Elus et observateurs se sont réveillés avec la gueule de bois au lendemain de l'adoption du projet de Budget 2013 à la Chambre des représentants. Si le débat en soi n'a pas apporté de grandes surprises, le nombre de propositions d'amendements représente un record historique. Sans vouloir jouer les rabat-joie, cela renseigne de manière claire et nette sur le fait que le projet de loi de finances proposé était en deçà des attentes, de l'opposition mais aussi de la majorité, puisque cette dernière a aussi été prolixe en propositions d'amendements (nous ne sommes pas à une aberration près !). C'est à se demander si la loi de finances adoptée jusque là appartient toujours à l'équipe Benkirane. On serait tenté de saluer l'aspect «participatif» du débat au Parlement, mais ce serait vraiment se voiler la face. Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est que sous la pression de la donne conjoncturelle et de l'impératif d'austérité, les initiateurs du PLF se sont concentrés sur un seul objectif, celui de préserver les équilibres financiers, perdant parfois de vue la cohérence entre les différentes mesures proposées. Un projet de loi de finances, et celui là en particulier, va au delà des simples calculs mathématiques des recettes et des dépenses. C'est la traduction du projet économique et social d'un gouvernement et donc d'un pays. À cette aune, le constat d'échec de l'équipe Benkirane est flagrant. Si l'opposition a été prolifique en termes de propositions d'amendements dans cette première phase, ses commentaires et critiques annoncent la couleur, pour la suite des événements. Puisque la deuxième Chambre est toujours là et que l'opposition y est toujours majoritaire, il faut donc s'attendre à ce que le débat soit plus virulent dans la deuxième partie de l'adoption du Budget. À ce moment là, c'est le gouvernement qui risque d'avoir la gueule de bois, d'autant plus qu'un autre débat, à caractère constitutionnel cette fois, risque de fragiliser davantage la légitimité de cette Chambre anachronique et avec elle de tout le processus participatif vanté par l'Exécutif.