benjamin Vauthier détaille la stratégie de l'opérateur, présent au Maroc depuis plus de 18 ans, et dévoile ses ambitions futures. Comment se porte l'activité de Suez Maroc à date d'aujourd'hui ? Aujourd'hui, Suez est leader des solutions de traitement et de valorisation des déchets au Maroc et ceci grâce à une politique commerciale et d'innovation dynamique qui est à l'écoute du marché. Depuis plus de 18 ans, nous accompagnons les collectivités locales et les industriels marocains dans la mise en place de solutions 100% digitalisées, en parfaite adéquation avec leurs objectifs environnementaux et de développement durable. Par exemple, dans le domaine du traitement et de la valorisation des déchets, Suez dispose du seul et unique centre d'élimination et de valorisation au Maroc, situé dans la ville de Meknès, et capable de traiter les lixiviats (liquide résiduel provenant de la décomposition naturelle des déchets et du ruissellement d'eau de pluie) de manière exemplaire. À ce jour, plus de 200.000 m3 de lixiviats ont été traités et transformés en eau de qualité agricole. Ce site est une vitrine de l'expertise de Suez à l'échelle nationale et continentale avec des composantes environnementales et sociales aux normes internationales (captage et valorisation du biogaz, intégration des chiffonniers, production de compost...). Nous souhaitons nous positionner sur ce marché en proposant aux villes marocaines une offre «Green Landfill», intégrant une proposition de valeur globale. En ce qui concerne la valorisation des déchets industriels, notre stratégie, amorcée depuis quelques années, porte aujourd'hui ses fruits puisque nous sommes le partenaire de référence de nombreuses entreprises marocaines travaillant dans divers secteurs d'activité (automobile, aéronautique, agroalimentaire…). Notre ambition de développement dans ce domaine a été renforcée par un programme de création de plateformes multimodales de traitement des déchets industriels dans les zones d'accélération économique relevant des régions de Casablanca, Kénitra et Tanger, et qui offrent aux industriels des prestations de proximité. Ces plateformes affichent actuellement des taux de valorisation de plus de 90%. La croissance que connaît Suez Maroc conforte nos choix stratégiques de développement et ouvre la voie à la mise en place de nouveaux projets dans les domaines de la préservation de l'environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique. Quels sont les chantiers phares de Suez Maroc ? Comme cité précédemment, nous concentrons notre action autour de trois chantiers. Le premier concerne le déploiement de l'offre Green Landfill au profit des villes marocaines. Dans ce sens, Suez propose à ces dernières une nouvelle approche de gestion des déchets sur les sites d'enfouissement, en exploitant toutes les ressources pour en faire des sites à impact positif: production de compost et de combustibles à partir des déchets, aucune émission de méthane provenant des déchets, un bilan énergétique positif, aucun lixiviat rejeté dans le milieu naturel avec une réutilisation de l'eau produite en agriculture pour faire face au stress hydrique... Les Green Landfill offrent donc des taux de valorisation élevés, en ligne avec les directives nationales du Royaume et sa stratégie de transformation énergétique et de développement durable. Le second chantier concerne la proposition de solutions innovantes d'économie circulaire à proximité. En effet, Suez a été pionnier au Maroc dans la mise en place de solutions environnementales innovantes au profit des industriels. Nous avons également renforcé et développé des outils de traitement respectueux des normes internationales et introduit des outils digitaux pour une meilleure gestion. Aussi, nous sommes aujourd'hui la seule entreprise du secteur à détenir la quadruple certification ISO (Qualité, environnement, santé & sécurité au travail et sécurité routière). Dès 2014, nous avons mis en place une plateforme à Bouskoura au service des industriels installés dans le périmètre du Grand Casablanca. En 2020 et 2022, nous avons démarré l'exploitation de 2 nouvelles plateformes de valorisation dans les zones franches de Kénitra et de Tanger, en complément d'autres activités du Groupe exercées par Boone comenor metalimpex, filiale de Suez implantée sur la TFZ, spécialisée dans le recyclage des déchets métalliques. Ces plateformes multimodales permettent d'apporter des solutions de collecte, de tri et de prétraitement des déchets générés par les industriels (carton & papier, plastique, bois, métaux ferreux et non ferreux, résidus industriels spéciaux) avec une capacité de 100.000 tonnes par an. Suez a investi plus de 60 MDH dans ces 2 plateformes créant ainsi des emplois directs et indirects. Quant au troisième chantier, il concerne l'accompagnement des acteurs locaux vers une économie bas carbone : face au défi que représente la transition vers une économie durable, Suez Maroc se positionne comme l'acteur de référence des industriels marocains dans leur démarche de décarbonation. Quels sont, justement, les étapes de cette démarche ? Nous avons développé une méthodologie en trois temps, à savoir mesurer, réduire et compenser. Pour le premier axe, il faut savoir que la digitalisation des activités opérationnelles de Suez permet aux industriels de disposer d'une «facture» carbone conforme aux normes internationales. S'agissant du second axe (réduire), Suez Maroc propose aux industriels des solutions pour réduire et recycler leurs déchets afin de réduire leur empreinte carbone. En ce qui concerne la compensation (troisième axe), nous développons des projets qui permettront d'instaurer un système de compensation des émissions via l'achat de crédits carbone issus des sites marocains de valorisation des déchets. À votre avis, quels sont les freins à la préservation de l'environnement au Maroc et comment les dépasser ? Tout d'abord, il faut rappeler que le Royaume du Maroc affiche une volonté ferme de faire du développement durable le fer de lance de sa stratégie de croissance, grâce à la vision éclairée de S.M. le Roi Mohammed VI. Il dispose, d'ailleurs, d'atouts incontestables pour concrétiser une telle politique. À mon avis, si le pays doit se concentrer sur un objectif pour faire de sa stratégie un succès, ce serait la conciliation entre les enjeux économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Certes, le pilier économique est la base d'une économie verte et durable, mais il est voué à l'échec si les disparités sociales demeurent flagrantes et s'il y a une faiblesse ou absence d'une politique de prise de conscience écologique passant par l'éducation et sensibilisant à la protection des ressources. En tant qu'acteur dans le domaine de l'environnement, nous préconisons aussi l'intégration du volet écologique dans toutes les politiques publiques (transport, habitat...). Quelle incidence du rapprochement Veolia-Suez sur l'activité de Suez au Maroc? Les activités Recyclage et Valorisation de Suez au Maroc ont été transférées intégralement au consortium d'actionnaires, constitué de Meridiam, GIP, la Caisse des dépôts et CNP assurances, qui a racheté à Veolia le périmètre du nouveau Suez dès le 31 janvier 2022. En ce qui concerne les activités d'eau et d'électricité portées par la société Lydec, elles seront transférées à Suez sous réserve de l'obtention des autorisations de l'autorité délégante et de l'autorité de tutelle. Qu'en est-il de vos perspectives au Maroc? Suez Maroc se fixe comme objectif de doubler son chiffre d'affaires à l'horizon 2024. Cet objectif sera atteint grâce à nos projets créateurs de valeur dans le domaine de la gestion des déchets, à savoir le gain et le renouvellement des contrats industriels, la croissance des activités de nos plateformes de traitement et de valorisation des déchets industriels, le gain de contrats Green Landfill ainsi que le développement des offres de réduction d'empreinte carbone. Avec nos équipes marocaines, Suez doit apporter des solutions locales et concrètes aux problématiques environnementales existantes (traitement des lixiviats, stress hydrique...) et privilégier un transfert de savoir-faire vieux de plus de 160 ans. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO