L'Agence nationale de réglementation des télécommunications se penche sur la question de la mutualisation et le développement des infrastructures du Très haut débit au Maroc. Des synergies, importantes à développer, sont en jeu. La Covid-19 accentue le rôle stratégique des infrastructures du Très haut débit (THD). En même temps, elle met en évidence leur résilience et importance, ainsi que le besoin croissant pour cette technologie. Selon les statistiques de l'ANRT, arrêtées à fin décembre 2020, la bande passante Internet internationale, le trafic data et fixe ont explosé. La bande passante Internet internationale a enregistré une hausse annuelle de 27,26%, atteignant 2.507 GB. Les trafics data et fixe ont suivi la même tendance. Dans le mobile, le régulateur du secteur des télécoms enregistre une hausse de 155% pour dépasser 8 millions de Go. Quant au fixe, il grimpe de 56% par rapport à 2019, atteignant 13,23 millions de Go. Rappelons que la technologie ADSL est communément nommée le «Haut débit» et ce, dès 512 Ko/s. On qualifie de «Très haut débit» les technologies permettant des débits supérieurs à ceux de l'ADSL. En général, il s'agit de connexions câble ou fibre optique donnant accès à des débits allant de 30 Mbit/s à 1 Gbit/s (1 000 Mbit/s), de très loin plus confortables que l'ADSL dont le parc atteint à peine 1,6 million à fin décembre 2020. Il est toutefois à déplorer que 55,33% des accès ADSL au Maroc ont un débit inférieur ou égal à 4 MB/s, ce qui est insuffisant et à la limite de l'inconfortable dans le contexte actuel de crise sanitaire où Internet prend de plus en plus de place dans notre quotidien (télétravail, visioconférence, réservation en ligne...). Au Maroc, l'Internet mobile représente 93,84% du total des accès au haut débit. Ce qui fait des opérateurs mobiles les principaux moteurs de l'inclusion numérique. Dans le détail, le parc Internet enregistre une hausse annuelle de 17,4%, totalisant plus de 29,80 millions d'abonnés. Ceci porte le taux de pénétration d'Internet à 82,9%. Les statistiques d'intérêt au Maroc sont principalement tirées par l'Internet mobile, notamment la 4G qui enregistre une hausse annuelle de 30,34% pour totaliser plus de 20,49 millions de connectés à fin décembre 2020. En dépit de ce qui précède, des synergies sont à développer en termes d'investissement, de co-investissement et de partage des infrastructures sur le très haut débit (THD). La question est tellement stratégique que l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) vient d'organiser, en partenariat avec la Banque mondiale et la Société financière internationale, un atelier sur «la mutualisation et le développement des infrastructures du très haut débit au Maroc». Ce webinaire a vu la participation d'environ 80 personnes et s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Note d'orientations générales pour le développement du secteur des télécommunications à horizon 2023 (NOG-2023). Cette Note a prévu plusieurs leviers visant notamment à renforcer la concurrence à travers une régulation adaptée aux enjeux de développement du secteur et mettre en œuvre des modèles de mutualisation des infrastructures THD existantes et futures. D'ailleurs, Jesko Hentschel, directeur du Département Maghreb et Malte de la Banque mondiale, a salué la mise en place, début 2020, de cette nouvelle Note d'orientations générales ainsi que les efforts déployés pendant la pandémie de la Covid-19 par l'ANRT et plusieurs acteurs publics et privés du secteur des télécommunications et du digital pour contribuer à la gestion de l'impact de cette crise. L'atelier, qui a contribué à enrichir le débat et les échanges entre les acteurs nationaux sur le très haut débit (THD), a permis de sensibiliser l'ensemble des acteurs potentiels du secteur sur les enjeux liés au développement du très haut débit et à la mutualisation des infrastructures. Il s'agissait aussi de faire un tour d'horizon des approches mises en place dans différents pays, notamment un réseau d'Initiative Privé en France, le retour d'expérience du National Broadband Network en Irlande. L'objectif étant de favoriser la mutualisation, en présentant les meilleures pratiques et comprendre les prérequis nécessaires ayant conduit à leurs succès. Les enjeux des THD (fixe et mobile) ont été étudiés en prenant connaissance de différents exemples de co-financement d'infrastructures de télécommunications. Outre les opérateurs nationaux globaux des télécommunications qui déploient leur stratégie de développement du THD, d'autres acteurs nationaux (ONCF, ONEE, LYDEC, ...) ont pris part à l'atelier pour présenter leurs visions par rapport à leurs rôles potentiels en tant qu'exploitants d'infrastructures alternatives dans le développement du THD au Maroc. Par ailleurs, des projets ont été présentés et cités en tant qu'expériences réussies de mutualisation en faveur du développement des infrastructures haut débit. Il s'agit, entre autres, du «National Broadband Network» en Irlande, «Rural Network Project» en Croatie ainsi que d'autres initiatives en relation avec les tower ou fiber Co. Ces projets montrent que la combinaison des efforts de différents acteurs, en termes d'investissement, de co-investissement et de partage des infrastructures, est un levier essentiel pour enclencher une dynamique de développement du THD et l'accélérer. En effet, les investissements qui devraient être consentis pour accélérer le développement du THD (tant fixe que mobile) et assurer une couverture et une qualité de service satisfaisantes sont jugés importants. Modeste Kouamé / Les Inspirations Eco