La tension monte au niveau des frontières terrestres et maritimes entre le Maroc et l'Espagne. Les secours maritimes espagnols ne savent plus où donner de la tête, tellement les tentatives de traversée à bord d'embarcations de fortune se sont multipliées durant les derniers jours. L'une de ces tentatives a tourné au drame humain lorsqu'une barque a fait naufrage, emportant avec elle une cinquantaine de vies, selon les dires de 14 rescapés. Aussitôt, la tragédie a été relayée par les médias espagnols qui n'ont pas hésité à blâmer le Maroc, car le service de secours maritime ibérique a pu repêcher les cadavres de 14 migrants seulement, alors que les autres corps n'ont pas pu être récupérés. De fait, chacune des parties, marocaine et espagnole, prétendait que les cadavres se trouvaient dans ses eaux territoriales. L'Espagne, acerbement critiquée pour avoir arrêté les recherches avant de repêcher les cadavres, a fait porter le chapeau au Maroc. Les autorités espagnoles ont fait savoir que le Maroc n'a sollicité aucune aide pour initier des recherches et, de facto, les secours ne peuvent pas s'aventurer dans les eaux marocaines. La polémique a délié la langue du président du gouvernement andalou, le socialiste José Antonio Grinan. Celui-ci a accusé le Maroc d'abandonner ces corps, en n'initiant aucune recherche en vue de leur récupération. Dans un meeting, le président andalou en a voulu au gouvernement marocain après avoir prétendu que ces eaux sont siennes quand le sujet est en relation avec le dossier de la pêche. Certes, le Maroc «est un gouvernement ami et nous avons de bonnes relations avec lui», a-t-il indiqué, mais il a assuré que cette polémique des cadavres est exaspérante. Plusieurs associations de défense des droits des migrants ont appelé à des manifestations silencieuses, le 29 octobre, pour dénoncer une tragédie qui aurait pu être évitée. Sur la frontière grillagée ou par voie maritime, les tentatives d'immigration irrégulière se sont multipliées. Dimanche dernier, le secours maritime espagnol passait au peigne fin la zone du détroit à la recherche de six autres embarcations ayant quitté les côtes marocaines en direction de l'Espagne. Malgré la gravité de la situation économique, les migrants irréguliers ne lâchent pas prise et continuent de débarquer sur le sol espagnol. À cela s'ajoute cet incident survenu samedi dernier au poste-frontière entre Mélilia et le Maroc, quand les agents espagnols ont fermé le poste durant deux heures pour empêcher le passage d'un groupe de Marocains pour des raisons de sécurité, s'est justifiée la police espagnole. La fermeture du passage a poussé le groupe à échanger des jets de pierre avec les agents espagnols. Le délégué du gouvernement de Mélilia, Abdelmalik El Barkani, a qualifié cet acte d'intolérable et d'inacceptable et a appelé les autorités marocaines à refuser le passage des «délinquants».