Grand reporter, rédacteur en chef de Elle et du Nouvel Observateur, auteur de romans à succès, Serge Raffy, est un esprit libre. Il fera halte à l'escale littéraire qui s'inscrit dans la politique d'animation du Sofitel, carrefour d'échanges et de rencontres les 7 et 8 septembre. Serge Raffy est un faiseur d'histoires et de faits. Grand reporter, le goût des autres et la passion du journalisme bouillonnent dans ses veines, dans un flot interrompu, battant tel le pouls brûlant des capitales d'Amérique latine, qu'il affectionne particulièrement et dont il assure souvent la couverture. Romancier, journaliste et scénariste, Serge Raffy a publié en 2009 « La Femme interdite » chez Fayard. Journaliste de renom, tour à tour rédacteur en chef de Elle, puis du Nouvel Observateur, où il est en charge des pages Notre Epoque, rubrique à forte densité sociétale, rien d'étonnant à ce que l'homme chair, surgisse en lui, laissant place à l'écrivain, prêt à disséquer les failles insondables de la psychologie humaine. Biographe, il s'inspire de la réalité accrue et livre un portrait saisissant de Castro, « Castro, l'infidèle » (2003, Fayard), Serge Raffy confiera lors d'une interview télévisée, « Castro n'a pas seulement confisqué les droits des Cubains, il est devenu le gardien de leurs âmes ». Belle vigueur des « romans-monde » On l'imagine aisément, auteur énigmatique, professeur atypique, personnage en marge nous embarquant dans un film américain des années 70, au plus fort de la contre-culture. S'il n'a pas encore signé un roman sur le scandale du Watergate et le choc de la population américaine, suite à la découverte des atrocités de la guerre du Vietnam, sa dernière fiction, « La femme interdite » (2009, Fayard), révèle une inclination toujours tournée vers les sujets d'actualité : ce roman se situe en partie, dans les Balkans, zone qui renaît de ses cendres après la partition de l'ex-Yougoslavie, puisque sa population a vécu une décennie noire, profondément marquée par des conflits armés. Qui mieux que Serge Raffy, pouvait écrire une histoire sur fond d'enquête policière, de guerre du XXe siècle, de liaisons dangereuses ? Porté par le souci de ne pas occulter le destin de son personnage féminin, Lila, profondément marquée par le traumatisme du conflit des Balkans, Raffy n'en n'oublie pas moins, sur le plan thématique, les dégâts de la guerre sur les corps et les esprits constituant un thème majeur à travers « La femme interdite »: son héroïne est muette. Au choc des corps, meurtris par la violence, seuls, les mots, amis, ennemis, des lettres, correspondance inattendue entre Lila et Georges, autre figure centrale, éclairent ce roman à fleur de vérité, renouant avec la tradition épistolaire. Difficile de ne pas succomber au souffle romanesque, populaire, extravagant, distillé par Raffy, l'écrivain. Déjà, « La piste andalouse » (2005, Calmann-Lévy), retraçait les liens d'amour et de mort de la sensuelle et volcanique Clara et du rêveur éternel, Dimitri, à coups de suspens et d'affaire incroyable d'espionnage. Il flotte un parfum de meurtre et de poésie au fil de ce récit qui navigue entre les méandres du bruit et des spectres de la vie. On y sent la passion de l'auteur pour l'Espagne, « Il avait un sourire tombé de la lune. Une expression qu'elle n'avait jamais vue sur le visage d'un homme. Un mélange de bienveillance chaleureuse et d'ennui. A quel personnage de Goya ressemblait-il ? A l'infant de don Luis (...) ». « Je me suis débrouillé tout seul » Poète, Raffy y sème notamment certains de ses poèmes, que l'on retrouve dans le recueil « Lignes de fuite » (1999, Pauvert). Fidèle, son ami, Enki Bilal, a d'ailleurs eu la générosité d'en signer les illustrations, le résultat offre une radiographie troublante de l'âme humaine. La femme interdite La force de ces oeuvres au noir, douloureuses, intimes, tient à la caractéristique de ses personnages, proches de nous, à la fois fragiles et fort. « Clara est une fille de la campagne. Elle en est fière. Elle ne manque pas une occasion de parler de ses parents, fermiers dans le Tarn-et-Garonne, des gens simples, honnêtes, droits, qui vivent au rythme des saisons et qui lu ont appris à aimer la nature » («La piste andalouse»). Peut-être est-ce à travers les contours de ce personnage, une forme d'hommage rendu au grand-père de Serge Raffy, « Vous savez, mon grand-père était berger. Je me suis débrouillé tout seul, personne ne m'a aidé », me confia-t-il, lors d'un entretien où je le rencontre pour la première fois, lui proposant un sujet d'enquête, pour la rubrique Notre Epoque, poursuivant, « moi aussi, j'ai des origines du Sud». «Marhaba», donc, à Serge Raffy, qui nous parlera de son dernier opus, « François Hollande : itinéraire secret », (2011, Fayard), de ses vies multiples de journaliste, d'écrivain et de scénariste, les 7 et 8 septembre au Sofitel Essaouira Mogador. À quand un roman sur fond d'expulsion de Roms, d'hommes politiques vieillissants et autoritaires, échouant dans le « milieu », louvoyant avec les barons du grand banditisme, passés de mode à droite comme à gauche, de jeunes loups, irrévérencieux, pétris d'ambition aux prises avec les papes apathiques de la presse ? Nul doute qu'il s'agira de l'épopée… d'un roman français. * Tweet * *