Alors que la pandémie de la Covid-19 continue de faire ravage à travers le monde, l'industrie pharmaceutique indienne s'est imposée en force et a pu maintenir des chaînes d'approvisionnement même durant la période de confinement. Les médicaments génériques, les Ingrédients pharmaceutiques actifs (API), les masques de protection et les dispositifs médicaux, sont autant de produits mis sur la liste des exportations indiennes vers plus de 150 pays. Un véritable leadership mondial qui maintient ainsi l'image du pays en tant que «Pharmacie du monde». Selon des statistiques officielles, l'Inde contribue à hauteur de 60% à la production mondiale de vaccins et fournit plus de 43% des médicaments génériques utilisés dans le monde. Mais, Quid de la production et la distribution des vaccins ? Au moment où les campagnes de vaccination s'enchaînent à travers le monde, plusieurs pays ont jeté leur dévolu pour l'approvisionnent en vaccins sur l'Inde qui a déjà lancé une méga-campagne de vaccination de ses 1,3 milliard d'habitants. En fait, le géant asiatique a récemment autorisé pour «une utilisation d'urgence» deux vaccins, l'Oxford-AstraZeneca, produit par le Serum Institue of India (SII), sous le nom de Covishield, et le Covaxin, développé localement par la société indienne Bharat Biotech. Comme c'était le cas pour le fameux Hydroxychloroquine, l'Inde a affirmé à maintes reprises son intention d'exporter les vaccins Covid19 tout en assurant ses besoins intérieurs. Fière de son industrie pharmaceutique très développée et de son réseau titanesque de quelque 3.000 sociétés pharmaceutiques et 10.500 unités de fabrication, la troisième économie de l'Asie jouera à coup sûr un rôle clé dans la distribution des vaccins dans le monde. Alors que des sociétés indiennes comme Bharat Biotech, Zydus et Genova œuvrent d'arrache-pied pour assurer la production de vaccins 100% indiens, d'autres entreprises nationales collaborent avec des entreprises mondiales telles que le SII avec AstraZeneca, Biological E avec Johnson & Johnson et le Dr Reddy's Laboratories avec Spoutnik V. Outre le SII, la société indienne Bharat Biotech, l'un des premiers laboratoires à développer des vaccins contre les maladies virales comme Chikungunya et Zika, entend également commercialiser son Covaxin. Bien qu'approuvé «en urgence» par les autorités indiennes, le Covaxin a fait couler beaucoup d'encre chez les milieux scientifiques, notamment préoccupés par le manque de données sur ses essais cliniques. Des inquiétudes dissipées par le directeur de Bharat Biotech, Krishna Ella, qui a affirmé que «notre travail n'était pas inférieur à celui de Pfizer». Dominé à 95% par les médicaments génériques, le secteur pharmaceutique indien est susceptible de passer à une industrie de 65 milliards de dollars d'ici à 2024 puis à 120 milliards de dollars à l'horizon 2030. «C'est le moment le plus opportun pour investir dans ce secteur en Inde», estime le ministre indien des Produits chimiques, Sadananda Gowdale qui a noté que le segment des dispositifs médicaux a le potentiel de croître de 28% par an pour atteindre 50 milliards de dollars d'ici à 2025. Un appel à l'investissement qui s'explique en grande partie par les efforts de la troisième économie de l'Asie visant à relancer une économie en berne qui a enregistré une contraction record de 23,9% au premier trimestre de l'exercice en cours, avant que le repli du PIB ne se rétrécisse à 7,5% au deuxième trimestre. L'Inde mène depuis des années une «diplomatie du médicament», mais elle a dû reconnaître qu'elle dépendait, elle-aussi, de la Chine, l'autre géant du médicament générique pour s'approvisionner en API. En fait, l'Inde achète 70% de ses matières premières pharmaceutiques auprès de la Chine. Une dépendance qui inquiète plusieurs parties en Inde ayant déjà commencé à explorer les moyens à même d'assurer la production en masse des API en Inde. Sami Nemi avec MAP / Les Inspirations Eco