L'escale littéraire se poursuit au Sofitel Essaouira Mogador. Le 7 septembre, ce fut au tour de Serge Raffy d'y faire halte. Ce grand reporter tour à tour rédacteur en chef de Elle et du Nouvel Observateur y a partagé sa passion des mots. Catherine Enjolet, André Azoulay et Serge Raffy, vendredi à l'hôtel Sofitel Essaouira Mogador. Essaouira, la bien dessinée, l'ancienne Mogador, terre aux mystères insondables qui a accueillit au fil de son histoire nombre de civilisations, flibustiers, apatrides, poursuit le lien du multiculturalisme et de l'échange. Le 7 septembre, l'hôtel Sofitel Essaouira Mogador a présenté, l'escale littéraire, rencontre dédiée au rayonnement de la culture sous le thème de l'inspiration de la ville lors d'un passage au Sofitel : imprégnation, découverte, échange. L'auteur invité Serge Raffy succède en effet à son confrère Claude Sérillon, reçu au printemps dernier. Nul doute que Raffy, le voyageur à l'âme profondément espagnole, pétri de curiosité, ait succombé au charme d'Essaouira, posée sur l'Atlantique et tournée vers l'Amérique. L'art, c'est le hasard, aime à rappeler Serge Raffy, écrivain dans « La piste andalouse », roman au souffle populaire, fiévreux, méditerranéen. À la quête d'un romanesque dans le réel Cette fois, Raffy s'accorde à reconnaître, « qu'il n'y a pas de hasard ». « Les itinéraires amoureux commencent toujours par des malentendus », assène-t-il, lors des premières minutes de sa prise de parole. « Je venais souvent en reportage au Maroc et en Français arrogant, je me détournais d'Essaouira, l'associant à une carte postale. C'est par amitié pour André (André Azoulay, ndlr) que je suis venu. En ayant sillonné ses rues aujourd'hui, et alors que je suis en train de mener une enquête au Qatar sur le marché de l'art, je me rends compte que le rayonnement culturel d'un pays est aussi une arme ; que sa force ne se résume pas à son nombre de missiles. Pour écrire sur un lieu, le journaliste ne peut pas se contenter de vacuité, cela requiert du temps, capter l'âme de cet endroit. Et j'ai également souhaité savoir ce qui a fasciné en leur temps, Borges ou Garcia Marquez, conquis par Essaouira », souligne-t-il. Cet échange le porte ensuite à se délier sur son grand œuvre, la biographie consacrée à Fidel Castro, « Castro, l'infidèle » (2003, Fayard). Désormais stigmate de l'écrit, dont on ne dissocie plus l'auteur de son ouvrage. ADN journalistique indélébile : Raffy a disséqué Castro, Castro a hanté Raffy. « C'est une biographie qui m'a demandé quatre ans de travail et finalement, 800 pages sur Castro. Ce fut une épreuve physique, intellectuelle, c'est toujours l'aspect romanesque qui m'intéresse : il faut énormément fouiller et chercher l'information pour parvenir à trouver du romanesque dans le réel », précise Serge Raffy. Une ville du monde… Il est 20h passée et les esprits suivent avec attention les discours sur Essaouira, qui fusent, tour à tour, prononcés par André Azoulay, Catherine Enjolet, romancière, à l'origine du projet d'escale littéraire au Sofitel d'Essaouira et Raffy. Souiris, journalistes, amis de la ville sont réunis au sein de l'espace « bibliothèque » de l'hôtel, qui a des allures d'agora inédite. Patron et salariés du Sofitel, Marocains, expatriés sont rassemblés autour de cette rencontre : il n'y a plus de frontières, l'émulation prévaut. A l'heure de la montée des extrémismes aux quatre du monde, André Azoulay aime à rappeler le syncrétisme et l'esprit propre à Essaouira au cours de son héritage : si des lieux ont divisé les communautés, Essaouira incarne la rencontre contemporaine de l'Islam et du judaïsme. Déjà, quelques heures auparavant, Daniel Karbowinik, directeur général du Sofitel Essaouira confiait, « Je suis du monde ». Originaire du Pas-de-Calais, région du Nord de la France, après avoir vécu plus de huit ans au Maroc, travaillé sur cinq continents, maître d'œuvre de l'ouverture de plusieurs hôtels, notamment à Marrakech, il rentre au Maroc, alors à Paris, pour l'ouverture des portes du Sofitel à Essaouira, qui a permis la création de 300 emplois pour les Souiris. On retient enfin de cette escale littéraire, la richesse et la joie à échanger, l'élan du mieux vivre ensemble et évidemment l'essor d'Essaouira à travers le bien-être de ses habitants. Si le rendez-vous des escales littéraires est encore jeune, la population souirie l'est aussi. Une politique culturelle liée à cet évènement et à la jeunesse serait des plus louables. Pourquoi ne pas faire découvrir les romans de l'un des auteurs en présence ? Pour l'amour de la littérature. Bibliographie de Serge Raffy 2011 (Fayard) « François Hollande, itinéraire secret ». 2009 (Fayard) « La femme interdite ». 2005 (Calmann-Lévy) « La piste andalouse ». 2003 (Fayard) « Castro, l'infidèle ».