C'est ce lundi que prennent fin les travaux de la première session parlementaire ordinaire de l'année au sein de la première Chambre. Après quatre mois d'intenses travaux et comme le dispose la Constitution, les députés vont enfin pouvoir souffler, surtout que le marathon parlementaire avait débuté depuis le début de l'année, rythmée par une session extraordinaire consacrée au vote de la loi de finances pour l'année en cours. Ainsi, les membres de la première Chambre consacreront leur dernière journée de travail au deuxième passage du chef de l'Exécutif devant les parlementaires sur les politiques publiques de son gouvernement. C'est dans la soirée que le président de l'institution, Karim Ghellab, procédera à la clôture des travaux, occasion au cours de laquelle sera dressé un premier bilan de la session qui se termine. À ce niveau, force est de reconnaître que les députés ont vécu une session des plus intenses, qui présage de bons augures pour le renforcement du travail parlementaire. Sur l'aspect rendement, d'abord, plusieurs lois de haute importance ont été adoptées durant la session ordinaire, dont les travaux ont débuté en mars dernier. C'est aussi le même constat qui s'impose relativement à la mise en œuvre des nouvelles prérogatives du Parlement en matière de contrôle de l'action gouvernementale. Entre le passage, pour la première fois du chef du gouvernement devant les députés et les différentes interpellations des ministres, les débats sous la coupole ont été des plus houleux, entraînant parfois des polémiques politiques qui ont mis à mal la bonne entente qui caractérisait jusque-là les travaux. Cela a été l'occasion, également, pour l'opinion de découvrir de nouveaux visages, qui n'ont cessé d'animer les débats sous la coupole. Sur ces deux aspects, qui constituent l'essentiel des attributions parlementaires, la Chambre s'est relativement bien inscrite dans l'esprit de la Constitution du 1er Juillet 2011. La convocation de plusieurs responsables d'entreprises publiques et les missions de contrôle effectuées au niveau de certains offices s'inscrivent sur la liste des changements constatés au niveau du travail législatif, même si beaucoup reste encore à faire, surtout au vu des vieux reflexes du passé, qui s'invitent parfois dans l'hémicycle. La preuve, la tentative du président de la Chambre des représentants de sanctionner financièrement les députés absentéistes s'est heurtée au rejet de plusieurs groupes parlementaires, qui ont émis des réserves sur la pertinence d'une telle réglementation. Il faut dire qu'au niveau de la coupole, les avis restent assez partagés sur les principales questions l'actualité nationale et par rapport à l'organisation du travail parlementaire et des relations avec le gouvernement. C'est d'ailleurs la principale critique que ne cessent de formuler les principaux groupes parlementaires, notamment de l'opposition, par rapport au travail gouvernemental : le manque de concertation avec toutes les composantes du Parlement, conformément aux nouvelles prérogatives dont jouit désormais l'opposition parlementaire. La prochaine session parlementaire est prévue pour le mois d'octobre. Elle promet d'être intense aussi, au vu des propositions et textes de lois qui atterriront bientôt au Parlement. Si, constitutionnellement, la session d'octobre est réservée à l'examen de la loi de finances pour l'année suivante, il va sans dire que les dossiers en attente au niveau du secrétariat général du gouvernement présagent une rentrée chargée pour les parlementaires. Beaucoup, d'ailleurs, parmi les députés, tant de la majorité que de l'opposition, n'écartent pas l'éventualité d'une ou de plusieurs sessions extraordinaires, au vu des annonces faites par le gouvernement par rapport aux textes déjà dans le circuit d'adoption. La session budgétaire de cette année, très attendue par le monde des affaires et les investisseurs, risque encore une fois d'être prise en otage par la poursuite des réformes politiques engagées depuis plus d'un an. Le gouvernement a, à ce niveau, accusé un sérieux retard. Le message du souverain, en sa qualité de chef de l'Etat et qui a été prononcé à l'occasion de la dernière fête du trône, a en tout cas rappelé les axes majeurs de la feuille de route sur laquelle devrait s'orienter l'action du gouvernement pour maintenir la dynamique des réformes. Régionalisation, élections locales ou mise en place des institutions constitutionnelles, la tâche reste colossale pour le gouvernement et pour le Parlement. Les enjeux sont énormes, tant pour le gouvernement que pour les partis politiques et annoncent de chaudes empoignades sous la coupole. Le gouvernement a d'ailleurs pris les devant et compte présenter aux parlementaires son agenda législatif avant la prochaine rentrée. Cela apportera, enfin, une grande visibilité sur les réelles intentions du gouvernement. Comme plat d'entrée, la première année de la législature constitue un véritable test pour le gouvernement. Le plat de résistance risque de s'avérer plus compliqué à gérer, le délai de grâce étant largement dépassé, l'heure de rendre des comptes étant déjà entamée, avec le premier bilan présenté par certains membres du gouvernement. Les prochaines séances d'évaluation des politiques publiques seront plus consacrées au bilan des responsables gouvernementaux qu'à leur programme de mandat. La session d'octobre prochain sera, en tout cas, la première qui sera inaugurée par le souverain pour le Parlement dans sa nouvelle mouture, née des élections du 25 novembre dernier. L'acte est ymbolique mais significatif pour les députés, qui s'inspireront de la nouvelle feuille de route royale.