Fini les critères d'âge ou d'état de santé: à partir de lundi, toute la population majeure de France sera éligible à la vaccination contre le Covid-19, étape cruciale pour éviter un rebond de l'épidémie alors que les restrictions s'allègent peu à peu. Les 18-49 ans étaient officiellement la dernière catégorie à pouvoir intégrer sans conditions la campagne de vaccination, qui s'est élargie par paliers depuis son démarrage fin décembre. A ce stade, 25 315 595 personnes ont reçu au moins une injection (soit 37,8% de la population totale et 48,2% de la population majeure), et 10 742 886 personnes ont reçu deux injections (soit 16% de la population totale et 20,5% de la population majeure). Les candidats doivent néanmoins s'armer de patience: les réservations, qui ont démarré il y a quatre jours, arrivent de manière «progressive» sur les plateformes internet spécialisées, selon le ministre de la Santé Olivier Véran. De nouveaux créneaux de rendez-vous seront mis en ligne «chaque jour», a-t-il précisé. Doctolib, principale plate-forme de réservation, s'attend à une forte affluence mais a prévenu qu'elle ne pourrait pas répondre à toutes les demandes de patients, au regard du «nombre encore limité de doses de vaccins, notamment Pfizer et Moderna». «28 millions de personnes adultes sont éligibles à la vaccination et non vaccinées à date pour en moyenne 500 000 rendez-vous disponibles chaque jour», a ajouté la plateforme de réservation. Vacciner le plus largement possible est un enjeu majeur pour éviter une reprise de l'épidémie dans les semaines et les mois à venir, et ce alors que la situation continue de s'améliorer. Le nombre de malades hospitalisés a continué sa décrue dimanche, celui des patients dans les services de réanimation passant sous la barre des 3.000, selon les données de Santé Publique France. Au total, 16 775 malades du Covid étaient hospitalisés dimanche en France (dont 199 admis au cours des dernières 24 heures), contre 16 847 la veille. Il faut cette fois remonter à fin octobre, en pleine ascension de la deuxième vague, pour retrouver un nombre aussi bas. Malgré cette dynamique de baisse, le chiffre de 10 000 nouveaux cas quotidiens de contaminations «n'est pas suffisant» pour écarter le spectre d'une quatrième vague, estime Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur. «Quinze jours cruciaux» «Ce que les scénarios nous montrent, c'est que si la décrue se poursuit jusqu'au 9 juin, prochaine étape de la levée des restrictions, nous passerons un été tranquille», explique le Pr Fontanet, membre du conseil scientifique, qui guide le gouvernement. Pour ça, «les quinze jours à venir seront cruciaux», prévient-il, appelant les Français à ne pas relâcher les gestes barrière, surtout à l'intérieur où le risque de contamination est plus élevé. Quant au port du masque en extérieur, avec l'arrivée des beaux jours, «la crainte est que beaucoup de non-vaccinés en profitent» pour le «tomber eux aussi», relève l'épidémiologiste, alors que certaines villes ont déjà annoncé un allègement, voire une levée de l'obligation de se masquer. Plus optimiste, le Pr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et de santé publique au CHU de Bordeaux (sud-ouest), anticipe dans le journal Le Parisien que l'on pourra enlever le masque « à partir de début juin », dans certains endroits peu denses, «si la dynamique positive se confirme». Et à condition de continuer à appliquer les autres gestes barrière: désinfection des mains, distanciation... surtout pour les non-vaccinés. L'objectif du gouvernement, de 30 millions de primo-vaccinés d'ici au 15 juin, paraît tenable. La suite est en revanche plus incertaine, et les autorités sanitaires veulent absolument éviter que la vaccination ne plafonne cet été à un niveau insuffisant. Le mot d'ordre est donc d'aller chercher tous ceux qui ont droit à la vaccination. Autre levier de taille: la vaccination prochaine des adolescents, qui permettrait d'accélérer la protection collective de la population.