Dans les colonnes de la MAP où elle s'est exprimée, en marge de sa participation à la 26e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-unies sur le changement climatique, qui se tient à Glasgow, en Ecosse, du 1er au 12 novembre, la ministre a été interpellée sur plusieurs questions d'actualité, liées à la participation du Maroc à la grand-messe de lutte contre le changement climatique. Morceaux choisis. La nouvelle ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leïla Benali, a fait sa première sortie médiatique, vendredi dernier. Dans les colonnes de la MAP où elle s'est exprimée, en marge de sa participation à la 26e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-unies sur le changement climatique (CNUCC), qui se tient à Glasgow, en Ecosse, du 1er au 12 novembre, la ministre a été interpellée sur plusieurs questions d'actualité, directement liées à la participation du Maroc à la grand-messe de lutte contre le changement climatique. Répondant à l'une des questions les plus épineuses, notamment celle relative au financement, qui est au centre des négociations de la COP26, Leïla Benali a déclaré qu'«il est important et même critique de déployer de manière rapide et judicieuse les 100 milliards de dollars qui sont en train d'être mobilisés par les pays développés. Ensuite, il s'agira de définir un nouvel objectif de financement après 2025, car il est important de donner de la visibilité et de restaurer la confiance entre les pays développés et ceux en développement». Les pays du Nord doivent tenir leur promesse... En effet, la confiance est pratiquement rompue entre les pays développés et ceux en développement sur le financement. Les 100 milliards de financement annuel promis à partir de 2020 par les pays du Nord aux pays du Sud pour les aider à lutter contre le changement climatique, non seulement n'ont toujours pas été récoltés, mais surtout, ce montant est très inférieur aux besoins réels. Cet engagement, formulé en 2009 à la conférence sur le climat de Copenhague, et censé être tenu à partir de 2020, prolongé jusqu'en 2025 par l'Accord de Paris, n'a toujours pas été atteint jusqu'ici. Selon le dernier bilan publié par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en septembre, en 2019 l'ensemble des aides versées par les pays riches aux pays moins développés n'a atteint que 79,6 milliards de dollars. Par rapport à 2018, ce montant n'a augmenté que de 2% puisque, si les financements publics fournis par les institutions multilatérales ont augmenté, les financements publics bilatéraux et les financements privés ont, eux, baissé. Et malgré l'absence encore de données suffisantes, il semble très improbable que les 20 milliards manquants aient été trouvés en 2020. ...Les parties à la COP doivent fixer au plus vite le prix du carbone Poursuivant son propos sur cette question du financement qui pourrait empoisonner la COP26, Leïla Benali a ensuite ajouté que «sa résorption participera à répondre à un besoin de transparence dans les mécanismes de financement, d'autant que le marché du carbone deviendra, probablement, l'un des plus grands marchés du 21e siècle». En effet, tous les grands marchés mondiaux se préparent activement et progressivement à basculer vers la décarbonation de pans entiers de leurs économies. Par exemple, l'Europe, qui absorbe 65% des exportations du Maroc, a décrété qu'elle veut atteindre le zéro carbone en 2050. Un objectif qu'elle ne pourra pas atteindre seule. C'est pourquoi elle a décidé, à travers son programme Green Deal, d'associer des partenaires au Sud de la Méditerranée pour lui vendre des produits décarbonés. Et parmi ces derniers, le Maroc est l'un des pays les plus favorisés, notamment en raison de la situation géographique privilégiée et de ses acquis dans les énergies renouvelables. ...Pour accélérer la réalisation des CDN En attendant que le prix du carbone soit clairement fixé – c'est l'une des questions sur la table des négociations à la COP26 -, il faut signaler que cette défaillance sur le financement est très impactant sur la mise en œuvre des Contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays en développement. Leurs CDN sont, en effet, constituées d'une partie conditionnelle et d'une partie non-conditionnelle. La réalisation de la partie conditionnelle, souvent la plus imposante, dépend des financements extérieurs. Autant le dire tout de suite, si ces financements sont insuffisants voire inexistants, aucune CDN conditionnelle ne sera exécutée. Et les pays en développement se retrouveront bloqués, or c'est sur eux qu'il faut miser pour l'adaptation, puisqu'ils sont faibles émetteurs de Gaz à effet de serre (GES). Malgré cette défaillance des pays du Nord, les pays du Sud ont quand même pratiquement tous tenu à revoir leurs CDN à la hausse, conformément aux engagements pris à l'Accord de Paris. Interpellée sur cette question des CDN, la ministre a expliqué qu'«effectivement, les parties à l'Accord de Paris sont appelées à réviser, tous les cinq ans, leurs CDN. Le Maroc, reconnu pour son leadership dans ce domaine, a actualisé sa CDN en augmentant son niveau d'ambition par rapport à celui de 2016, dans le cadre d'un large processus de concertation». Tout en rappelant que la CDN du Maroc, alignée sur l'objectif de 1,5°C, a été considérée parmi les plus ambitieuses (ce qui lui a valu de se classer parmi les cinq premières au monde dans le dernier rapport sur l'Indice de performance climatique de 2021 publié par des ONG indépendantes), la ministre a cité les différents secteurs ciblés par la CDN actualisée qui porte sur la baisse de 45,5% (contre 42%) des émissions de GES à l'horizon 2030. Cette baisse sera réalisée grâce à de nouveaux projets dans les secteurs de l'énergie, du transport, de l'habitat, de la gestion des déchets, de l'agriculture et de la foresterie. Ces projets, dont le nombre n'a pas été encore communiqué, s'ajouteront aux 55 précédemment identifiés dans la CDN de 2016. Aziz Diouf / Les Inspirations ECO