«Le bilan social du gouvernement en 2009 est plutôt maigre». La réplique traduit, à elle seule, la lecture de l'action du gouvernement, effectuée par l'Organisation démocratique du travail (ODT) lors d'une journée organisée jeudi à Rabat. «Nous avons choisi de mettre en évidence les principaux indicateurs et paramètres relatifs à l'ensemble des secteurs sociaux et ceci à la lumière de la politique et stratégies suivies par le gouvernement», explique Ali Lotfi, le secrétaire général de l'ODT. Selon la centrale syndicale proche du Parti socialiste, il est difficile de chiffrer le bilan social de l'actuel gouvernement, «puisqu'il manque de beaucoup de transparence et de cohérence». La centrale avance même que certains ministres continuent de communiquer des données et des statistiques non objectives. «Nous voulons tracer une synthèse qui permet de porter un jugement sur les actions gouvernementales durant cette année et de cerner les principaux enjeux et problèmes politiques et socioéconomiques», indique un rapport de l'ODT rendu public jeudi. Des chantiers en berne Dans son bilan, l'ODT critique le chantier des réformes inachevées des secteurs de l'enseignement et de la santé. À titre d'exemple, le syndicat avance que 400.000 enfants sont victimes de la déperdition scolaire. Sur les 100 inscrits au primaire, seulement 14 élèves arrivent au baccalauréat. Dans le secteur de la santé, «seulement 30% des Marocains ont une couverture sociale, 1.500 femmes enceintes meurent chaque année et 1.400 accouchent hors services hospitaliers», fustige la synthèse de la centrale. Pourquoi ces chiffres? Le syndicat de gauche précise que les problèmes restent les mêmes et le gouvernement n'a rien fait pour améliorer les conditions socioéconomiques des masses défavorisées. Pour illustrer cette situation, le syndicat parle de la condition que vivent aujourd'hui les jeunes: une frange qui représente plus de la moitié de la population et qui affiche un important taux de chômage. L'ODT revient aussi sur la hausse des prix des denrées alimentaires, aggravée par la politique du gouvernement sur la concurrence. En fait et comme l'explique l'ODT, cette prolétarisation des classes moyennes aggraverait plus la situation sociale au Maroc. Toutefois, l'ODT n'est pas le seul syndicat à révéler l'échec, même partiel, de l'action du gouvernement. Les autres centrales, aussi bien à l'extrême que d'obédience «progouvernementale», sont prêtes à bousculer un peu plus Abbas El Fassi dans le sens de leurs revendications. Les rounds de dialogue social n'ont enregistré aucun résultat probant... du moins pour les centrales.