C'est par le Koweït que le roi Mohammed VI a bouclé, mardi dernier, la série de visites qu'il a entamée, il y a une semaine, au Moyen-Orient, principalement dans les pays du Golfe. Durant sept jours, le souverain, qui était accompagné d'une importante délégation, composée de conseillers royaux et de plusieurs membres du gouvernement, s'est successivement rendu en Arabie Saoudite, en Jordanie, au Qatar, aux Emirats arabes unis et au Koweït. Cela a constitué l'occasion pour le roi Mohammed VI d'inaugurer un nouveau chapitre dans le registre des relations historiques et stratégiques qui lient le Maroc à ces pays. L'importance du périple royal a été amplifiée par la donne actuelle du dialogue et de la nouvelle dynamique de coopération qu'entend mener le Maroc avec les pays du Golfe, conformément au partenariat stratégique scellé en 2011 entre le Maroc et les Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). L'offensive diplomatique qui a été, à tous points de vue, un franc succès, au vu de l'accueil qui a été réservé à la délégation royale et des sujets qui ont été à l'agenda des différentes étapes, a permis de jeter les jalons d'un partenariat renforcé qu'offrent les perspectives de coopération préalablement définies par les deux parties. Il s'agissait pour le Maroc de traduire en actes concrets sa volonté réaffirmée de renforcer sa coopération avec les pays frères du Golfe, à la place d'une adhésion pour laquelle il avait reçu une invitation il y a quelques années. C'est, en tout cas, ce que laissent transparaître les retombées de la tournée royale, lesquelles, même si elles s'inscrivent dans le temps, constituent une réelle opportunité pour le développement. La tournée royale a, en effet, permis de mesurer l'audience du Maroc au sein de ces pays arabes, dans un contexte de reconfiguration géopolitique mondiale. Dans le même temps, l'intérêt que portent ces pays au Maroc, tant pour sa stabilité politique que pour les opportunités qu'offrent son économie, ont donné à la visite royale un cachet particulier. C'est d'ailleurs l'un des points qui a le plus assuré à la tournée royale un impact certain au niveau interne. Lors de chaque étape, en marge des concertations politiques, le Maroc a mené une importante offensive de diplomatie économique à l'endroit des investisseurs arabes qui disposent, actuellement, du plus grand potentiel mondial en matière d'Investissements directs étrangers (IDE). Intérêts économiques convergents Les discussions menées entre la délégation marocaine et les parties saoudienne, qatarie, émiratie ou koweïtie, sur les mécanismes de renforcement de coopération économique ont illustré l'image du Maroc auprès des investisseurs arabes. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Maroc constitue une cible prioritaire pour les Etats et hommes d'affaires des différents pays visités, qui ont à toutes les occasions manifesté leur intérêt pour investir au Maroc. Les multiples atouts dont ne cesse de se prévaloir le royaume, notamment une stabilité politique confirmée, un positionnement géographique stratégique et une économie émergente recelant divers relais de croissance, ont porté leurs fruits. Décelant la volonté manifeste d'investir au Maroc, la délégation marocaine en a profité pour faire la promotion de plusieurs programmes à forte valeur ajoutée pour le pays et disposant d'un potentiel de développement certain pour les investisseurs. Dans la valise marocaine, des secteurs qui nécessitent des investissements colossaux et qui constituent le véritable levier pour l'émergence visée à l'horizon 2020, ont été présentés aux investisseurs arabes : agriculture, éducation, santé, industrie, infrastructures, tourisme, marchés financiers ou énergies renouvelables. Il faut dire que depuis fort longtemps, le Maroc constituait une destination de choix pour les IDE arabes, comme en témoignent la hausse substantielle des IDE en direction du Maroc ces dernières années. Dans la nouvelle configuration du partenariat stratégique entre le Maroc et les pays du Golfe, il s'agit de les porter à une nouvelle dynamique qui refléte réellement le niveau de l'entente qui prévaut entre les deux parties. D'ailleurs, le contexte international actuel, tant sur le plan économique que politique, s'y prête favorablement. La crise économique mondiale, dont les répercussions n'ont épargné aucune région du monde, conjuguée aux conséquences socioéconomiques et politiques des évènements liés au «printemps arabe» ont, en effet, accentué les défis pour tous les pays, sans exception. Cela a du coup intensifié la convergence d'intérêt entre le Maroc et ses partenaires arabes. À un moment où chaque pays est à la recherche de nouveaux débouchés et de partenaires commerciaux solides, le Maroc a su donc se positionner comme un allié de choix pour les Etats arabes en quête de terre d'investissement. La preuve, les pays membres du Golfe se sont engagés à appuyer le Maroc dans le cadre de la mise en œuvre de ses projets de financement pour un montant estimé à plus de 5 milliards USD sur la période 2012-2016, sans oublier les appuis financiers par pays. Garantie royale Il faut dire que depuis que l'économie nationale a commencé à montrer des signes de récession face à la conjugaison des effets néfastes de la crise économique européenne, son principal partenaire, l'orientation vers les pays du Golfe s'est imposée comme une option stratégique pour notre économie. Toutefois, jusque-là, les retombées n'ont pas été vraiment à la hauteur du potentiel que peut tirer le Maroc du renforcement de ses relations avec les pays du Golfe. C'est en ce sens que la tournée royale s'interprète également comme une sorte de garantie offerte aux investisseurs arabes, eu égard aux multiples bonnes notes attribuées au royaume par ses partenaires. Il va sans dire que la visite royale a eu, également, un effet diplomatique certain, puisque dans le sillage du nouveau rôle qu'entend jouer le Maroc dans la géopolitique internationale, le renforcement de nos relations avec des pays aux spécificités communes à plusieurs aspects, constitue un préalable. Du reste, l'occasion a été bonne pour jauger le «leadership marocain», légitimé par la dernière expérience, à tous points de vue exceptionnelle, menée par le Maroc dans le tourbillon des soulèvements populaires qui ont marqué le contexte sociopolitique de toute la région. En somme, il s'agit d'un rôle à la taille du «Nouveau Maroc», qui n'aura de véritable sens que s'il se traduit, au niveau national, par un développement conséquent des conditions de vie des citoyens. C'est en ce sens que le fait de combiner offensive diplomatique et promotion économique, a donné à la tournée royale, un aspect assez particulier. La délégation marocaine a, en effet, démontré toute la force d'un peuple et la réussite d'un modèle de construction démocratique et sociale authentique, lequel au delà des difficultés, a fait ses preuves. En somme, pour résumer en quelques mots : le Maroc dont nous rêvons est possible !