C'est une opération de communication peu commune qu'a entrepris Kevin Foley, ministre des Finances d'Australie-Méridionale. Deux pandas sont fraichement arrivés au zoo d'Adélaïde en provenance de Chine. «Ces beaux pandas seront une grande attraction et un atout pour convaincre les Chinois d'investir dans nos ressources et minéraux» commente le ministre. L'enjeu est de taille, car la Chine est sur le point de détrôner le Japon en tant que principal partenaire commercial. Les besoins de l'empire du milieu en ressources énergétiques ont dopé les exportations australiennes de minerais de fer, pour atteindre en valeur 22 milliards de dollars en 2008-2009. Mais, si les officiels australiens se montrent plus que satisfaits des ventes, ils voient par contre d'un mauvais œil les investissements chinois dans les compagnies minières australiennes. En à peine un an et demi, le FIRB (Foreign Investment Review Board), établissement chargé d'approuver les demandes d'investissement étrangers, a reçu 90 propositions d'investissements chinois, pour une valeur dépassant 26 milliards de dollars. L'administration centrale de Canberra a, d'ailleurs, donné son accord en octobre dernier pour le rachat de Felix Ressources par Yanzhou Coal Mining, moyennant 3 milliards de dollars. De même que pour Aquila, dont 15% ont été rachetés par le chinois Baosteel. En revanche, le FIRB s'est opposé au rachat d'Oz Minerals par la compagnie publique chinoise Minmetals, et rejeté l'acquisition de 49% de Lynas par la China Nonferrous Metal Mining. Entre discrimination et espionnage industriel Cette démarche a fait peser des soupçons sur le FIRB, accusé de discrimination envers les entreprises chinoises. Son directeur, Patrick Colmer, s'est défendu tant bien que mal en expliquant que Canberra préférait que les investissements d'entreprises publiques étrangères soient limités à 15 % pour les producteurs majeurs. Mais, c'est l'affaire Rio Tinto qui exacerbé les tensions entre la Chine et l'Australie. En effet, Rio Tinto, groupe anglo-australien avait rejeté une offre de levée de capitaux auprès de Chinalco, le géant public chinois de l'aluminium. La tension avait atteint son paroxysme lors de l'arrestation en Chine d'un responsable de Rio Tinto, Stern Hu, pour espionnage industriel. Toutefois, le président du Conseil des affaires sino-australiennes a cherché à relativiser en signalant que l'Australie comprenait les besoins de la Chine en ressources énergétiques, et a promis d'instaurer des règles plus transparentes en 2010. Côté chinois, le vice-premier ministre chinois, Li Keqiang, a plaidé pour plus d'implication de la part des deux pays: «Nous devrions regarder le tableau complet et nous assurer que nos relations bilatérales atteignent un nouveau niveau, de plus grande profondeur».