C'est sous le sceau magnifié de «partenariat d'exception» que le Maroc accueillera, à partir de ce mercredi à Casablanca et demain à Rabat, les activités entrant dans le cadre de l'édition 2012 de la rencontre de haut niveau Maroc-France. Pour sa 11e édition, la tenue de ces rencontres, initiées en 1996 sous l'ère Hassan II, a pour objectif principal de donner le top départ d'une nouvelle impulsion dans les relations profondément historiques et hautement stratégiques du Maroc et de la France. La présence du chef de gouvernement français, Jean Marc Ayrault, à la tête d'une importante délégation ministérielle, aux côtés de son homologue marocain Abdelilah Benkirane et au-delà des traditionnels aspects protocolaires, illustre la portée symbolique de l'évènement, décrypté par delà les frontières des deux pays. Si ce n'est pas la première fois que se déroulent des rencontres officielles au plus haut niveau et au plus haut sommet de l'Etat, la présente rencontre marque le couronnement de la réussite d'un partenariat qui transcende la simple coopération bilatérale entre deux nations. Celles-ci ont eu par le passé à partager la même histoire, et c'est cette dernière qui est aujourd'hui appelée à connaître un nouveau souffle à la faveur des enjeux géopolitiques actuels et des défis socioéconomiques des deux pays. C'est là, d'ailleurs, que se décline l'empreinte spécifique de la présente rencontre qui intervient l'année où au Maroc un gouvernement islamiste est arrivé au pouvoir et où en France s'affirme le retour de la gauche. Ces changements majeurs, au-delà des interprétations premières qu'ils ont soulevées au tout début, n'ont fait qu'entériner ce qui désormais relève de l'évidence et que l'actuel ambassadeur de France au Maroc, Charles Fries a su brillamment traduire. «Il y a comme un consensus au sein de la classe politique française sur le Maroc», a tout dernièrement affirmé le diplomate français, comme pour lever toute équivoque. Ce propos prend d'ailleurs toute sa valeur avec ce témoin privilégié des relations entre les deux pays, puisqu'il était sous le régime français précédent, Conseiller diplomatique de François Fillon, l'ancien premier ministre de droite. Partenariat d'exception L'assurance donnée de part et d'autre sur la solidité du partenariat privilégié maroco-français n'est pas fortuite si l'on tient compte du contexte régional marqué par une rivalité légendaire avec certains voisins et au niveau duquel tout geste qui ne s'inscrit pas dans la tradition donnait lieu à des interprétations assez souvent à la limite tendancieuse. Il en a été ainsi de l'arrivée de François Hollande au pouvoir. C'est conscient de ce fait que l'actuel président français, dont le tropisme algérien a été amplifié principalement par les médias, a tenu à réaffirmer, dès le début de son mandat, la particularité des liens qui existent entre le Maroc et la France. La preuve a été symboliquement donnée à l'occasion du premier entretien réservé par Hollande à Mohammed VI, le 24 mai dernier, soit dix jours après son investiture. À la veille de son déplacement en Algérie, le président Hollande s'est également entretenu avec le souverain pour réaffirmer au plus haut niveau la portée de la relation qui unit les deux peuples. L'occasion aussi pour Hollande, attendu au début de 2013 au royaume, de témoigner de l'intérêt qu'il accorde à la tenue de la rencontre de haut-niveau entre les deux gouvernements. S'appuyant sur la dynamique des échanges politiques entre les responsables des deux pays, l'ambassadeur français confirme «qu'on ne peut avoir de meilleur symbole pour illustrer la part singulière et privilégiée que le Maroc représente pour la France et dans le cœur des Français». Il n'y a en effet pas plus que les chiffres et les indicateurs économiques pour illustrer la légitimité de l'alliance stratégique Maroc-France. D'ailleurs, ajoute Charles Fries, «le rapprochement entre Paris et Alger ne se fera pas au détriment du Maroc, pays avec lequel nous avons une relation sans équivalent dans la région». Il est vrai qu'au moment où on parle de rééquilibrage des relations entre la France et l'Algérie, pour le Maroc, l'heure est plus propice à impulser un nouveau souffle au partenariat bilatéral entre les deux pays. C'est pour donner acte aux prospectives qu'inaugurent les perspectives de coopération se profilant, que la priorité a été donnée au renforcement de la coopération économique, dénominateur commun à la prise en charge des défis respectifs des deux pays. Pour ce faire, la France, principal allié stratégique du Maroc dans les domaines politiques et économiques, s'est engagée à accompagner le royaume dans sa nouvelle ère de consolidation démocratique et de développement socio-économique. C'est en ce sens que la France s'est engagée à continuer de jouer le premier avocat du Maroc à l'international sur les dossiers de souveraineté, notamment l'initiative d'autonomie, mais aussi dans d'autres domaines comme les négociations entrant dans le cadre d'un nouveau statut avancé complet. Ce qui, assurément, concourra à asseoir les jalons de la dynamique vers laquelle s'inscrit l'ambition conjuguée des deux pays. Perspectives d'avenir À l'heure où la recherche de partenaires stratégiques est devenue une nécessité pour tous les pays du monde afin de faire face aux défis des mutations géopolitiques et socioéconomiques actuelles, la réaffirmation du partenariat d'exception entre le Maroc et la France s'annonce donc comme une aubaine entre les deux pays. «Nous sommes convaincus qu'il y a une singularité, une spécificité marocaine, si on compare le royaume aux autres pays de la région», avait déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, en soutien aux réformes politiques et économiques engagées par le Maroc ces dernières années. Autrement dit, l'alliance stratégique du Maroc est amplement méritée. Il convient d'ailleurs de faire remarquer que les deux pays partagent à bien des égards la même vision sur plusieurs sujets majeurs de l'actualité internationale. Le partenariat entre ces deux pays qui s'est fortifié à l'épreuve du temps et des faits, inaugure désormais de nouvelles perspectives. Il s'agit d'un partenariat gagnant-gagnant dont la plus grande manifestation se lit au travers des mécanismes et des orientations mis en œuvre pour sa concrétisation. Cette approche se caractérise particulièrement par son pragmatisme puisqu'elle donne la primauté aux leviers de croissance destinés à chacun des deux pays afin de faire face aux défis qui sont les leurs. C'est la lecture première qui se dégage de l'intérêt accordé au développement économique. Autrement dit, aller au-delà des mots. Après la politique, place au business et aux affaires.