Tout comme le ramadan précédent, le mois sacré de cette année sera marqué par un couvre-feu nocturne de 20h à 6h. Dommage pour les noctambules! Les déplacements nocturnes seront interdits durant le ramadan, au-delà de 20h. Cette décision, prise par le gouvernement mercredi 7 avril, vise à prémunir la population contre la propagation du virus. L'interdiction des déplacements nocturnes à l'échelle nationale couvre donc la tranche horaire de de 20h00 à 06h00 et prend effet à compter du 1er jour du ramadan, sauf pour les cas exceptionnels, avec le maintien des différentes mesures préventives annoncées précédemment, comme souligné dans un communiqué de l'exécutif. La même source précise que cette décision intervient sur la base des recommandations de la Commission scientifique et technique au sujet de la nécessité de poursuivre la mise en œuvre des mesures nécessaires visant à lutter contre la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19), essentiellement avec l'apparition de nouveaux variants dans le pays. Elle s'inscrit également dans le cadre du renforcement des mesures de précaution prises pour préserver la santé des citoyennes et des citoyens, tient compte de la forte mobilité qui caractérise le tissu social marocain pendant le ramadan et émane du souci que ce mois béni se déroule dans des conditions de santé appropriées, à la mesure de sa grande symbolique religieuse, selon ledit communiqué. «Frapper fort et vite» Pour le gouvernement, la décision n'a pas été facile à prendre d'autant plus qu'il fallait trancher entre tuer l'économie ou casser la courbe des contaminations. Dès lors, le couvre-feu semble être un bon compromis. En tout cas, pour le docteur Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé, c'est «une sage décision» que vient de prendre l'Exécutif. «Il fallait interdire les activités nocturnes et les facteurs de contamination de la Covid-19», explique-t-il, soulignant que la décision du gouvernement repose sur des chiffres réels du terrain qui montrent une tendance à la hausse de la propagation du virus. En effet, ces derniers jours, les contaminations ont bondi de 20% alors que le variant britannique, présent dans 7 régions, continue de se répandre dans le royaume, au point d'inquiéter certains spécialistes. Maintenant, poursuit le président du Syndicat national de médecine générale (SNMG), il reste à voir si les mesures prises seront efficaces. «Si dans les jours à venir, on constate que les activités économiques et sociales contribuent davantage à la propagation du virus, on ira vers des mesures plus restrictives», alerte celui qui occupe également la fonction de vice-président de la Fédération nationale de la santé (FNS). «Ce qui se passe en Europe nous apprend qu'avec les variants, il faut agir très vite et frapper très fort, sinon, la convalescence risque d'être très longue», indique le médecin qui «ne veut pas d'une troisième vague». Sauf que cette mesure prise par le gouvernement aura un impact considérable sur les propriétaires des restaurants et des cafés et sur leurs salariés. Ces derniers avaient d'ailleurs alerté sur un tel scénario, eux qui comptaient sur le mois sacré pour se refaire une petite santé, après des mois de galère. Rappelons que les restaurants et cafés ont subi de lourdes pertes financières en 2020. Plus de 30% d'entre eux n'ont pas rouvert après le confinement et ont enregistré des pertes d'emploi à hauteur de 10%. «Certaines entreprises ont perdu plus de 60% de leur chiffre d'affaires», déplorait, il n'y a encore pas longtemps, le coordinateur national de la Confédération marocaine des métiers de bouche, Mohamed Abdelfadel, avant d'appeler le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour soulager les professionnels dans la tourmente: «La situation est tellement grave qu'une intervention de l'Etat est nécessaire pour sauver ce qui peut être sauvé», avait-il supplié. Le gouvernement, quant à lui, incite «tout un chacun à continuer les efforts consentis, veiller à prendre toutes les précautions nécessaires et à respecter les mesures prises, dans le but de préserver les importants acquis accomplis par le Maroc dans la lutte contre cette pandémie». Khadim Mbaye / Les Inspirations Eco