Automobile, agroalimentaire, IDE, transferts des MRE, échanges extérieurs…les principaux postes de l'économie retrouvent progressivement des couleurs, à l'exception du tourisme. Si la tutelle a récemment affiché son engagement pour une reprise effective, les opérateurs touristiques, quant à eux, veulent plus de concret. Le secteur, toujours à l'agonie, peine encore à redécoller malgré les efforts des professionnels, en termes de lancement de campagnes et de marketing, et en dépit du soutien de l'Etat aux employeurs. Alors que les arrivées touristiques sont toujours en baisse, les recettes voyages sont dans le rouge avec un chiffre d'affaires de 24.738 MDH à fin septembre 2021 contre 26.347 MDH une année auparavant, en baisse de 1.609 MDH (-6,1%). C'est dans ce contexte difficile et d'incertitude que Fatim-Zahra Ammor, la nouvelle ministre du Tourisme, de l'artisanat et de l'économie sociale et solidaire, a rencontré mardi dernier les opérateurs à Marrakech. La rencontre, qui était très attendue, s'est déroulée en présence du bureau exécutif élargi de la Confédération nationale du Tourisme (CNT), incluant les présidents des Fédérations métiers et les représentants des Conseils régionaux du tourisme, le directeur général de l'Office national marocain du tourisme (ONMT), Adel El Fakir, et le président du directoire de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT), Imad Barrakad. Si peu d'informations ont filtré, à l'issue de cette prise de contact entre la tutelle et les acteurs du secteur, un communiqué du ministère s'est vaguement contenté de l'engagement de Fatima-Zahra Ammor à établir une feuille de route «prenant en compte les doléances des opérateurs privés du secteur et ce, pour relancer l'activité et atténuer les effets de la pandémie de Covid-19». «L'ensemble du gouvernement de Sa Majesté est mobilisé pour limiter l'impact économique de la pandémie sur l'écosystème et accompagner le secteur pour une relance dans les meilleures conditions», a ajouté la même source. Ce qui ne semble guère satisfaire les attentes des professionnels qui espéraient davantage d'autant plus que le secteur vit des jours sombres, depuis l'apparition des premiers cas de covid-19 au Maroc. Si Hamid Bentahar, président de la CNT, a salué jeudi l'engagement de la ministre, il veut plus de concret de la part de la tutelle. «Ces engagements sont très importants sur le long terme», a-t-il dit, tout en émettant le souhait de les voir mis en application. Il a, par ailleurs, dressé la liste des priorités des opérateurs touristiques, parmi lesquelles des mesures sociales pour protéger les emplois et l'écosystème des entreprises touristiques, lesquelles souffrent depuis 20 mois. Bentahar prône, également, la levée des restrictions empêchant les déplacements et l'organisation d'évènements. Des mesures «contraignantes et destructrices» dont le Maroc, champion de la vaccination en Afrique, pouvait pourtant bien se passer. Depuis le début de la campagne de vaccination au Maroc, près de 25 millions de personnes ont été vaccinées avec la première dose alors que le nombre de celles ayant bénéficié de la deuxième injection a déjà dépassé les 22 millions. S'agissant des personnes ayant déjà reçu la troisième dose du rappel, elles frôlent, à ce jour, les 2 millions de vaccinés. Autant dire que le Royaume est aujourd'hui proche de l'immunité collective, très loin devant ses voisins, qui, curieusement, sont plus ouverts que le Royaume. Si la Tunisie a décidé de reporter le 18e Sommet de la Francophonie avec ses 4.000 à 5.000 participants, elle s'est néanmoins offert un Plan de Relance visant, en particulier, les long-séjours et les séniors, clientèle traditionnelle de la moyenne et basse saison, rapportent les médias locaux, expliquant que le pays veut réaffirmer sa présence sur le marché français en poursuivant la communication digitale initiée durant la crise sanitaire. En optant pour un tourisme de masse à bas prix, la Tunisie a vu son secteur touristique reprendre. Une reprise timide certes, et facilitée par la réouverture des frontières, qui a été particulièrement bénéfique pour les villes balnéaires. En 2021, la saison touristique, d'après les statistiques de l'Office tunisien du Tourisme, a connu une augmentation de 11 % du nombre de nuitées. Un chiffre supérieur à celui de 2020 qui avait enregistré une régression de 80%. Quand on sait qu'en Tunisie, sur une population totale de près de 12 millions, seulement 4.552.944 de personnes sont doublement vaccinées contre le coronavirus, depuis le début de la campagne de vaccination qui a démarré le 13 mars, on se demande vraiment pourquoi le Maroc opte encore pour certaines mesures restrictives qui entravent une arrivée massive de touristes dans le pays. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO