Les Marocains ne tiennent pas en place. Selon les résultats de l'étude élaborée dans le cadre du projet «Migration et compétences» de la Fondation européenne pour la formation (ETF), le phénomène migratoire reste très répandu au Maroc. En 2011, la population marocaine migrante s'est élevée à 3,4 millions de personnes. En effet, 42% des personnes interrogées par l'enquête ont déclaré leur intention d'émigrer. Mais l'intérêt de cette étude, va au delà des chiffres sur les "projets de migration" puisqu'elle dessin un portrait-robot de ces marocains qui souhaitent parcourir le monde. Le migrant marocain est majoritairement de sexe masculin (48%) contre 35 % des femmes qui ont indiqué vouloir émigrer. La migration marocaine s'est néanmoins féminisée au cours de ces dernières années, suite notamment au regroupement familial. Les femmes représentent aujourd'hui environ 40% des flux migratoires marocains. Bien que l'intention d'émigrer est plus forte chez les jeunes, le statut marital et le fait d'avoir des enfants sont en «corrélation négative avec le projet d'émigrer», selon l'enquête. L'intention d'émigrer est aussi répandue dans le milieu rural que dans le milieu urbain, sauf à Casablanca et Rabat où l'on a moins souvent l'intention de migrer. Par répartition géographique des départs du Maroc, la région d'Agadir arrive en tête avec 52% des personnes ayant l'intention d'émigrer, suivie de la région de Marrakech (49%). Comme destination probable des migrants potentiels, le continent européen arrive en tête (+70%). Ceci conforte une tradition vieille de plus de cinq décennies et qui s'explique par des raisons économiques, historiques, géographiques et culturelles. Quel que soit le niveau d'études des répondants et leur statut professionnel, la France, l'Espagne et l'Italie restent les destinations préférées des migrants potentiels, selon l'étude. Le projet «Migration et compétences» porte sur une recherche documentaire, des missions d'information, deux enquêtes sur le terrain avec 4.000 personnes interrogées (2.600 migrants potentiels et 1.400 migrants de retour au pays) et l'analyse des données. Notons que cette enquête est la plus grande menée au Maroc jusqu'à aujourd'hui, dans le domaine de la migration et des compétences. Afin d'approfondir la question, l'ETF a été mandatée pour mener une série d'études dans plusieurs pays partenaires de l'Union-européenne, le but étant d'examiner le niveau d'études, les compétences et la situation professionnelle des migrants avant, pendant et après le processus de migration. Des études ont été menées en 2006-2008 dans six pays (Albanie, Egypte, Moldavie, Tadjikistan, Tunisie, Ukraine), puis en 2011-2012 dans trois pays (Arménie, Géorgie, Maroc). Ces pays ont été sélectionnés en étroite consultation avec les services de la Commission européenne, en fonction de l'importance du phénomène migratoire et de son impact. Lire aussi : 42% des Marocains veulent partir" dans l'édition d'aujourd'hui des ECO.