Fini les restrictions ou presque! Un nouveau cap sera franchi ce mercredi, les Français pouvant désormais renouer avec certains plaisirs de la vie, après de longs mois de privation aux lourdes conséquences économiques, sociales et psychologiques. La stratégie de "go and stop" à base de confinements et déconfinements successifs adoptée par les autorités françaises dans sa guerre contre la pandémie de la Covid-19 a fini par faire sombrer l'économie, saper le moral des Français, notamment les plus jeunes, et couper les liens sociaux qui font le socle d'une vie normale. D'après une étude de Santé publique France, selon des chiffres de février dernier, 22,7% des Français présentaient un état de dépression, tandis que l'anxiété touchait 22% de la population et deux Français sur trois souffraient de troubles du sommeil. Mais au fur et à mesure de la décrue de la pandémie et la montée en puissance de la campagne vaccinale, les autorités ont décidé d'alléger les restrictions permettant aux populations de renouer avec des pratiques sociales, culturelles et économiques presque oubliées. Ainsi, la France franchit ce mercredi l'avant dernière phase de sa stratégie de déconfinement, en allégeant davantage les restrictions imposées pour freiner la circulation du virus. A partir de ce 9 juin, les Français retrouveront plus de liberté après le passage du couvre-feu à 23 heures au lieu de 21 heures et pourront désormais se retrouver à nouveau à l'intérieur des restaurants et des cafés. Avec cette nouvelle bouffée d'oxygène, il sera possible également d'accueillir jusqu'à 5.000 personnes dans les lieux de culture, les établissements sportifs, les salons ou encore les foires d'exposition avec un pass sanitaire. Les salles de sport pourront ouvrir à nouveau et la pratique sportive sera élargie aux disciplines de contact en plein air et aux sports sans contact en intérieur. Le passage à ce nouveau palier de la stratégie de déconfinement s'explique tout particulièrement par une amélioration nette des indicateurs épidémiques, enclenchée depuis plusieurs semaines avec les chiffres des nouvelles contaminations, d'admissions à l'hôpital et dans les unités de soins intensifs en constante décrue au même titre que le nombre des décès. Cette ouverture tient aussi aux chiffres prometteurs de la campagne de vaccination dans le pays où la moitié des adultes ont reçu une première dose et où presque 30 millions de personnes ont pu bénéficier au moins d'une injection du sérum anti-Covid. Après avoir ouvert la vaccination à toute la population majeure, les autorités sanitaires ont élargi le vaccin aux adolescents de 12 à 18 ans à partir du 15 juin dans la perspective d'assurer l'immunité collective le plus tôt possible. Fortement critiqué à cause des débuts timides de sa campagne vaccinale, le gouvernement est sur le point d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé, à savoir atteindre les trente millions de primo-vaccinés à la mi-juin, à la faveur d'une forte mobilisation des services sanitaires, des praticiens de santé, de l'armée et des pompiers et de la réception de plus en plus de doses en quantités suffisantes. L'Exécutif français a également décidé d'ouvrir les frontières aux touristes étrangers, notamment ceux disposant d'un pass sanitaire, dans la perspective de relancer un secteur névralgique pour l'économie hexagonale et qui figure parmi les plus impactés par la crise économique due à la pandémie, en dépit des aides colossales débloquées par l'Etat. Cette ouverture est aussi dictée par la concurrence farouche de certaines destinations voisines. Mais face à l'euphorie d'un retour imminent à la normale, le gouvernement appelle toutefois à la prudence et à ne pas baisser la garde dans un pays où la crise sanitaire a fait plus de 110.000 morts, et poussé l'Exécutif à dépenser généreusement et à s'endetter afin d'honorer la promesse "quoi qu'il en coûte" faite par le président Emmanuel Macron au début de la pandémie, pour un coût de l'ordre de pas moins de 424 milliards d'euros entre 2020 et 2022. Dans le même contexte, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, instance chargée d'éclairer la décision publique pour lutter contre la pandémie de Covid-19 en France, a dit, mardi, craindre que le variant indien, désormais appelé Delta, ne devienne majoritaire dans l'Hexagone, à l'image de la situation au Royaume-Uni et prédit « une reprise en septembre ou en octobre ». Il a évoqué une éventuelle reprise, mais elle sera "très différente des premières vagues". Ce nouveau palier étant franchi et si la situation sanitaire continue de s'améliorer, les autorités devront pour la dernière étape du déconfinement, qui interviendra le 30 juin, mettre fin au couvre-feu et supprimer les limites de jauge dans les établissements recevant du public. Les Français auront également la possibilité, dès lors que la situation sanitaire le permet, de participer à tout événement rassemblant plus de 1.000 personnes en extérieur et en intérieur avec un pass sanitaire. Pour tourner cette page sombre, les Français sont appelés à ne pas relâcher la vigilance face à un virus qui ne cesse de muter afin d'éviter le scénario intervenu à la sortie de l'été dernier, et qui a donné lieu à une nouvelle vague épidémique plus virulente et plus mortelle.