Les sociétés cotées marocaines n'adoptent pas une politique ciblée en termes de ratio de distribution des dividendes. Par prudence, le top management fixe le montant de cette rémunération, en se référant plus au dividende retardé, qu'au bénéfice courant. Une pratique qui se confirme annuellement après la publication des réalisations financières. L'année 2011 ne déroge pas à cette règle. Bien que les résultats dans leur globalité, soient jugés décevants, les sociétés semblent avoir maintenu leur effort de distribution, comme en atteste le pay-out moyen (taux de distribution) qui dépasse les 70% pour les 70 valeurs qui ont communiqué sur leurs dividendes. Par contributeur, Maroc Telecom arrive en pôle position avec un montant de 8,14 MMDH, soit près de 43,2% de la masse des dividendes provisoires établis à près de 18,8 MMDH. Loin derrière, Attijariwafa bank et Lafarge Ciments représentent respectivement 8,7% et 6,1% de la masse globale des dividendes. Par secteur, la générosité des sociétés varie en fonction des contraintes réglementaires, de la capacité bénéficiaire et de la politique d'investissement. Ainsi, selon la dernière lettre élaborée par le département analyses et recherches d'Upline Group, les établissements de crédit assujettis à des contraintes réglementaires, notamment au niveau du ratio de solvabilité, affichent un taux de distribution relativement faible. Pourtant, la masse des dividendes s'est étoffée de 12% à 4,15 MMDH, profitant notamment de la croissance des résultats. Le pay-out moyen s'est donc amélioré de 2,9 points à 55,8%. Au même titre que les banques, les compagnies d'assurances, soumises à des contraintes réglementaires, impactant le niveau de distribution des dividendes, ont vu leur taux de distribution moyen se stabiliser à 42,1%, avec une masse des dividendes qui s'élargit de 5,3% à 543,5 MDH. Quant au secteur des BTP et matériaux de construction, il devrait afficher selon la même source, une amélioration de 3,3% à 2,2 MMDH des montants distribués et ce, suite à l'enrichissement de 3,7% de la capacité bénéficiaire du secteur. Plus de la moitié des dividendes (51,5%) seraient distribués par Lafarge. L'autre moitié serait générée par les valeurs Holcim et Ciment du Maroc avec des pourcentages respectifs de 24,5 et 22,6%.Le secteur de l'immobilier, qui clôture l'exercice 2011 sur des réalisations satisfaisantes, devrait faire état d'une réduction de 6,27% de la masse des dividendes à 991,7 MDH, suite notamment à Addoha qui a limité son montant de distribution à 472,5 MDH contre 630 MDH en 2010. Soit un taux de distribution de 39,53%. S'agissant de l'agro-alimentaire & boissons (Lesieur non intégré dans les calculs), qui est en panne de rentabilité surtout avec le renchérissement des matières premières, il ressort, d'après les analystes d'Upline Group, moins généreux qu'en 2010. Le montant à distribuer serait de 1,32 MMDH pour un pay-out qui s'apprécie de 2,2 à 85,6%, soit largement au dessus de la moyenne du marché. Par valeur, Centrale Laitière ressort en pôle position avec une contribution de 36,6% dans les dividendes du secteur, tandis que Cosumar y participe à hauteur de 31,8%. Il en est de même pour le secteur des mines, qui en dépit des résultats nets en progression à deux chiffres, distribue un montant qui ne s'apprécie que de 6,1% à 415,1 MDH, réduisant le taux de distribution sectoriel à 51,5% contre 69,7% en 2010. Ainsi, d'après les analystes, les sociétés minières semblent vouloir maintenir leur politique d'investissement, afin de se doter des moyens leur permettant de saisir toute opportunité de croissance. Ce qui n'est pas le cas des secteurs de la distribution et des logiciels et matériels informatiques qui filent un mauvais coton. En effet, pâtissant d'une conjoncture nationale et internationale peu propice, se traduisant par des résultats en dégradation, le secteur de distribution devrait enregistrer une détérioration de 21,6% à 64,8 MDH du montant des dividendes au titre de 2011. Dans ces conditions, le taux de distribution global devait se stabiliser à 50,7%. Pour la branche des Logiciels et Matériels Informatiques, 2011 est une année à oublier. Hormis S2M qui a distribué un dividende exceptionnel de 25 MDH, l'évolution de la rémunération des actionnaires ressort négative, avec -38% par rapport à 2010. Bref, au titre de 2011, dans un contexte économique national et international délicat et dans une place qui évolue fébrilement, sous l'effet combiné d'une panoplie de facteurs nourrissant l'attentisme des investisseurs, les sociétés cotées marocaines ont pratiqué une politique de distribution de dividende moins généreuse.