La brise de la ville portugaise a rafraîchi les corps mais aussi les esprits, puisqu'Essaouira a accueilli la troisième édition des escales littéraires du Sofitel Mogador Golf & Spa ce samedi 22 décembre. «Rapprocher le monde de la littérature et de l'hôtellerie, puisque l'hôtel n'est plus uniquement un lieu où manger et dormir, c'est devenu un lieu de vie où l'art et la culture doivent avoir leur place», explique Daniel Karbownik, le directeur général de l'hôtel. C'est ainsi qu'après le journaliste et nouvelliste Claude Sérillon qui a écrit sa nouvelle «On» à Essaouira et a inauguré, de ce fait la première escale littéraire, Serge Raffy est venu présenter son œuvre avant de laisser la troisième escale littéraire à l'écrivain marocain : Tahar Benjelloun. Ce rendez-vous né de l'initiative de l'écrivain Catherine Enjoulet au Sofitel Rome, s'est étalé au Sofitel d'Essaouira où la passion des mots s'est liée à la passion du livre. Le livre de ce rendez-vous est celui de Tahar Benjelloun, «Le bonheur conjugal», le dernier roman de l'écrivain. Une soirée animée par Catherine Enjoulet elle-même pour Tahar Benjelloun venu présenter son livre, le tout sous le regard attentif et plein de tendresse d'André Azoulay, légende d'Essaouira et connaisseur de la ville. L'auteur marocain venu faire «son escale» littéraire dans la ville de l'inspiration n'y était pas revenu depuis 30 ans. «Avec cette ambiance de plage et de piscine, on pourrait le croire en vacances mais il n'en est rien, l'auteur est toujours avec ses papiers et ses stylos», commence l'animatrice-écrivain qui présente l'œuvre de l'artiste avant de résumer l'ouvrage de Tahar Benjelloun, qu'il est venu partager avec un public d'artistes, de mélomanes, d'âmes littéraires ou de passionnés tout simplement. L'histoire qui se passe à Casablanca raconte la vie d'un peintre devenu paraplégique. Ce dernier est obligé de faire face au blocage physique dont il souffre, mais surtout au blocage relationnel qu'il vit avec son épouse. Le roman est une sorte de journal intime des deux parties, dont les versions et les visions sont totalement différentes. Ce roman qui n'est pas du tout une science-fiction mais une «science-friction», comme se plaît à la nommer l'écrivain, a mis trois ans à voir le jour car il a nécessité beaucoup de travail. «Je ne savais pas où j'allais, je ne savais pas si j'allais faire deux parties. La plume ne suit pas, la plume, il faut la tenir. J'ai une idée, mais je ne sais pas comment la finir. Comme l'architecte qui construit une maison, un écrivain construit une histoire», intervient Tahar Benjelloun. Sous le regard bienveillant d'André Azoulay qui parle de l'écrivain comme «celui qui a appris le Maroc aux autres», l'escale littéraire est une pause dans le temps artistique, un échange entre des amoureux de la ville et de la culture et de passionnés tout court. Salué pour la fresque littéraire qu'il a produit, Tahar Benjelloun raconte l'histoire de ses personnages, leur naissance, comment ils sont construits et d'où ils sont inspirés. Généralement avec l'entourage ou l'observation, l'écrivain puise son inspiration dans la société marocaine qui représente pour lui un laboratoire social. Il touche, il panse des blessures, celles de ceux qui se retrouvent dans son histoire puisque, plusieurs interventions de l'audience présente iront dans ce sens. «Ce n'est pas un livre sur la défaite conjugale», rassure l'artiste. «Il s'agit d'un cas parmi d'autres». Ainsi, Tahar Benjelloun nous livre un roman sur le regard de l'autre, le regard du conjoint, sur «comment vivre ensemble dans un pays où on apprend à vivre ensemble seulement depuis ces dernières années ?». Certains chercheront un remède miracle au «Bonheur conjugal» dans ce roman même si l'écrivain semble avoir trouvé le bonheur tout court à Essaouira, ville qui deviendra peut-être sa «muse» en emmenant sa plume vers un imaginaire et les mystères de la «ville romanesque qui ne laisse indifférent personne». Retrouver l'interview dans l'édition de demain