Décidément, les passages du chef de gouvernement à la deuxième Chambre se suivent et se ressemblent. Ordre du jour presque jamais respecté, cacophonie et débordements, retrait de groupes parlementaires en guise de protestation... tous les ingrédients de la séance provoc'. Cependant, cette fois-ci, le sujet programmé était plus que sensible, puisqu'il s'agissait de la sécurité alimentaire et du soutien aux agriculteurs. Et pourtant ! La séance n'a pas dérogé à la règle. L'opposition a joué la provocation, le chef de gouvernement s'est emporté et la suite, tout le monde la connaît. Résultat : les guéguerres politiciennes sont en passe de prendre les intérêts du pays en otage. Il est temps que cette aberration de la deuxième Chambre soit corrigée et que nos élus et ministres fassent preuve de responsabilité et de «lucidité», faute de quoi, la représentation nationale sera décrédibilisée pour de bon. Le débat est important en démocratie, à condition qu'il soit constructif et qu'il serve l'intérêt de la nation et non pas celui de l'ego et des calculs politiciens. À ce rythme, les différents chantiers lancés pour l'application de la nouvelle Constitution et les orientations majeures qui en émanent auront du mal à aboutir. Et dire que dans son discours d'ouverture de la session parlementaire actuelle, le Souverain avait insisté sur le degré de responsabilité dont doivent faire preuve les élus de la nation, dans les débats sous la coupole, faisant référence aux dérapages qui avaient marqué les échanges lors de la session de printemps. Ce n'est pas de cette manière que le Maroc réussira le pari de réconcilier les citoyens avec la politique, dans l'espoir d'améliorer significativement le taux de participation aux prochaines élections.