Après l'annonce des résultats 2012, l'heure est à la répartition des bénéfices et contrairement aux attentes du marché, les entreprises du Masi se montrent plutôt généreuses. Même si le montant reste quasi stable par rapport à son niveau de l'année dernière (19 MMDH de dividendes en 2011), il est en déphasage avec l'évolution des bénéfices. Alors que la capacité bénéficiaire globale de la cote casablancaise est ressortie en dégradation de 10,2% à 26,9 MMDH à fin 2012, les sociétés cotées, elles, verseront près de 18,9 MMDH de dividendes, soit près de 75% de leurs bénéfices. Dans le détail, certains secteurs affichent même des taux de distribution qui dépassent les 100% des résultats. C'est le cas notamment pour les mines. Le secteur ressort avec le meilleur Pay-out sectoriel, soit 109,1% (contre 51,5% en 2011). «Cette situation s'explique essentiellement par la hausse significative des dividendes de la Compagnie minière de Touissit (CMT) à 505 DH par action contre 10 DH en 2011», expliquent les analystes d'Upline Group. À cet effet, la masse des dividendes du secteur s'élargit de 156,6% à 1,1 MMDH. Le secteur de la distribution le suit de très près. Il affiche en effet un taux de distribution global de 108,1%. Ce dernier est en amélioration de 58,9 points par rapport à 2011. «Le secteur profite de la distribution, pour la première fois depuis trois ans par Label'Vie, d'un dividende autour de 149,5 MDH», expliquent les analystes. Contraintes réglementaires Malgré un repli de 17,5% de ses bénéfices à 6,7 MMDH, Maroc Telecom fait encore partie des sociétés les plus généreuses de la cote. Le taux de distribution dépasse, comme d'habitude, les 100% des résultats. C'est dire que ses deux actionnaires de référence, Vivendi et l'Etat marocain, profitent pleinement des bénéfices de l'opérateur historique. D'autres secteurs ont également rémunéré généreusement leurs actionnaires. Il s'agit de l'industrie pharmaceutique, des cimentiers et des sociétés de financement. Il n'en demeure pas moins que d'autres ont fait l'exception. Les bancaires, les assurances, les immobilières ou quelques sociétés du BTP sont des exemples édifiants dans ce sens. Quoique la masse des dividendes du secteur bancaire se soit bonifiée de 14,3% à 4.291,9 MDH, le Pay-out moyen ressort à 59,4%. «Le niveau faible du taux de distribution du secteur bancaire est dû à des contraintes réglementaires exigeant des fonds propres en adéquation avec le niveau des engagements», soulignent les analystes. Dans ces conditions, deux banques, en l'occurrence Attijariwafa bank et Crédit du Maroc, devraient proposer à leurs actionnaires la conversion de leurs dividendes en actions, en anticipation du relèvement attendu du ratio de solvabilité minimum à 12% et l'instauration d'un ratio Tier 1 minimum à 9%. Dans le sillage des banques et parallèlement à la dégradation de leurs résultats, le Pay-out du secteur des assurances se situe à 41,8%. Pour cause, les dividendes du secteur ont affiché une régression de 17,7% à 447,2 MDH. Cette baisse est justifiée exclusivement par la baisse du dividende distribué par Atlanta. Celui-ci passe de 2,6 DH par action en 2011 à 1 DH par action en 2012. Les immobilières ont également été quelque peu généreuses. Même si les dividendes à distribuer au terme de l'exercice 2012 sont en évolution (16%), le taux de distribution, lui, s'établit à 47,8% contre 53,8% en 2011. À noter que pour quelques sociétés du secteur, les dividendes peuvent être convertis en actions. Addoha présente une option de conversion sur la base d'un cours en Bourse de 60 DH l'action. De même, Alliances propose à ses actionnaires une conversion de 50% au maximum des dividendes en actions sur la base d'un cours unitaire de 500 DH. Dividendes polémiques La dépréciation du taux de distribution du secteur des BTP (hors cimentiers) est à mettre à l'actif de Jet Alu. La société, malgré la nette appréciation de son résultat net, a décidé de distribuer uniquement 35% de son bénéfice (contre 53,2% une année auparavant). Les deux autres sociétés, à savoir Aluminium du Maroc et Afric Industries distribueront respectivement 94,9 et 88,9% de leurs résultats. Eu égard à cette situation, le montant total des dividendes s'est traduit par un repli de 14,9% à 74,2 MDH. Le Pay-out du secteur passe de 80,9% en 2011 à 58,8% en 2012. Par ailleurs, le rendement de dividende de la cote affiche un niveau intéressant. Il ressort aux environs de 4,4%, selon les calculs d'Upline Group. Dans un contexte où la Bourse n'arrive pas à renouer avec la croissance, faut-il se réjouir du niveau important des dividendes des sociétés du Masi ? «Sur un marché qui n'arrive pas à décoller, un dividende important peut constituer un bon signal sur le court terme. Il reste en effet le seul moyen pour les investisseurs leur permettant de rentabiliser leurs portefeuilles», nous explique un analyste de Sogécapital Bourse. En revanche, pour un autre analyste, «le dividende peut éveiller les craintes du marché, dans un contexte de conjoncture difficile. Les gérants des sociétés cotées semblent trop optimistes». Les milliards de bénéfices versés aux actionnaires créent ainsi la controverse. Pour certains, il serait préférable de les placer en réserve dans la perspective de temps difficiles Télécharger Le PDF ECO épargne & investissement