Le ministre du Transport et de la logistique procédera à l'élaboration d'un projet de loi relatif à l'indexation des prix du transport routier sur ceux des carburants. En contrepartie, les professionnels enterrent la hache de guerre et s'engagent à «nettoyer» le secteur. Après avoir obtenu des subventions pour faire face à la flambée du gazole, les professionnels sont sur le point d'arracher à la tutelle une nouvelle concession. En effet, le ministre du Transport et de la logistique a annoncé, mardi 5 avril, qu'il procédera à l'élaboration d'un projet de loi relatif à l'indexation des prix du transport routier sur ceux des carburants. Il s'agit d'une revendication ancienne qui trouvera enfin sa réponse face à la conjoncture actuelle marquée par une augmentation sans précédent des cours du pétrole à l'échelle internationale et sa répercussion sur les coûts du transport au niveau national. «C'est l'une des principales doléances du secteur. À travers ce principe d'indexation, nous allons assoir la transparence, la quiétude et la sérénité dans les relations contractuelles entre les différentes parties au contrat de transport. Ainsi, les professionnels et la tutelle ne vont plus servir de caisse de résonnance à chaque fois qu'il y a une hausse des prix des carburants», se réjouit Abdelilah Hifdi, président de la Fédération du transport et de la logistique, relevant de la Confédération générale des entreprises du Maroc (FTL-CGEM). À noter cependant que cette indexation n'aura pas d'impact immédiat sur le consommateur. Le transporteur, qui a assisté aux réunions entre le ministre du transport et les représentations professionnelles en vue de recueillir les différents avis sur ledit projet de loi, souligne que l'indexation devrait permettre de corriger une certaine injustice car, selon lui, «l'économie nationale ne paie pas au juste prix la prestation transport». Cette mesure «capitale», qui s'inscrit dans le cadre du processus de réforme lancé par le ministère du Transport en partenariat avec l'ensemble des professionnels concernés, permettra concrètement de neutraliser le poste carburant au niveau du contrat de prestation. Quel que soit le prix du carburant, le prix de la prestation restera le même. Dans le détail, l'indice en question consiste en un mécanisme d'indexation du gasoil sur le prix du transport. Cela veut dire qu'à chaque fois que le prix du gasoil augmente, les professionnels en répercutent la hausse sur celui du transport proportionnellement à l'augmentation subie. Dans le sens inverse, en cas de baisse du prix du gasoil, celui du transport devra être revu en conséquence, comme l'expliquait Rachid Tahri, SG de la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM, dans une précédente édition. Pour ce dernier, ce mécanisme d'indexation est intéressant dans la mesure où il ne coûtera pratiquement rien à l'Etat. Dans plusieurs pays, un tel dispositif est encadré par un texte de loi, ce qui a également été accepté par le gouvernement. L'objectif visé, à travers cette mesure, est d'assurer la transparence et un certain équilibre entre les différentes parties prenantes, en l'occurrence les chargeurs et les transporteurs, dans leur relation contractuelle, tout en régulant les différends éventuels, avait-t-il souligné. Une instance «neutre» sera créée, où il y aura «tout le monde», (transporteurs, chargeurs, commissionnaires... ). Elle aura la charge d'émettre l'indice mensuel sur lequel vont s'appliquer les factures. En contrepartie, les professionnels s'engagent à nettoyer le secteur. Dans sa proposition pour la refonte du secteur du transport, le patronat s'est dit favorable à une révision des règles d'accès à la profession, à savoir les critères d'honorabilité et de capacités, tant professionnelle que financière. «C'est un deuxième segment sur lequel nous sommes en train de travailler. Parce que c'est l'une des mesures importantes à même de contribuer à la professionnalisation du secteur», expliquait Tahri. S'ajoute à cela le maintien de l'activité à travers le contrôle de l'entreprise, la lutte contre le dumping et le respect des normes en vigueur. «On s'est engagé à travailler main dans la main avec le gouvernement, dans le vaste chantier de la structuration de la profession, sur les questions relatives à l'accès au secteur et à tout l'écosystème du contrôle, à l'informel, à la fiscalité carburant...», ajoute Abdelilah Hifdi. Enfin, en marge des réunions de mardi, les professionnels ont évoqué, également, les difficultés rencontrées quant au respect des délais de paiement des échéances de crédits aux organismes financiers. Il a été convenu de programmer une rencontre avec le ministère de l'Economie et des finances, en présence de représentants de ces organismes, laquelle sera consacrée spécifiquement à ce sujet. Le projet de loi qui sera introduit dans le circuit législatif, au plus tôt durant la session du printemps, viendra ainsi compléter le processus de soutien exceptionnel des professionnels du secteur du transport routier, soit environ 180.000 véhicules. Lancé le 10 mars dernier par le gouvernement, suite à la flambée des prix des carburants, ce soutien vise à accompagner les professionnels du secteur, à travers l'atténuation des impacts de la hausse des prix du carburant au niveau national, causé par la hausse continue des prix à l'international. Abdelilah Hifdi Présaident de la Fédération du transport et de la logistique. «C'est l'une des principales doléances du secteur. À travers ce principe d'indexation, nous allons assoir la transparence, la quiétude et la sérénité dans les relations contractuelles entre les différentes parties au contrat de transport. Ainsi, les professionnels et la tutelle ne vont plus servir de caisse de résonnance à chaque fois qu'il y a une hausse des prix des carburants» Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO